Déclaration du Mouvement de la paix
Le 23 janvier 2019, Juan Guaido, élu Président de l’Assemblée nationale le 5 janvier dernier, s’est autoproclamé en toute illégalité Président par intérim à la place de Nicolas Maduro qui a été élu démocratiquement Président du Venezuela le 20 mai 2018 et dont le nouveau mandat a commencé le 10 janvier 2019. Une étape a donc été franchie pour provoquer ce qu’il faut bien appeler l’annonce d’un coup d’état. Aussitôt, D. Trump lui a apporté son soutien, évoquant une nouvelle fois une possible action militaire, comme son prédécesseur il y a quelques années. Le Ministre français des affaires étrangères s’est aligné sur la position de l’Union européenne en approuvant de fait ce coup de force en ne le condamnant pas, en mettant en garde Maduro contre une riposte de sa part et en appelant à une nouvelle élection présidentielle « libre ».
Le système électoral vénézuélien en vigueur, à double décomptage, est considéré comme un des systèmes les plus sûrs au monde, salué en son temps par le Président des USA Carter lui-même. Une Assemblée Constituante a été récemment élue à l’initiative de Nicolas Maduro pour améliorer le contenu et les équilibres de la Constitution du Venezuela.
Pas un mot sur la situation économique et sociale aggravée par le double embargo économique et financier décrété par les USA. La solution à cette grave crise ne peut se trouver que par un dialogue au sein du peuple vénézuélien en se détachant de toutes les ingérences étrangères qui veulent le déstabiliser.
Nous observons malheureusement que toute l’Amérique du sud bascule progressivement vers des régimes de droite, sinon d’extrême droite, mettant fin à un renouveau de la démocratie après des années de plomb, souvent sous des dictatures militaires : le Brésil avec l’élection de Bolsonaro, la Colombie où le nouveau Président met fin aux pourparlers avec l‘ELN, en Argentine où la crise se creuse encore, en Equateur. Le soutien par les USA à ces retours en arrière est à chaque fois réaffirmé par D Trump. Un élément encourageant cependant, la récente élection en Amérique centrale, au Mexique, d’un Président plus progressiste.
Nous exprimons toute notre solidarité au peuple vénézuélien qui a montré à plusieurs reprises sa capacité à répondre aux provocations meurtrières dont il a été l’objet depuis l’élection d’Hugo Chavez et qui saura cette fois encore sortir la tête haute de cette aventure.
Nous demandons au Gouvernement français d’exprimer explicitement son opposition à toute tentative violente contre l’actuel Pouvoir, d’exiger l’arrêt des embargos qui plombent la vie de ce pays, de cesser d’organiser la pénurie des denrées essentielles à la vie et d’affirmer que seul le peuple vénézuélien a la légitimité pour décider de son avenir.
Notre mensuel Planète paix a consacré tout un dossier sur l’Amérique latine dans son dernier numéro de janvier 2019, à commander ici.
A Paris, le mardi 29 janvier 2019
Le Mouvement de la Paix
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Le gouvernement français est particulièrement risible dans cette affaire de l’ultimatum au changement de régime, et Maduro a raison de pointer chez nous la violente répression du mouvement Gilets jaunes par un président mal élu.
Nos présidents à l’abri de l’OTAN ont décidément une vision très partiale de la légitimité : Sarkozy, avant de le faire éliminer, avait déclaré “illégitime” son ex-invité Kadhafi qui était pourtant fort populaire chez lui, Hollande a voulu bombarder un “illégitime” al Assad (élu par 80%) quand lui-même raclait le fond des sondages. Et maintenant c’est l’impopulaire Macron qui s’autorise au Venezuela la nomination d’un président “en charge” quoique putschiste.
Pensant à l’adage, on se demande qui est le chien enragé de l’histoire… et de quel vaccin notre pays a besoin pour que la loi internationale ne soit plus violée de si cynique et meurtrière manière, en notre nom.
En même temps, le nombre de morts de la répression n’est pas le même en France et au Vénézuela…
Sur les assassinats d’opposants par la police vénézuélienne, il conviendrait de noter que la source habituelle, répercutée par l’AFP et nos médias, n’est certainement pas impartiale. On pourrait plutôt la comparer avec l’OSDH, instrument de la diabolisation d’Assad en dictateur sanguinaire. Dans le cas vénézuélien, l’auto-proclamée ONG “OVCS” (Observatoire vénézuélien des conflits sociaux) met un peu n’importe quoi sur le dos des forces de répression du régime, pourvu que la stigmatisation de Maduro donne à ses alertes une teinte d’indépendance et d’objectivité…
C’est ainsi que notre cerveau fonctionne en boucle, et prend pour naturelle une nouvelle ingérence odieuse sous prétexte humanitaire.
De Zayas, rapporteur de l’ONU pour le Venezuela, indiquait en août 2018 à propos des sanctions US (en vigueur à partir de 2015) :
« Je pense à l’ampleur de la misère causée par les sanctions comme ce fut le cas en Irak, ou maintenant au Venezuela, je peux dire que les sanctions contre le Venezuela sont un crime contre l’humanité dont pourra être saisie la CPI pour violation de l’article VII du statut de Rome »
« Les sanctions constituent un crime contre l’humanité surtout quand elles sont intentionnelles et sadiques, avec l’objectif de créer de la souffrance ».
Il fait aussi un parallèle entre ces sanctions et le sort réservé à Cuba, ou au Chili d’Allende.
Il conclut : « les sanctions économiques tuent », et prévient que la campagne quant à la « crise humanitaire » risque de procurer un prétexte à une intervention militaire…
On pourra évidemment penser aussi à la Palestine.
Soyons lucides et cohérents
Nous sommes nombreux à penser que Emmanuel Macron est le Président des riches et même des ultra-riches ! Nous savons qu’il a été choisi au premier tour par environ 18% des électeurs inscrits et qu’il est parvenu au pouvoir grâce au soutien des médias de masse, de la presse “people”, de riches contributeurs, de la classe dominante ….Il a gagné le second tour des élections présidentielles en mai 2017 car il avait face à lui la représentante de l’extrême droite et que les électeurs tétanisés par la peur de “la peste brune” ont voté par défaut pour Emmanuel Macron. Ajoutons que le nombre d’abstentions, de bulletins blancs et de votes nuls du 2ème tour a atteint 34%. Et pour autant personne ne met en doute sa légitimité, même ceux qui le combattent.
Nicolas Maduro, Président du Venezuela, a été élu le 20 mai 2018 avec 67,8% des voix, avec un taux de participation de 46,1% , certes le taux le plus bas de toutes les élections du mouvement chaviste. Le système électoral du Venezuela est l’un des plus sûrs du monde, dixit la Fondation Jimmy Carter(1). Cependant, les partis d’opposition n’arrêtent pas de dire que ce Président est illégitime et ceci est répété, martelé, sans arrêt sur toutes les radios et télévisions du monde entier. Hélas, un mensonge répété des millions de fois, pendant des jours et des jours, ne devient pas une vérité….On nous dit depuis des mois que Maduro est un dictateur alors certains finissent par le croire.
Mais soyons cohérents : Emmanuel Macron a été choisi par 18% des électeurs inscrits, Nicolas Maduro fut élu avec un peu plus de 31% des électeurs inscrits, le premier est légitime, le second ne l’est pas et il faut le destituer ?
Juan Guaido s’est auto-proclamé Président “par intérim”, il n’a pas été élu comme tel et pourtant il a été reconnu par quelque 34 pays sur les 193 que compte l’ONU ( dont l’UE, les États-Unis, le groupe de Lima(2) ). En quoi ce député de l’opposition est-il légitime ? C’est un imposteur qui bafoue la Constitution du Venezuela.
Autre matraquage concernant la crise économique qui sévit dans ce pays : “Nicolas Maduro affame son peuple. Sa mauvaise gestion, son incompétence, ses collaborateurs corrompus qui volent les richesses de l’État ont ruiné le Venezuela et provoqué une énorme pénurie d’aliments et de médicaments. De plus ce sinistre personnage refuse l’aide humanitaire que lui offrent si “généreusement” les États-Unis ! ” Ce que l’on ne vous dit pas c’est que les lourdes sanctions économiques et financières ordonnées par l’Oncle Sam ont provoqué ces pénuries et cette hyper-inflation : les marchandises sont là mais à des prix inaccessibles au marché noir. Les États-Unis ont déclaré une guerre économique au Venezuela par ce blocus meurtrier et maintenant ils offrent “une aide humanitaire”. Quel cynisme !
Soyons lucides : il faut condamner ces méthodes de gangsters désapprouvées par l’ONU ! Un scénario déjà connu est en train d’être rejoué , c’est celui qui a détruit l’Irak, la Libye, la Syrie…pour renverser les pouvoirs en place, pour provoquer un changement de régime, pour y installer des gouvernements fantoches et pour mettre la main sur les ressources (pétroles, gaz, minerais…) de ces pays.
Notes :
(1) Jimmy Carter, ancien président des États-Unis , a créé une Fondation dont l’objectif est – entre autres – de vérifier la sincérité des élections dans le monde. A la demande des autorités d’un pays, la Fondation y envoie des observateurs qui peuvent certifier (ou non) du bon déroulement de tout un processus électoral.
(2) Le groupe de Lima constitué en 2017, comprend Le Pérou, le Brésil, l’Argentine, le Canada, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, le Guatemala, le Honduras, le Mexique, le Panama, le Paraguay. A l’exception du Mexique ce groupe ne reconnaît pas Nicolas Maduro comme Président légitime du Venezuela.
Nous n’avons défendu ni le peuple ni la souveraineté de l’Ukraine quand l’OTAN y a fomenté le putsch « Maïdan ». Ah, c’est qu’il s’agissait d ‘installer la démocratie !
Tétanisés par un discours enjôleur similaire, nous avons sans broncher laissé détruire la Libye et la Syrie.
La propagande de l’« humanitaire » et de la « démocratie » est encore à l’œuvre contre le Venezuela de Maduro : on n’y tentera rien. L’homme étant suffisamment diabolisé par les médias, on passera son peuple par pertes… et Profits.
Et si la France s’avisait de reconquérir une vraie démocratie (amochée par une classe spéculatrice de plus en plus puissante, un gouvernement répressif, une presse aux ordres, un « ami » américain un peu pique-assiette etc.), le nouveau dirigeant serait-il longtemps épargné, ou immédiatement attaqué comme « illégitime » ? Qui nous défendrait alors ?
Il y a une erreur dans l’article. Ce n’est pas une position de l’UE de reconnaitre Guaido, mais de certains pays de l’UE seulement!!!!
s’il est vrai que l’embargo américain et français font des ravages dans ce pays et qu’un soi disant démocrate s’autoproclame président il y a de quoi se mettre en colère en meme temps des avoirs aboutis du pétrole vénézuélien sont dans des coffres forts en suisse je pense qu’il est grand qu’une presse indépendante de tout pouvoir puisse s’exprimer librement et que le président maduro fasse également son meaculpa sur les nombreux morts suite uax manifestations ce ne sont pas que des vilains infiltrés qui tuent mais bien une répression qui s’abat sur le peuple vénézuélien il faut absolument aider ce pays à sortir de cette crise et que nos dirigeants toujours si prompts à dénoncer dénoncent l’embargo américain et fassent acheminer des vivres dans ce pays et que maduro laisse entrer l’aide américaine un peuple affamé ne veut pas savoir d’ou vient l’aide alors pour moi maduro et l’autoproclamé c’est une meme soif de pouvoir luttons pour la paix et la démocratie!
Le discours humanitaire tenu par les plus grands criminels de la planète devrait nous inciter à nous méfier. On a déjà vu où cela menait notre coalition “internationale” en divers pays (Irak Libye etc.), et on a constaté aussi que l’argument n’est pas invoqué là où le peuple aurait besoin d’intervention réellement humanitaire (Yémen, Saoudie, divers états d’Afrique, voire Grèce).
Le concert mis en scène à la frontière du Vénézuéla est évidemment une opération de propagande, au point qu’on s’attend à une attaque militaire en règle (sous les applaudissements ?) à la fin du spectacle.
It’s the oil, stupid !