Après tout ce temps, à quoi ressemblent vos cauchemars ?
Dessins d’Hibakushas d’Hiroshima.
Au milieu des autres, mon œil s’accroche sur un petit dessin. Dans le rouge d’un feu ravageur, des silhouettes se devinent doucement. Ce ne sont que des formes, des quantités de formes. Des corps debout, d’autres étendus, leur chute semble encore imprimée sur le papier comme sur ma rétine. D’un coup, il m’est impossible de savoir si les masses au sol sont encore en vie ou si celles debout sont déjà mortes. D’un coup, il me semble qu’un silence lourd les coup du monde. La chaleur du feu, l’attraction du sol, le choc des corps, les cris des anonymes semblent en sourdine, étouffés. Une partie de l’humanité s’effondre en silence sous mes yeux impuissants. A ce moment là, l’atrocité de la scène surgit et je comprends la violence du silence.
Claire Rosset


