L’Irak au menu du sommet franco-britannique du Touquet
Par Hélène Fontanaud
PARIS (Reuters)
Le sommet franco-britannique prévu initialement en décembre, mais reporté en raison d’une brouille entre Jacques Chirac et Tony Blair sur la Politique agricole commune, se tiendra finalement mardi prochain au Touquet, cette fois sur fond de mésentente cordiale entre Paris et Londres à propos du dossier irakien.
La semaine dernière, Tony Blair a signé avec sept autres chefs de gouvernement européens une tribune publiée dans le Times pour réaffirmer son soutien à George W. Bush dans la crise irakienne.
Cette initiative a été analysée comme un coup porté à l’axe franco-allemand. Quelques jours plus tôt en effet, Jacques Chirac et Gerhard Schröder avaient redit leur refus d’une guerre contre Bagdad.
Depuis, Tony Blair s’est rendu à Washington, où George W. Bush a accepté le principe d’une deuxième résolution de l’Onu avant toute action militaire en cas de violation par Bagdad de ses engagements en matière de désarmement – une exigence de Paris pour toute éventuelle participation à une offensive alliée en Irak.
Mais là où la France et l’Allemagne estiment que les inspecteurs de l’Onu en Irak ont sans doute besoin de plusieurs mois pour mener à bien leur travail, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne paraissent décidés à ne laisser qu’un répit de quelques semaines à Saddam Hussein. “Nous devons accepter l’existence de divergences entre nous sur l’Irak”, déclarait cette semaine un responsable britannique, s’exprimant sous couvert d’anonymat. “Mais je ne vois pas la nécessité d’une querelle à ce sujet au Touquet.” Au lendemain du sommet franco-britannique, le secrétaire d’Etat américain Colin Powell doit présenter des preuves à charge concernant l’armement de l’Irak lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’Onu, à New York.
LE CENTENAIRE DE L’ENTENTE CORDIALE
Un autre sujet pourrait faire surgir des tensions entre Français et Britanniques lors de leur sommet.
La France, qui organise un sommet France-Afrique les 20 et 21 février, a invité à Paris le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, sous le coup de sanctions décidées par l’Union européenne en raison de violations des droits de l’homme.
Paris est favorable au renouvellement des sanctions contre le Zimbabwe mais “dans un esprit d’ouverture”. “Qui dit sanctions ne dit pas que la diplomatie s’arrête”, a expliqué récemment le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin.
Or Londres est partisan d’une ligne plus dure et n’a pas caché son irritation devant ce qui a été jugé comme une certaine “désinvolture” des autorités françaises.
Restent les sujets sur lesquels Londres et Paris devraient pouvoir s’accorder sans peine. La fermeture du camp de réfugiés de Sangatte, d’où partaient chaque jour des dizaines de candidats à l’émigration en Grande-Bretagne, mais aussi la levée de l’embargo sur la viande bovine britannique, après des années de résistance française, devraient faire fleurir les sourires au Touquet.
Tout comme la préparation du centenaire de l'”Entente cordiale” conclu en 1904, à l’aube du XXe siècle pour refermer la page d’un XIXe siècle de rivalités entre les deux puissances coloniales. Un anniversaire qui devrait toutefois être célébré avec une discrétion de bon aloi, en raison des turbulences entre Paris et Londres.


