Congrès de Marseille 2002 – Ateliers 3, 4 et 5

Atelier 3 “Rénover l’ONU”

 

 Rapport : Annie Frison

40 personnes, discussion très riche, apport de Roland Weyl

Ce résumé ne répond pas à l’ensemble des idées débattues, mais à la partie du projet d’orientation consacré à l’ONU (points 50 à 53).

Nous préconisons :

– que chacun(e) ait à sa disposition la charte des Nations Unies et puisse la diffuser,

– une aide à cette lecture de la charte apportée par l’association Internationale des Juristes Démocrates (AIJD),

– que chaque comité soit abonné aux publications de IDRP (Institut de Documentation et de Recherche sur la Paix),

– des livres ABC des Nations Unies, Mondialiser la paix d’Arielle Denis,

– site de l’ONU sur Internet

– consacrer un numéro spécial de Combat pour la Paix sur l’ONU

– des débats (avec possibilité d’inviter des juristes),

– faire connaître, apprendre à l’école, la charte des Nations Unies.

 

Nous avons besoin de ces connaissances pour intervenir et répondre à ceux et celles, nombreux en France, qui pensent que l’ONU ne sert à rien ou qui associent ” guerre ” à l’ONU.

Projet d’orientation du Mouvement de la Paix sur la partie de l’ONU, partie jugée satisfaisante.

 

Point 50 : ” Nous les peuples “

Ces premiers mots de préambule furent à la base de la discussion et la phrase suivante sur l’inefficacité de l’ONU correspond au sentiment majoritaire.

 

Point 51 : ” L’ONU a véritablement besoin d’être rénovée “

Cette formulation est à revoir ou à mieux préciser, puisque la seconde phrase nomme ce qui est à rénover ” le Conseil de Sécurité “, puisqu’il donne des privilèges aux 5 grandes puissances nucléaires qui fonctionnent avec une logique contraire à celle du préambule et des principes de la charte.

L’idéal serait de modifier la composition du Conseil de Sécurité et son fonctionnement mais les articles 108 et 109 de la charte (accord des 2/3 des membres de l’assemblée générale et des membres permanents) en rendent la modification presque impossible… s’il n’y a pas la volonté de nous, les peuples.

Mais il est possible de créer une commission permanente de prévention des conflits et de bons offices comme cela est dit dans le projet d’orientation.

 

Point 52 : remplacer le terme américain par étasunien

100% à l’ONU dans la résolution des conflits, d’où notre action pour reprendre, redonner vie à la charte.

 

Point 53 : 1ère phrase est une référence

à la volonté du Secrétaire général des NU de donner depuis une dizaine d’année une représentation plus importante aux ONG (Pékin en 95, Durban en 2001, Johannesburg en 2002)
mais cela suffit-il ?

Nous disons non et pensons que le Mouvement de la Paix a une responsabilité pour que
les ONG, la société civile s’emparent des résolutions adoptées par les gouvernements et les fassent effectivement appliquer par les gouvernements. Ainsi pour la mise en application de la Culture de la Paix par nos élus à tous les niveaux.

 

2ème phrase montre l’imbrication entre le champ de la paix et les autres champs de la vie humaine (santé, éducation, droits humains… tous ces domaines que l’ONU chercher à investir, et pour lesquels elle travaille sans médiation).

Les trois institutions Banque Mondiale, Fonds Monétaire International, Organisation Mondiale du Commerce sont à mettre sous l’autorité des Nations Unies par la réforme de leurs statuts, ce qui serait possible car ils ne dépendent pas de la charte d’où, là encore, la volonté de ” Nous les peuples “.

 

Autres sujets discutés :

 

– moyens financiers de l’ONU : faire payer tous les pays adhérents et médiatiser les ressources très insuffisantes (à peine 1 dollar par habitant par an !) soit moins de 6 milliards de dollars par an à comparer avec les dépenses mondiales d’armement 800 milliards de dollars par an,

– reprendre une proposition des ONG au Forum du Millénaire des Nations Unies ” créer 1 prix de la paix qui récompenserait chaque année les jeunes qui se seraient distingués dans ce domaine “,

– aider à la promotion des femmes comme le préconisent les Nations Unies

– Casques bleus – insister sur la prévention.

 

 


Atelier 4 ” Eduquer à la culture
de la paix “

 

Dany Allaire

Cet atelier a réuni 75 participants ce qui, pour nous, témoigne de l’intérêt du sujet pour nos adhérents et animateurs présents au congrès.

Après un rappel des définitions de la culture de la paix données par l’ONU, à savoir :

– une culture de la convivialité et du partage fondée sur les principes de liberté, de justice et de démocratie, de tolérance et de solidarité,

– une culture qui rejette la violence, s’attache à prévenir les conflits et à résoudre les problèmes par la voie du dialogue et de la négociation,

– une culture qui assure à tous le plein exercice de tous les droits et les moyens de participer pleinement au développement endogène de la société.

 

Nous avons relu les 8 domaines d’action re- précisés par l’ONU pour la décennie 2001/2010 qui sont :

– le renforcement d’une culture de la paix pour l’éducation

– la promotion d’un développement durable sur les plans économique et social,

– la promotion du respect de tous les droits de l’homme,

– les mesures visant à assurer l’égalité entre les femmes et les hommes,

– les mesures visant à favoriser la participation à la vie démocratique

– les mesures visant à développer la compréhension, la tolérance et la solidarité

– les mesures visant à soutenir la communication participative et la libre circulation de l’information et des connaissances,

– les mesures visant à promouvoir la paix et la sécurité internationales.

 

Suite à cela, il y a eu une trentaine d’intervention qui ont abordé les points que nous allons rouvrir ;

 

La culture de la paix est-ce une utopie ?

 

Peut-être mais on a besoin d’utopies de ce genre, car elles font avancer le monde et sont les réalités de demain. Il a été abordé la nécessité d’ouvrir très largement nos débats, activités et actions aux autres associations, organisations parce que la paix se fera avec tout le monde, et donc la cultiver sous toutes ses formes pour la rendre accessible à tous. Il a été réaffirmé qu’elle ne concerne, d’ailleurs, pas que les enfants mais aussi les adultes, donc toutes les générations et à tous les niveaux sociaux.

 

Il a été dit à plusieurs reprises que, parfois, l’éducation à la culture de paix était difficile dans des quartiers eux-mêmes difficiles. En effet, on a des idées mais les appliquer n’est pas toujours
simple. C’est pourquoi il est apparu intéressant de recenser, de collecter les diverses initiatives, y compris celles qui ne sont pas initialiser et ne dépendent du Mouvement de la Paix pour se donner des idées et, cela, afin d’être plus fort, plus convaincant dans les actions à venir. Le constat a été fait qu’il est, parfois, difficile de concrétiser les actions sur le terrain.

Ouverture nécessaire car la culture de paix passe par le dialogue, l’écoute.

A partir de là, nous avons abordé le besoin de travailler sur la formation des citoyens et des formateurs (UIFM, formations adultes, formations des travailleurs sociaux, syndicats …) d’où la nécessité de rencontrer l’Education nationale pour que le mot culture de paix passe dans les programmes, que dans les programmes scolaires, où est abordée la religion, il y soit aussi aborder l’athéisme.

Il a été fait aussi allusion au besoin de formation en interne au Mouvement de la Paix. Il nous faut imaginer l’avenir ensemble. Aider chacun à prendre position par une démocratie participative et donc penser, dès maintenant, à la construction du 21 septembre 2003.

Dans le même cadre, il a été proposé d’utiliser la symbolique 2004 et des jeux olympiques à Athènes, avec l’idée de demander une trêve durant les jeux.

Il a été fait allusion à l’utilisation des ressources locales (exemple mémorial de Caen) pour des initiatives sur la culture de paix. Mais il y a aussi un fort besoin de constituer un répertoire de jeux (coopératifs, bibliographie… traitant du sujet).

Dans les outils à utiliser pour ouvrir un débat sur la culture de paix, il y a une exposition sur Durban que l’on peut se procurer facilement et pas très chère.

Pour continuer à développer ce sujet, il a été émis le souhait de la mise en place d’une commission autour de la culture de paix dans les instances du Mouvement après le congrès.

A l’heure de Florence et de la lutte contre la mondialisation capitaliste, faisons passer la mondialisation des peuples par la culture de paix.

 

 

 

 

Atelier 5 “Prévenir les conflits et réduire les militarisations”

 

La conception militaire de la sécurité demeure un échec. Aucune armada, aucune alliance militaire, aucune arme nucléaire ne viendra dissuader un groupe de terroristes décidés à mourir en tuant le maximum de personnes.

Les guerres sont inutiles car elles n’engagent pas le monde sur les voies de la lutte contre la pauvreté, ni sur celle de la démocratie et du développement ; alors que ce sont ces questions qui écarteront les terroristes, les intégristes, les nationalistes et les mafias si elles sont résolues. Le néo-libéralisme, les intégrismes et les nationalismes se nourrissent des mêmes sources que sont l’individualisme, la peur et le rejet des autres.

De la guerre dite juste en 1991 dans le Golfe, à la guerre préventive qu’annonce George Bush, en passant par la guerre dite humanitaire en 1999 au Kosovo, c’est à chaque fois un gâchis humain et aucune des questions ne sont résolues. Les guerres ne permettent pas de réguler les conflits. En Somalie, les populations vivent toujours dans la misère, en Afghanistan les trafics de drogues sont au même niveau de production à peine un an après la fin du conflit, en Europe du sud-est,
la crise économique et sociale permet encore la poursuite des méfaits du nationalisme dans des Balkans où l’épuration ethnique est entérinée.

Le débat qui a suivi a démontré que seule les recherches d’actions de solidarité et de culture de la paix permettront de sortir de ces impasses qui ont causé de douloureuses souffrances dans les populations civiles. Nous ne devons pas nous contenter de “courir d’une guerre à l’autre”.

De même, faudrait-il associer beaucoup que nous le faisons les causes économiques et sociales aux risques de conflits dans notre quartier à notre planète. Certains ont salué le rapprochement
que le Mouvement de la Paix a avec des mouvements alter mondialistes tels que ATTAC. La question Paix – Développement – Démocratie est au cœoeur des enjeux d’aujourd’hui. La place que prend l’idée pacifiste dans des rassemblements comme le Forum Social Européen de Florence,
cette semaine ou celui de Porto Alegre en sont une illustration.

Reste pourtant en débat la nécessaire démilitarisation, y compris des esprits tout en donnant des moyens, y compris en armes pour les forces de l’Organisation des Nations unies afin qu’elles aient une meilleure efficacité pour rétablir et maintenir la paix. Si certains ont préconisé
de s’en tenir aux principes de la Charte, relatant l’impossibilité de modifier les structures sans l’accord des membres du conseil permanent, d’autres ont rappelé que rien n’est figé dès lors que
l’opinion publique internationale fait pression et que c’est aussi de notre responsabilité de pacifistes.

Nous devons intervenir là où sont les responsabilités du désarmement comme dans notre pays, l’un des principaux fournisseurs d’armes et détenteur de l’arme atomique. Ne perdons pas de vue ces quelques chiffres : 90 % des armes vendus en Afrique le sont par les membres du G8, les mêmes qui donnent des leçons de morale et de paix alors que nous manquons cruellement de moyens pour l’accès à l’eau, à une alimentation normale, à la santé et à l’éducation.

Quoi qu’il en soit, la prévention des conflits n’est pas une utopie mais une nécessité plus efficace, quand on met cela en rapport avec ce que vivent les victimes civiles des génocides et autres crimes de guerre.

La question de l’enseignement de l’histoire et de l’éducation à la paix est posée mais aussi en se libérant parfois de celles qu’imposent des Etats quand ils ne sont pas démocratiques.

La logique sécuritaire qui se déploie dans les pays occidentaux porte également en elle des risques qui vont fragiliser la paix sociale alors qu’il devient important de relancer le dialogue entre les cultures et que l’usage de la violence comme de la peur sont des fondements de cette culture de la guerre. Nous avons à cet égard, un devoir de mieux informer, de mieux relater les expériences qui se font à travers le monde d’éducation et de culture de la paix pour répondre à un besoin fondamental de perspectives pour vivre ensemble.

La séance de travail s’est terminé sur une note poétique d’une amie pacifiste à partir du texte de Raymond Devos ” Faites l’amour, pas la guerre “.

Quant à moi, je conclurai par cette phrase venue d’ailleurs : ” Si tu rêves seul, ce n’est qu’un rêve, si nous rêvons ensemble, cela peut devenir réalité “.

Patrick Simon

Animateur de l’atelier.

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