Le Mouvement de la Paix appelle le gouvernement français à renoncer à l’opération militaro-policière appelée « wuambushu » à Mayotte

et apporte son soutien à la journée nationale d’action du 29 avril contre l’immigration jetable

« Wuambushu », tel est le nom de l’opération d’expulsion massive de populations résidant à Mayotte que veut mettre en œuvre le gouvernement français.

Cette opération prévoit d’une part l’expulsion vers l’ile d’Anjouan (Comores) de plus de 20.000 personnes estimées indésirables et d’autre part de raser leurs habitations. Déjà d’importants renforts policiers et militaires ont été acheminés sur place (Raid, GIGN et la CRS 8).

Ce comportement, de type néo-colonialiste, pour faire face à une situation complexe dans laquelle la France a une responsabilité majeure, n’est pas acceptable.  En effet, la situation à Mayotte résulte entre autres de la volonté de la France de conserver en ce lieu une base militaire pour préserver ses positions géostratégiques dans l’océan Indien, en n’acceptant pas les résultats du référendum d’autodétermination de 1976 par lequel la population de l’archipel des Comores avait opté pour son indépendance (1).

Alors que le président de la République déclarait, depuis la Chine, “qu’il est possible de traiter avec humanité et pragmatisme, le principe de la liberté de circulation des biens, des capitaux et des personnes“, il s’engage à Mayotte dans une opération répressive inédite et de grande ampleur.
Le Mouvement de la paix appelle le gouvernement à mettre en application la proclamation officielle de son Président.

Il apporte son soutien aux collectifs comoriens qui, en France, ont organisé le 16 avril des rassemblements contre cette opération.

En accord avec le positionnement du syndicat de la magistrature, le Mouvement de la paix appelle à participer « au rassemblement et à l’union des forces humanistes et progressistes qui pensent que le vivre-ensemble ne peut passer par la restriction des libertés individuelles ». Le tout répressif n’a sa place ni à Mayotte ni ailleurs.

Par ailleurs, il est évident qu’aucune solution ne peut être mise en œuvre sans prendre en compte la réalité locale, à savoir que les populations des quatre îles constitutives de l’Archipel des Comores ont en commun depuis des siècles, une langue, une culture, une histoire, une géographie, un vivre-ensemble en Paix qui doivent être préservés.

Le gouvernement français doit garantir le droit et la liberté de circuler, entre les îles de l’archipel comorien.

Il est nécessaire d’engager des négociations sur une base d’égalité avec le gouvernement comorien ; la stabilité de la région est en jeu.

La France serait bien inspirée de prendre attache avec l’Union africaine pour discuter de la situation sur l’île et de son environnement, voire avec l’ONU qui depuis des années condamne la position française en réaffirmant le droit inaliénable du peuple de l’archipel des Comores à l’indépendance en respectant l’unité et l’intégrité territoriale de l’archipel.

Le Mouvement de la Paix demande au “gouvernement français d’agir autrement que par la force, les armes et l’humiliation pour rétablir la sécurité à Mayotte et dans la mer comorienne”.

En tant que membre du collectif national contre l’immigration jetable (UCIJ 2023), le Mouvement de la Paix appelle à soutenir et participer à la prochaine journée nationale d’action du 29 Avril contre les politiques migratoires du gouvernement et contre l’opération wuambushu à Mayotte.

Le Mouvement de la Paix
Le 20 avril 2023

 

  1. Ainsi en 2021, le site des archives de la Défense nationale présente la base militaire de Mayotte de cette façon : « Les 1700 militaires déployés garantissent la protection du territoire national et animent la coopération régionale depuis La Réunion et Mayotte ». Cette base « constitue le point d’appui principal du théâtre “Océan Indien“ pour assurer la surveillance des zones économiques exclusives associées à l’ensemble des îles de la zone de responsabilité, contribuer à la lutte contre l’émergence de nouvelles menaces liées aux trafics et conserver une capacité régionale d’intervention rapide »

Rappel : En 1973 le mouvement de libération des Comores et la France acceptent que la population soit consultée sur le statut de l’archipel. L’ONU entérine ce processus.
Le référendum est organisé en 1974 et approuve l’indépendance à 95%. Cependant sur l’île de Mayotte (7,7% des votants) une majorité est obtenue pour conserver la souveraineté française.

La France décide alors, malgré l’opposition des Nations unies, et en contradiction avec le droit international, de dissocier le sort de Mayotte de celui des trois autres îles qui deviennent indépendantes. Dès lors la France fut et reste hors de la loi internationale, une attitude sévèrement dénoncée dès 1975 par l’ONU. Seul le véto français a empêché le conseil de sécurité de faire de même.
Ce coup de force fut couronné, en 2011, par la transformation de la collectivité de Mayotte en département français.

Comme il fallait si attendre, la différence de niveau de vie a produit un effet d’aspiration favorisant les mouvements migratoires et faisant de cette partie du monde l’un des principaux cimetières marins suite aux multiples naufrages de celles et ceux qui fuient la pauvreté.

 

Voir cette déclaration en PDF

 

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5 pensees sur “Le Mouvement de la Paix appelle le gouvernement français à renoncer à l’opération militaro-policière appelée « wuambushu » à Mayotte

  1. je n’ai pas vu de pétition sur ce sujet…
    Dommage.
    Je soutiens le mouvement pour la Paix

  2. C’est scandaleux que le “”Mouvement pour la paix”” s’oppose aux choix des Habitants de Mayotte !! Agir ainsi, c’est instrumentaliser la cause légitime du pacifisme. Voyant comment vous agissez, je comprends pourquoi vous ne répondez pas à notre proposition locale de faire une conférence pour la paix. Vous préférez vos lubies wokistes à vouloir réellement sauver la paix ! Mon opinion vient de votre texte auquel j’ai ajouté des astérisques pour délimiter la partie qui démontre l’ineptie de votre raisonnement, car allant à l’encontre du choix démocratie des autochtones. =>
    Extrait :
    Rappel : En 1973 le mouvement de libération des Comores et la France acceptent que la population soit consultée sur le statut de l’archipel. L’ONU entérine ce processus.
    Le référendum est organisé en 1974 et approuve l’indépendance à 95%. **Cependant sur l’île de Mayotte (7,7% des votants) une majorité est obtenue pour conserver la souveraineté française. **

  3. Pour information ci dessous message transmis à la médiatrice de Radio France :

    Bonjour,
    Ce que l’on entend sur France Inter sur l’opération Wuambushu est d’une pauvreté affligeante . On se contente de reproduire mécaniquement la communication gouvernementale. Sans un travail d’enquête et d’investigations digne de ce nom. Les victimes de cette opération nous sont présentées comme de simples objets dont il faut se débarrasser. les tirs à balles réelles de la police sont considérés comme quelque chose de banal. Voici également ce que l’on aimerait entendre :
    Cette opération prévoit de détruire massivement des habitats précaires et de multiplier les arrestations et les expulsions quotidiennes jusqu’à plusieurs centaines de personnes migrantes issues des îles voisines. Les destructions visent 5 000 personnes dans 1 000 « bangas », soit 10 % des habitats en tôles dans lesquels vit la moitié de la population de Mayotte. Or la situation à Mayotte, département français d’environ 300 000 habitants est déjà catastrophique : 80 % des habitant-es vivent sous le seuil de pauvreté et de nombreuses mesures d’exception sont la règle : Le manque d’écoles oblige à accueillir les enfants par demi-journées et plus de 6000 enfants ne sont pas scolarisés ; des milliers d’enfants sont enfermé-es en centres et locaux de rétention administrative (CRA et LRA) et certain-es ont été expulsé-es vers les Comores malgré plusieurs condamnations de la Cour européenne des droits de l’Homme des mineur-es revenant de l’école se sont retrouvé-es sans logement et ne sachant pas où leurs parents se trouvaient, ceux-ci faisant l’objet d’éloignements expéditifs et abusifs. Dans un rapport d’information, la commission des affaires sociales du Sénat parle d’un « système de soins à bout de souffle » : à Mayotte 45 % des habitants de plus de 15 ans déclarent avoir dû renoncer à des soins en 2019, la protection universelle maladie (PUMa) n’y est pas applicable, ni la complémentaire CMU-C, le nombre de lits disponibles est très en-deça des ratios (à peine 40 % de la moyenne hexagonal) et l’Aide Médicale d’État, système de santé pour les personnes sans papiers ne s’applique à Mayotte. L’accès aux demandes d’asile est très compliqué et 86% des demandes d’asile sont rejetées. 10 avocats pour 100 000 habitants, contre 103 pour 100 000 en métropole. plus de 20 000 le nombre de personnes ayant perdu la vie en tentant la traversée depuis les îles voisines depuis 1995, année de l’entrée en vigueur du « visa Balladur » (qui restreint la circulation vers Mayotte depuis les Comores et qui ne donne pas la possibilité de se rendre à La Réunion ou dans l’hexagone) des bacheliers titulaires de ce visa ou sans papiers sont privés d’étude en métropole plus de 1800 habitations détruites, ce qui concerne plus de 8500 personnes, depuis la fin de l’année 2020 L’accès aux droits est mis à mal par l’absence de moyens humains et matériels.. Ce qu’il faut à Mayotte c’est l’égalité des droits (y compris pour les étrangers) et d’accès aux services publics et de réels moyens pour la santé, l’éducation

    Cordialement

  4. Aprés une bonne analyse, je regrette que ce texte ne se conclu pas logiquement en demandant clairement la décolonisation de Mayotte de la France.
    Le mouvement de la paix doit dire explicitement les territoires francais a décoloniser.

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