L’urgence d’une éducation nationale et populaire à la paix

A trois jours du troisième anniversaire de l’assassinat de Samuel Paty, Dominique Bernard, un de ses collègues, professeur de français, a été poignardé dans son établissement, et deux autres personnes blessées.

Au-delà du choc, de la douleur et des questions sur les motivations et les moyens employés par celui qui serait un ancien élève de l’établissement scolaire, cet acte criminel pose avec acuité la question de l’éducation à la paix.

En effet, l’éducation à la paix est, selon la définition de l’UNICEF, « le processus de promouvoir les connaissances, les valeurs, les attitudes et les compétences nécessaires pour susciter des changements de comportement qui vont permettre aux enfants, aux jeunes et aux adultes de prévenir les conflits et les résoudre de manière pacifique, de prévenir la violence, qu’elle soit explicite ou structurelle, et de créer les conditions qui mènent à la paix – pour soi, entre personnes, entre groupes, ou au niveau national ou international. ».

Parce que nous sommes convaincus que cette éducation à la paix ne peut être faite que sur le long terme par une école publique qui en a les moyens, le projet triennal de notre association comporte la promotion d’« une loi de programmation pour la construction de la paix qui soit pluriannuelle avec des moyens financiers et humains ciblés » dont un des éléments serait « [l’intégration de] la Culture de la Paix et de la non-violence dans la formation des enseignants ».

En effet, nous considérons que l’école publique a besoin de moyens plus importants tant en nombre de personnels qu’en formation donnée à ses encadrants, non seulement sur le temps scolaire mais aussi sur le temps périscolaire. Nous demandons à ce que soit discuté un projet de loi pluriannuel d’éducation à la paix.

Il aurait notamment comme axe de mettre les moyens économiques et humains nécessaires au bon fonctionnement des écoles, avec partout des classes avec de petits effectifs et un encadrement humain suffisant pour qu’aucun élève, notamment en difficultés récurrentes, que ce soit d’apprentissage ou de comportement, en situation de handicap ou allophone, ne soit laissé de côté. La participation à la vie collective de ces enfants ne peut pas reposer que sur  leur enseignant, sauf à vouloir pénaliser aussi bien ces élèves que tous les autres.

Nous demandons que ce projet de loi n’omette pas non plus des subventions suffisantes pour les municipalités, responsables des temps périscolaires et de leur encadrement, ainsi que de l’entretien des locaux. Afin d’assurer une égalité de tous les élèves sur le territoire sans distorsion d’une municipalité à l’autre, nous demandons également que le montant de la dotation scolaire, c’est-à-dire la somme donnée aux écoles par élève pour l’achat des fournitures, soit fixé par la loi à un montant suffisant et indexé sur l’inflation.

Enfin, à l’heure ou un quart des français n’ont pas les moyens de partir en vacances, permettre une prise en charge financière totale par la collectivité des voyages scolaires, y compris les classes transplantées sur plusieurs jours, c’est aussi un moyen pour la société de faire découvrir d’autres choses à ses enfants, participant à leur ouvrir l’esprit. Cela aussi nécessiterait un engagement de l’État aux côté des communes, afin de permettre une égalité de traitement de tous les enfants quelles que soient les conditions sociales de leurs familles.

Ce n’est pas en faisant la promotion de l’armée et de l’industrie de l’armement tout azimuts que nous apaiserons les relations aux autres des jeunes et des enfants. C’est pourquoi nous insistons sur la nécessité d’abandon total et définitif d’un projet de proscription conscription, même non obligatoire et de courte durée, qu’il s’appelle SNU (Service National Universel) ou autrement. Nous demandons que les crédits qui devaient y être alloués soient redirigés vers l’éducation à la paix.

Enfin, la prévention des dérives identitaires passe aussi par une éducation populaire permanente rendue possible par une vie associative riche. C’est pourquoi nous demandons aux pouvoirs publics de soutenir les associations laïques et républicaines, notamment les associations sportives et celles reconnues de jeunesse et d’éducation populaire, en leur donnant les moyens de vivre (services aux associations renforcés dans les préfectures, subventions, incitation des communes à faciliter la vie des associations et à mettre à leur disposition des moyens, notamment matériels, suffisants).

A Paris, le mardi 24 octobre 2023
Le Mouvement de la Paix

 

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Une pensee sur “L’urgence d’une éducation nationale et populaire à la paix

  1. Nous sommes d’accord sur les principes.L’acceptation des règles de vie en république est indispensable à l’instauration d’une société apaisée.
    IL IL FAUT DISTINGUER CERTAINES REVEDICATIONS LEGITIMES DE L’ISLAMOPHOBIE
    Il semble de mode actuellement tant sur les réseaux sociaux que dans certains médias, consciemment, de mauvaise foi ou par ignorance de critiquer le pouvoir, la république et la laïcité au risque de créer une menace pour l’une et l’autre.
    Or il ne s’agit ici ni de religion ni d’origine il s’agit de se remémorer ce que sont république et citoyen (ce que doit être tout français).
    De quoi s’agit -il ?
    Ce qui est dans ces affirmations n’est pas de l’islamophobie mais une condamnation d’une entreprise politique ayant pour but de détruire le modèle français de république sous le prétexte de défendre la liberté de citoyens au nom d’une religion, or ceux qui précisément prétendent porter cet objectif en trahissent l’esprit dans cette action même.
    Une religion ne peut avoir de sens que si elle est le fruit d’un choix individuel effectué en pleine liberté, conscience et responsabilité ; imposée sous la contrainte comme certains croient bon de le prôner ce serait un non- sens total. C’est pourquoi -comme certaines obédiences philosophiques – elle relève du cercle privé ou des lieux consacrés.
    Se pose alors la question du comportement dans l’espace public, c’est là un point délicat qui justifiera un plus long développement dans la suite de ce texte.
    Comme toute société la nôtre se fonde sur des règles communes indispensables à son bon fonctionnement. L’ensemble de ces règles constituent le droit commun à tous et socle de la société.
    Dans l’histoire humaine- et dans celle de ce pays- les sociétés se sont organisées à différentes époques en fonction de l’évolution du volume de la population, des moyens utilisés (le feu, la culture, la démographie et le pouvoir de certains sur les autres…) .
    A cette heure il semble bien qu’une certaine tendance soit à condamner l’histoire comme étant obsolète, dans ses enseignements en particulier. Or l’histoire est comme le témoin et le support du présent…et du futur.
    Ainsi « Quand le passé n’éclaire plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres. » Alexis de Tocqueville

    Que faire ?
    Il faut dénoncer la dépendance des porteurs d’attaques de notre modèle dans les réseaux sociaux et leur mise sous tutelle par des Etats et des organismes étrangers.
    Enfin il faut replacer les observations à l’origine des critiques- celles qui visent le système -en resituant les responsabilités.
    La critique de l’slam (comme de tout autre religion ou philosophie), en particulier de l’islam politique, relève de la liberté de conscience et d’expression de chacun. L’Etat ou les citoyens n’ont pas à rougir de notre histoire et de son héritage qui font de nous des humanistes.
    Une source possible de ce genre de confusion peut être trouvée dans un dictionnaire où la définition de l’islamophobie confond rejet de l’islam avec haine des musulmans. Or s’attaquer aux personnes pour ce qu’elles sont est condamnable. Et le racisme contre les musulmans doit être condamné avec la plus grande fermeté.
    Les laïques de culture musulmane ne sont presque jamais évoqués, c’est injuste à deux titres car ils peuvent être citoyens français ou…résidant en France pour des raisons diverses et ils ont le mérite d’admettre la laïcité comme modèle humaniste au risque de critiques plus ou moins violentes. Par conséquent interdire le voile dans l’administration publique n’est pas un acte raciste ni discriminatoire, bien au contraire il s’agit là d’un principe d’égalité entre toutes et tous que l’on met là en application.
    Pourquoi alors cet effacement auquel semblent toujours voués les laïques de culture musulmane ?
    Tout conduit à penser que cet effacement est voulu et entretenu.
    D’abord par les pouvoirs publics- qui continuent d’avoir pour interlocuteurs des Frères musulmans et des communautarismes dont on ne voit pas d’utilités autres que bassement électoralistes (et politiquement irresponsables). Par ailleurs la plupart des médias par ignorance, paresse (ou priorité donnée au volume de vente) ou paternalisme contrarient l’expression des laïcs musulmans déjà souvent sous la pression des organisations précitées de ce qui fonde notre participation à la vie publique
    Or cette question de la représentativité et de la pluralité fonde notre participation à la vie publique en tant que constituant l’expression du droit indispensable- socle de la société- et rendant possible l’expression de la liberté de pensée garante d’une société réellement apaisée.
    Comment dans ce même esprit traiter de la question du voile ?)
    Cela nous amène à traiter du (tellement ?..) délicat problème du domaine public. Notre intuition, les références à divers modèles de société, en font un problème appelant une clarification ferme et responsable.
    Cette question surgit chaque fois qu’objectivement- et intuitivement- elle est suscitée par des évènements ou des prises de position qui ne peuvent exister que par ce qu’au-delà du fait qu’une solution à un problème ne peut espérer être trouvée que dans la mesure où son enveloppe a été totalement décrite (c’est l’approche logique) et que les signes externes d’appartenance à une religion (ou son enveloppe) sont pris en considération (c’est l’approche irrationnelle au sens courant du terme).
    Or contrairement à une tendance en cours de la part des susdits Frères musulmans- mais aussi sous d’autres formes- des anticolonialistes, gauchistes extrêmes et autres organisations -la constitution française est claire si l’on veut bien la lire objectivement.
    Préambule
    Le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits de l’homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu’ils ont été définis par la Déclaration de 1789, confirmée et complétée par le préambule de la Constitution de 1946, ainsi qu’aux droits et devoirs définis dans la Charte de l’environnement de 2004.
    Article premier.
    La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée.
    La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales.

    Article 2.
    La langue de la République est le français.
    La devise de la République est « Liberté, Égalité, Fraternité ».
    Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.

    « C’est justement la possibilité de réaliser un rêve qui rend la vie intéressante. »

    Conclusion
    La conception élargie de l’ordre public analysée dans les décisions du Conseil constitutionnel, ainsi que l’appréhension des « limites aux limites » aux droits garantis, fournissent en définitive des indices précieux sur la portée de la limitation des droits fondamentaux constitutionnels par l’ordre public. Le déséquilibre croissant entre l’ordre public et les libertés en faveur de l’ordre public invite à s’interroger sur les voies et mécanismes de protection des droits fondamentaux, mais aussi à repenser le lien entre ordre public et libertés, pour percevoir ce qu’exige, in fine, la justice.
    S’agissant du voile nul n’exige que les femmes ne portent aucun voile. D’ordre privé une religion n’a donc pas à se manifester par des signes de reconnaissance dans le domaine public Les discussions, les décisions de certains édiles portent sur la justification du port d’un voile indicateur d’une appartenance à une religion ou- c’est le cas le plus flagrant -du voile islamique- emblème devenu celui d’un extrémisme en réalité plus politique que religieux et de surcroit trahissant de ce fait le principe fondateur de la religion dont il se réclame..
    Le respect des règles garantit ainsi l’existence d’une société véritablement apaisée pour le bien de tous
    Celui qui ne gueule pas la vérité, quand il connaît la vérité, se fait le complice des menteurs et des faussaires. Charles Péguy
    Marc Leygonie

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