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MUNICH (Reuters)

Un porte-parole du gouvernement allemand a confirmé l’existence d’une concertation entre Berlin et Paris pour trouver une alternative pacifique à une solution militaire en Irak. A en croire l’hebdomadaire Der Spiegel à paraître dimanche, la France et l’Allemagne s’apprêteraient à rendre public un plan nommé “projet Mirage” prévoyant notamment le déploiement de plusieurs milliers de casques bleus sur le sol irakien pour assister les inspecteurs en désarmement. “Je peux confirmer qu’une réflexion commune est en cours pour trouver une alternative pacifique à une solution militaire”, a déclaré à Reuters, sans entrer dans les détails, un porte-parole du gouvernement allemand.

A Munich, où il participait à une conférence sur la sécurité, le ministre allemand de la Défense, Peter Struck, n’a pas voulu se prononcer sur cet article, notant seulement que le chancelier fédéral, Gerhard Schröder, évoquerait la crise irakienne jeudi au Bundestag. A Paris, le Quai d’Orsay s’est refusé à tout commentaire mais rappelle que le chef de la diplomatie française, Dominique de Villepin, a proposé mercredi un renforcement des inspections de l’Onu en Irak lors du débat devant le Conseil de sécurité. “Une discussion est engagée avec les quinze membres du Conseil de sécurité des Nations unies pour voir quelles dispositions additionnelles mettre en oeuvre pour renforcer les inspections et l’efficacité de l’action menée sur le terrain par les inspecteurs”, indique-t-on de source diplomatique. “Il y a une concertation franco-allemande très étroite”, ajoute-t-on de même source.

 

TROUPES DE MAINTIEN DE LA PAIX DE L’ONU

Selon le Spiegel, qui cite une source proche du gouvernement allemand, le “projet Mirage” étudié par Paris et Berlin proposerait notamment l’envoi de plusieurs milliers de troupes de maintien de la paix de l’Onu en Irak afin de fournir un soutien militaire aux inspecteurs en désarmement et de superviser des inspections accrues sur l’ensemble du territoire. Le nombre d’inspecteurs, actuellement une centaine, serait triplé.

La France et l’Allemagne, qui envisageraient de présenter ce projet commun devant le Conseil de sécurité, suggéreraient aussi de maintenir sur zone les quelque 150.000 militaires américains déployés dans le Golfe afin d’obliger Bagdad à coopérer. Ces forces se tiendraient prêtes à envahir l’Irak en cas de violations par Bagdad d’une nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l’Onu. Les deux zones actuelles d’exclusion aérienne, au Nord et au Sud, seraient étendues à l’ensemble du territoire irakien avec des patrouilles de reconnaissance composées d’avions français, allemands et américains. Autre élément de ce “projet Mirage”, toujours selon Der Spiegel, un coordinateur permanent des Nations unies pour l’inspection de l’arsenal irakien pourrait être nommé.

 

WASHINGTON N’AURAIT PAS ÉTÉ CONSULTÉ

Certains de ces points figurent noir sur blanc ou en filigrane dans le discours à l’Onu de Dominique de Villepin lors du débat qui a suivi le réquisitoire contre l’Irak prononcé mercredi par le secrétaire américain d’Etat Colin Powell. Le ministre français avait indiqué qu'”entre l’intervention militaire et un régime d’inspections insuffisant, en défaut d’un coopération de l’Irak, il faut choisir un renforcement décisif des moyens d’inspection”. “Doublons, triplons le nombre des inspecteurs”, avait-il ainsi suggéré. Le chef de la diplomatie française avait aussi proposé de créer “un corps spécialisé chargé de maintenir sous surveillance les sites et zones déjà contrôlés”.

Dominique de Villepin avait aussi avancé l’idée de compléter le dispositif d’inspection “par un coordonnateur permanent des Nations unies pour le désarmement de l’Irak, installé sur place et travaillant sous l’autorité de MM. (Hans) Blix et (Mohamed) ElBaradeï”, chef des inspecteurs de l’Onu et directeur de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA). Paris, ajoutait-il, est prêt à “déployer des appareils d’observation Mirage IV”. Selon Der Spiegel, l’Allemagne, qui préside le Conseil de sécurité de l’Onu, et la France, qui l’a précédée à ce poste en janvier, n’ont pas consulté les Etats-Unis ni leurs alliés britanniques, espagnols ou italiens. Les premières réactions de la Russie, de la Chine et de la Grèce, présidente en exercice de l’Union européenne, seraient en revanche positives, ajoute l’hebdomadaire. Le 14 février, le Conseil de sécurité entendra un nouveau rapport des inspecteurs sur le désarmement irakien. Son contenu pourrait amener les Etats-Unis à considérer l’Irak en situation de “violation patente” de la résolution 1441.

Paris et Berlin préparent une alternative pacifique en Irak

Par Emma Thomasson avec Henri-Pierre André à Paris

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