Déclaration du Maire d’Hiroshima, Tadatoshi Akiba, le 6 août 2005

 

 

 

 

130 messagers de la Paix français à Hiroshima et Nagasaki, du 1er au 12 août

 

 

 

 

 

 

 

Déclaration du Maire d’Hiroshima, Tadatoshi Akiba, le 6 août 2005

Ce 6 août, le soixantième anniversaire du bombardement atomique, est un moment de douleur partagée, où plus de 300 mille âmes des victimes de la bombe A et ceux qui ont survécu dépassent la frontière entre la vie et la mort pour se rappeler ce jour. C’est également un moment de passation, d’éveil, et d’engagement, au cours duquel rappelés à nos responsabilités individuelles, nous recueillons l’engagement des Hibakusha pour l’abolition des armes nucléaires et la réalisation d’un monde véritablement pacifique, et où nous nous engageons de nouveau dans l’action. Ce engagement renouvelé, s’appuyant sur les désirs de toutes les victimes de guerre et les millions de par le monde qui partagent ce moment, crée une harmonie qui enveloppe notre planète.

L’élément essentiel de cette harmonie est le cri d’alarme des Hibakusha : « Personne ne doit jamais souffrir comme nous avons souffert», ainsi que la pierre angulaire de toutes les religions et de toutes les institutions juridiques : « Tu ne tueras point ». Notre obligation sacrée envers les futures générations est de faire de cet axiome, en particulier son corollaire : « Tu ne tueras point d’enfants », la plus haute priorité pour la race humaine indépendamment des nations et des religions. L’avis consultatif de la Cour internationale de Justice rendu il y a neuf ans a été une étape vitale vers le respect de cette obligation, et la Constitution japonaise, qui fait sienne cet axiome pour toujours en tant que volonté souveraine d’une nation, devrait être la lumière qui guide le monde du 21 ème siècle.

Malheureusement, la conférence de révision du Traité de non-prolifération nucléaire en mai dernier n’a laissé aucun doute sur le fait que les Etats-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne, la France, la Chine, l’Inde, le Pakistan, la Corée du nord et dautres pays souhaitant devenir des Etats nucléaires ignorent les voix de la majorité des individus et des gouvernements du monde, compromettant de ce fait la survie humaine.

S’appuyant sur le dogme « La force fait la loi », ces pays ont formé leur propre « club nucléaire », la condition d’admission étant la possession d’armes nucléaires. Utilisant les médias, ils ont longtemps répété l’incantation suivante : « les armes nucléaires vous protègent ». Démunis de moyens de réfutation, beaucoup de gens à travers le monde ont succombé au sentiment que « nous ne pouvons rien y faire ». Au sein des Nations Unies, les membres de club nucléaire utilisent leur droit de véto pour passer outre la majorité mondiale et poursuivre leurs objectifs égoïstes.

Pour briser cette situation, les Maires pour la Paix, comptant plus de 1080 villes membres, tiennent actuellement leur sixième Conférence Générale à Hiroshima où nous actualisons la Campagne d’Urgence d’interdiction des armes nucléaires, lancée il y a deux ans. L’objectif premier est de produire un plan d’action qui étendra davantage le cercle de coopération formé par la Conférence américaine des maires, le Parlement Européen, l’association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire et d’autres ONG et organismes internationaux et des individus dans le monde entier, et qui encouragera tous les citoyens du monde à prendre conscience de leurs propres responsabilités avec un sentiment d’urgence, « comme si le sort de monde entier reposait uniquement sur leurs épaules », et à travailler avec un engagement renouvelé à l’abolition des armes nucléaires.

À ces fins et pour s’assurer que la volonté de la majorité est reflétée à l’ONU, nous proposons que le Premier Comité de l’Assemblée Générale de l’ONU, qui se réunira en octobre, établisse un comité spécial pour délibérer et planifier la réalisation et la préservation d’un monde exempt d’armes nucléaires. Un tel comité est nécessaire parce que la Conférence du Désarmement à Genève et la Conférence de Révision du TNP à New York ont échoué à cause de la « règle du consensus » qui donne un droit de veto à chaque pays.

Nous espérons que l’Assemblée Générale agira alors suivant les recommandations de ce comité spécial, adoptant d’ici 2010 les étapes spécifiques menant à l’élimination des armes nucléaires pour 2020.

En attendant, nous déclarons par la présente les 369 jours, entre aujourd’hui et le 9 août 2006, « Année de la passation, de l’éveil et de l’engagement ». Au cours de cette année, les Maires pour la Paix, travaillant de concert avec les pays, les ONG et la grande majorité des personnes du monde, lanceront une grande diversité de campagnes pour l’abolition des armes nucléaires dans de nombreuses villes à travers le monde.

Nous attendons du gouvernement japonais qu’il respecte la voix des villes du monde et travaille énergiquement au sein du Premier Comité et de l’Assemblée Générale pour s’assurer que l’abolition des armes nucléaires est obtenue par la volonté de la majorité. En outre, nous demandons que le gouvernement japonais fournisse le soutien chaleureux et humaniste approprié aux besoins de tous les Hibakusha vieillissant, y compris ceux qui vivent à l’étranger et ceux exposés aux radiations dans les zones affectées par la pluie noire.

En ce jour du soixantième anniversaire du bombardement atomique, nous souhaitons rasséréner les âmes de toutes ses victimes en déclarant que nous réaffirmons humblement notre responsabilité de ne jamais « répéter le mal ».

« Qu’ici les âmes reposent en paix ; car nous ne répèterons pas le mal »

6 août 2005
Tadatoshi Akiba
Maire de la ville d’Hiroshima

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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