UN APPEL. POUR LA PAIX, LE CLIMAT, LA JUSTICE SOCIALE, POUR UN MONDE ENFIN HUMAIN


Paru le Vendredi 20 Septembre 2019 dans l’Humanité

Par Jean Ziegler Sociologue, vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l’homme des Nations unies

J’apporte mon soutien résolu à l’édition 2019 des marches pour la paix qui auront lieu en France le samedi 21 septembre, dans le cadre de la Journée internationale de la paix, sous l’intitulé « Pour un climat de paix : stop les guerres, stop les violences, stop la misère ». Ces mobilisations et convergences citoyennes bénéficient de tout mon soutien car elles portent l’espoir d’un monde de paix et de justice, d’un monde enfin humain. Je me réjouis que l’appel du secrétaire général de l’ONU soit placé sous la double urgence de l’action pour la paix et pour le climat.

Les urgences sont là : pour la paix et le désarmement (en particulier du nucléaire, qui constitue une menace permanente pour la survie de l’humanité), pour le climat, pour la justice sociale, pour les droits humains et les libertés démocratiques face à la montée des extrêmes droites et à la répression des mouvements sociaux. Comme je l’ai souvent exprimé, la « troisième guerre mondiale », dont les peuples de l’hémisphère Sud sont les principales victimes, a commencé depuis longtemps. De très minces oligarchies capitalistes, infiniment puissantes, accaparent aujourd’hui l’essentiel des richesses de la planète et dictent souvent leur loi aux États. Ces oligarchies ont créé un ordre cannibale du monde : avec d’énormes richesses pour quelques-uns et la misère pour la multitude. Elles ont une seule stratégie : la maximalisation du profit dans le temps le plus court et souvent à n’importe quel prix humain. Ces logiques de puissance et de domination sont responsables de la persistance de l’absolu scandale de notre temps, à savoir le meurtre de masse annuel de millions d’êtres humains par la faim et la malnutrition sur une planète débordant de richesses et alors que les dépenses militaires mondiales atteignent annuellement 1830 milliards de dollars, au mépris de l’article 26 de la charte des Nations unies qui prévoit « de favoriser l’établissement et le maintien de la paix et de la sécurité internationales en ne détournant vers les armements que le minimum des ressources humaines et économiques du monde ».

Ces logiques aboutissent à un mépris total du bien commun, à la destruction progressive de la planète, de la biodiversité, des forêts tropicales, des abeilles, avec l’empoisonnement des sols, de l’eau et des mers, à priver 2 milliards d’êtres humains d’un accès régulier à une eau potable non nocive, et dans le même temps contribuent à l’affaiblissement des institutions démocratiques. Face à ces tragédies et défis, il y a urgence pour les citoyens et citoyennes à agir dans l’unité et la diversité pour la construction d’un autre monde possible et nécessaire : un monde basé sur le droit et ayant pour buts la justice sociale planétaire, la paix et la liberté. Un monde enfin humain.

Que ces marches du 21 septembre 2019 permettent la convergence de toutes les organisations et tous les individus qui agissent pour la paix, pour le climat, pour la justice sociale, pour la défense des droits humains et des libertés démocratiques.

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