Hibakushas

 

 

 

 

Délégation française à New York pour la révision du Traité de non prolifération

 

 

 

Compte rendu du 2 mai : Témoignages d’Hibakushas

 

 

 

 

 

 

 

Cette rencontre s’est déroulée devant un public de 130 personnes environ (salle comble), composé en grande partie de Japonais (une dizaine de membres de notre délégation).

Après un bref moment de silence à la mémoire des victimes décédées des bombardements atomiques, sur Hiroshima et Nagasaki, quatre survivants de ces bombardements nous ont transmis leurs témoignages : quatre expériences personnelles de bombardement nucléaire, quatre messages.

60 ans après, les Hibakushas nous ont transmis leur vécus immédiats et les conséquences à moyen et long terme de cet événement tragique qui a fait irruption dans leur vie un jour d’août 45. Après l’éblouissante lumière, le bruit assourdissant, la ville détruite, les montagnes de cadavres, une douleur inimaginable comme une agonie, les premiers soins tardifs, sommaires, la lutte quotidienne dans la souffrance pour rester en vie. Dans une vie marquée à jamais par ces deux bombes, physiquement, bien sûr, avec la longue convalescence, les nombreuses maladies consécutives à l’exposition aux radiations, mais aussi psychologiquement. Leurs témoignages vous retournent le cœur : comment ne pas être convaincus par notre combat après les avoir entendus ?

Extrait du témoignage de Seiko Ikeda d’Hiroshima qui, âgée de 13 ans, était à 1,5 km de l’épicentre le 6 août 1945 à 8h15 : «  Il y eut un éclair très éblouissant, avec un bruit assourdissant, et tout devint sombre. Je fus projetée à 15 m par l’effet de souffle. Quand je repris connaissance, mes cheveux étaient tout brûlés et mes vêtements en loques. La peau de mes bras et de mes jambes était arrachée et pendait. Je pouvais voir leur chaire rouge. Je criais pour appeler au secours, divagant en tous sens. Il y avait des corps empilés noircis par la brûlure. Il y avait aussi tant de personnes couvertes de sang, avec si peu de force pour demander du secours en gémissant. Il me fallait contourner ces personnes ou même passer par dessus pour poursuivre ma recherche de secours quelque part. Quand je vis une rivière, je ne pus même pas plonger parce que mon corps brûlait tellement. La rivière était pleine de gens et je ne pouvais pas voir la surface de l’eau. Et puis les gens mouraient, disparaissaient sous la surface de l’eau. De nombreux corps non identifiés sont restés dans l’eau pendant des jours, déplacés par les marées chaque jour… Les blessures guérissaient mais je me trouvais quelque chose d’étrange au visage. Je trouvai le miroir que ma famille avait caché pour me regarder. Le choc que j’ai reçu lorsque j’ai vu mon visage fut si terrible que j’ai souhaité être morte. Je ne peux pas décrire combien j’ai souffert de cela toute ma vie. Même si je trouvais les mots pour le dire, je suis certaine que personne ne peut comprendre ce que j’ai réellement ressenti…  »

Autres extraits de leurs témoignages :

«  Même 60 ans après, on peut mourir des effets d’un bombardement nucléaire. Je suis angoissée de penser que ce pourrait être mon tour demain  ».

«  Je me souviens encore de la scène comme si c’était hier. Je n’ai rien pu faire pour ceux qui souffraient et appelaient désespérément à l’aide. Je le regrette profondément même aujourd’hui  ».

«  Du fait des effets de l’exposition aux radiations, je subis des maladies diverses, et la plupart des survivants qui ont frôlé la mort ont également passé leur vie à recevoir des traitements pour diverses maladies  ».

Leurs messages sont clairs :

«  Les armes nucléaires et les êtres humains ne peuvent pas coexister… Je ne veux pas mourir avant de m’assurer qu’il n’y a plus de telles armes sur terre  ».

«  Comme nous ne vous souhaitons pas de connaître de faire l’expérience d’Hiroshima et Nagasaki, nous, les survivants de bombardements atomiques, avons un message en forme d’appel : Nous espérons que les peuples de la terre n’auront pas un jour à verser des larmes de détresse. Nous souhaitons qu’au XXIème siècle, les yeux des enfants de la terre étincelleront d’espoir  ».

«  Si l’humanité ne détruit pas les armes nucléaires, les armes nucléaires détruiront l’humanité  ».

Emouvant, à la limite du supportable.

En deuxième partie, une militante états-unienne a apporté le point de vue des militants pacifistes de son pays .

Après avoir évoqué ces armes effroyables qui ont tué des centaines de milliers d’êtres humains, détruit des centaines de milliers de familles, de vies, en un instant, elle a dit la nécessité d’honorer les populations d’Hiroshima et de Nagasaki qui ont été capables de remettre de la vie dans leurs villes reconstruites là où il n’y avait que des ruines et des morts. Il faut également honorer aujourd’hui les Hibakushas qui ont eu le courage de témoigner depuis six décennies des atroces souffrances provoquées par un bombardement atomique. Ils font comprendre à ceux qui les entendent que notre devoir, puisque nous savons ce qu’est une guerre nucléaire, est de construire un mouvement pour l’abolition des armes nucléaires.

Après avoir demandé pardon pour ce qu’a fait son pays et espéré que son pays demandera un jour officiellement pardon, elle a dressé rapidement ce que fut la course aux armements nucléaires pendant la guerre froide, puis les possibilités ouvertes par l’après guerre froide et les espoirs déçus de ces quinze dernières années.

L’essentiel de son intervention a alors porté sur les dangers de la nouvelle politique de sécurité de l’administration des USA.

Avant le débat qui a suivi, une représentante de l’organisation citoyenne FCO-OP a présenté l’ouvrage en cours de réalisation dont plusieurs tomes sont déjà publié dont l’objectif est de transmettre aux générations futures l’expérience des victimes des bombardements atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. Déjà 147 victimes ont dit leurs expériences et l’association a prévu de publié le 11 ème tome cette année. Le titre de cette publication est : « Hand them down to the next generations ! ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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