un film de Seiji Arihara – D’après un concept de Miho Shimma-Cibot
« L’Oiseau Bonheur », film d’animation réalisé par Seiji Arihara, est dans les salles depuis le 21 janvier. Datant de 1994, il est diffusé en version française, couleur et stéréo. |
A l’origine du projet, Miho Cibot-Shimma, présidente de l’Institut Hiroshima-Nagasaki, réalise qu’il existe un véritable vide dans la tentative d’expliquer Hiroshima aux enfants. Elle prend comme support la véritable histoire de Sadako, une petite Japonaise morte des conséquences des radiations. Elle trouve Seiji Arihara, réalisateur de films d’animation, pour donner forme à son idée et en faire une uvre accessible à tous. Avec un fil conducteur : l’oiseau. Cet oiseau, universellement associé à la paix, est précisément une grue, également symbole de bonheur et de longue vie chez les Japonais. Cette grue aurait dû, selon la légende, guérir Sadako qui en a réalisé avec ses amis mille pliages. Dans L’oiseau bonheur, Tomoko fabrique le millième. C’est cet origami qui fait le point de jonction entre la réalité et la fiction.
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L’histoireC’est l’histoire de Tomoko, une petite fille de 12 ans, qui se rend par une belle journée d’été à la ville d’Hiroshima. Son professeur lui a en effet demandé de réaliser un exposé. Munie d’un petit carnet dans lequel elle prend soigneusement des notes, elle visite le Parc mémorial de la Paix d’Hiroshima (dôme de Genbaku). Là, elle découvre, à la vue de vestiges de la guerre, de fragments calcinés, toutes les horreurs résultant de l’explosion de la bombe atomique Choquée par ces atrocités, Tomoko veut rentrer chez elle. |
Dans le parc du musée, la petite fille se retrouve près de la statue de bronze dédiée aux enfants : la statue de l’Oiseau bonheur qui représente une grue et une enfant. Fascinée par la multitude d’oiseaux multicolores réalisés en papier par des enfants du monde entier et déposés autour de la statue, Tomoko fabrique elle aussi une grue en papier qui se met à scintiller. Et soudain, dans un éclat de lumière, Sadako, la petite fille de la statue, retrouve la vie sous les yeux émerveillés de Tomoko.
Sadako lui raconte alors son histoire, celle d’une enfant à Hiroshima marquée par la guerre
« Ce sont nos cris, ce sont nos prières pour construire la paix dans le monde » – Sadako dans le film
« L’Oiseau Bonheur », un film universel !
On croyait connaître l’animation japonaise ; mais là, on est bien loin de tous les stéréotypes du dessin animé japonais et des adaptations de mangas qui fleurissent depuis les années 80 Loin des dernières techniques du cinéma d’animation, « l’oiseau Bonheur » est beaucoup plus qu’un simple dessin animé de divertissement. « L’oiseau Bonheur » est de ces films qui mériteraient d’entrer dans les programmes scolaires un véritable petit cours d’histoire de 28 minutes revisité sous les yeux de Tomoko et à travers l’histoire réelle de Sadako. Ce film s’attaque avec tact et subtilité au difficile sujet de la bombe d’Hiroshima, ce qui en fait avant tout une uvre pédagogique adressée aux enfants. On connaît pourtant la difficulté de marier la pédagogie de salle de classe et le grand écran : d’où la performance de ce film qui soulève un couvercle lourd de cruautés et de peurs pour en faire un hymne à la paix qui expérimente avec brio l’art d’évoquer aux enfants la vérité des faits sans pour autant les traumatiser. Le film privilégie une approche sensible et mesurée de cette tragédie et apporte pour ainsi dire une dimension humaine : il met des visages, des histoires réelles sur des faits qui n’ont été que trop souvent réduit au seul nombre de morts. Sadako, en revenant à la vie, apporte espoir et c’est bien là le message fondamental. L’espoir de vivre en paix. |
Au-delà du fait que le genre séduira sans conteste les plus petits, le film de par sa volonté de ne pas altérer les faits historiques touchera assurément toutes les classes d’âge, même les plus grands. « L’Oiseau Bonheur » permet dans cette perspective d’alimenter la mémoire collective et cette mémoire passe aussi bien par la prise de conscience des adultes que de celle des générations à venir aussi cruel soit notre passé. Ne les laissons pas grandir dans l’indifférence et l’ignorance. |
L’amnésie de notre société vis-à-vis de son histoire est la source qui nous renvoie sans cesse dans nos travers. Et en ce sens, « L’Oiseau Bonheur » s’avère être un outil extraordinaire qui favorise, mieux, qui prône une réelle prise de conscience de nos erreurs passées et des atrocités que cela a pu engendrer. L’ambition est de porter à la connaissance des plus jeunes la réalité de la menace nucléaire. C’est ambitieux certes ; mais on ne peut que louer une telle démarche.
Même s’il peut paraître excessif de croire que le film, à lui seul, peut permettre de soigner des maux si profonds .il apporte néanmoins des petites touches qui nous poussent, toujours plus, à aspirer à un monde meilleur, empreint de justice, de paix et de solidarité. Alors, n’attendons pas et aidons autant que possible les artistes à multiplier toute forme d’expression autour de la Culture de la Paix. Et c’est aussi le message de ce film comme le dit Seiji Arihara : « je pense qu’un dessin animé, qu’il plaise ou non, qu’il soit un grand succès ou non, doit éduquer les gens qui le regardent. J’ai tendance à vouloir faire passer des messages positifs Ceux qui, comme moi, ont la possibilité de s’exprimer, ont une certaine responsabilité vis-à-vis de la société. »
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« L’Oiseau Bonheur » ne se veut en aucun cas accusateur pour les uns ou compatissant pour les autres, peut-être un brun moralisateur ce qui est somme toute logique. Ce film est avant tout universel et on en ressort avec l’envie de poursuivre et de surélever la voie d’un appel à la paix dans le monde pour le droit des enfants à vivre tout simplement.
On ne pourra qu’apprécier ! |
Bruno Lefort
L’Oiseau bonheur est disponible en VHS au prix de 23 euros. Le DVD sortira très prochainement. Vous pouvez le commander auprès des Films du Paradoxe.
Pour l’organisation de séances spéciales, contactez également les Films du Paradoxe qui se chargeront de vous indiquer les disponibilités en fonction des salles existantes dans les villes demandées.
Les Films du Paradoxe
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