carnet de bord aurelie royon

 

 

 

 

130 messagers de la Paix français à Hiroshima et Nagasaki, du 1er au 12 août

 

 

 

Carnet de bord d’Aurélie

 

 

 

 

 

 

 

3 et 4 août

Ces deux derniers jours, nous avons participé à la marche de la paix. Quatre japonais sont partis de Tokyo il y a trois mois (le 6 mai) pour arriver à Hiroshima le 4 août . Nous les avons donc accompagnés les deux derniers jours. Le but de cette marche est de clamer leur refus des armes nucléaires et leur attachement à la paix. De très nombreuses marches de ce genre sont organisées dans tout le Japon.

Nous nous sommes donc joints à cette marche et de ville en ville dans la banlieue d’Hiroshima où nous avons été accueillis par les maires qui ont félicité les grands marcheurs et des pacifistes japonais qui nous ont réservé un chaleureux accueil.
Nous nous sommes retrouvés autour d’idées communes et c’était vraiment formidable de ressentir cette fraternité qui s’exprime malgré la barriere de la langue.


Conférence mondiale contre les bombes A et H

Nous avons durant la conférence déplié une banderole de 80 mètres réalisée par des enfants de toute la France (empreintes de mains et messages de paix) qui sera offerte aux villes d’Hiroshima et de Nagasaki à la fin du séjour

En fin d’après midi s’est ouverte la troisième rencontre de jeunes pour la culture de paix.

On nous a diffusé une partie du film Hiroshima mon amour d’Alain Resnais où on voit des reconstitutions des quelques heures suivant le bombardements avec une voix off qui fait des commentaires très poétiques sur les images d’enfants brûlés, pleurant et cherchant leurs parents au milieu des décombres et des cadavres calcinés. On voit aussi des gens brûlants qui se jettent dans le fleuve par centaines (j’avoue que de voir ces eaux noires tous les jours me boulverse, c’est la tombe de milliers de gens atomisés et sa présence est inquiétante).

Témoignage d’une Hibakusha

Tout de suite après une rescapée, une Hibakusha, nous a fait partager son expérience, elle a raconté comment cette belle journée ensoleillée du 6 août s’est transformée en cauchemard, elle a rapporté comment sa famille a été décimée, les terribles brûlures et plaies qui ont emporté ses soeurs et ses parents quelques jours après le bombardement. C’est l’histoire qui s’incarnait dans ce récit, cette femme a vu l’horreur et elle ne peut l’oublier tant elle s’inscrit dans son corps, celui de ces enfants et peut être même petits enfants. Ce sont peut être les séquelles psychologiques les plus importantes, la plupart des jeune de la délégation a été frappée par des dessins d’enfants exposés au musée de la paix, ils représentent tous les mêmes corps allongés, des gens qui flambent comme des torches et se jettent dans les eaux du fleuve.

On ressent vraiment le traumatisme des habitants d’Hiroshima qui est devenue la ville la paix. Il faut venir ici pour comprendre, pour voir, pour ressentir, le lourd passé de la ville et nous ne seront plus tout a fait les mêmes a notre retour.

Aurélie Royon

 

Article d’Aurélie et témoignages de quelques délégués : Guillemette, Michèle, Quentin, Alexandre et Driss

Description de la ville d’Hiroshima : ce qui nous a frappés à notre arrivée, c’est la modernité de la ville composée d’immeubles ultra modernes et de grandes avenues ce qui rappelle que la ville a été entièrement reconstruite depuis1945 .

Le seul bâtiment qui est resté debout est le dôme ancien, office de la promotion de l’industrie, qui est aujourd’hui le symbole de la ville. Il se trouve sur la rive du fleuve Ota et à deux pas du parc de la Paix où se trouvent beaucoup de monuments ainsi que le musée de la Paix que nous avons visité.

Ce musée retrace l’Histoire de cette ville où les montres se sont arrêtées à 8h15, figées par l’explosion de la première bombe atomique qui fut larguée par les USA le 6 août 1945. Cette visite était très attendue bien que redoutée, puisqu’elle devait nous mettre face à l’Histoire. C’est un musée qui se découvre seul tant le sujet et grave et bouleversant. Aucun d’entre nous n’a détourné son attention de l’exposition se confrontant peu à peu aux images d’une ville ravagée par une seule bombe faite pour tuer et celles de centaines de milliers de personnes dont les noms, les visages , les corps ensanglantés et calcinées symbolisent l’horreur de la guerre. Ce n’est que plus tard dans la soirée que nous avons commencé à échanger nos impressions avec des frissons et la voix étranglée. Ce qui nous a tous beaucoup marqués ce sont les dessins d’enfants ou de victimes qui ont survécus au bombardement (photo), ils représentent tous la même chose, des scènes infernales des personnes brûlant et se jetant dans le fleuve. Ces dessins mettent mal à l’aise car ils montrent les séquelles psychologiques dont souffrent les rescapés

Un autre jour, nous avons rencontré des Hibakushas (personnes atomisées) dont les témoignages étaient très durs. Il est très émouvant des les rencontrer, ils sont comme sortis de l’Histoire, ils ont échappé à un évènement terrible et ils ont avant tout à cœur de raconter encore et toujours pour ne jamais oublier et surtout pour que ça ne se reproduise plus jamais. Ils nous ont aussi parlé de leurs difficultés à être reconnus, ils ouvrent des procès collectifs pour obtenir le statut d’Hibakusha et être soignés correctement et surtout gratuitement. Il est important de savoir qu’il existe des Hibakushas de deuxième ou de troisième génération, les personne irradiées peuvent donner naissance à des enfant anormaux, lourdement handicapée physiquement ou mentalement ou qui développent des maladies.

Journée du 6 août :

Commémorations officielles le matin, discours de représentants de l’Etat et lettre de Kofi Annan. Lâcher de colombes ; Moment fort : la minute de silence à 8h15, on imagine vraiment ce qui s’est passé il y a 6O a Cette journée a été spéciale pour tout le monde. J’ai recueilli quelques témoignages des gens de la délégation dont deux personnes de Vénissieux (69) Guillemette (14 ans) et Michèle Montézin ont apprécié la cérémonie des lanternes le soir du 6, on pose des lanternes lumineuses multicolores sur la rivière, elles y ont vu un symbole d’espoir de Paix. Cette cérémonie a touché tout le monde, l’ampleur de la manifestation a impressionné Quentin (18 ans, Dijon) et Alexandre (19 ans, Quimperlé) pendant des heures on voit des milliers de lanternes descendre le long du fleuve, ce moment festif , où se retrouvent des milliers de personnes est pour eux émouvant car il montre l’ampleur du souvenir. Alexandre regrette cependant qu’il n’y ai pas plus de représentants officiels étrangers ce qui aurait montré que ces commémorations ne sont pas seulement l’affaire des japonais. Pour Driss (24 ans, Saint Ouen), les commémorations officielles étaient trop bien rôdées, il n’a pas ressenti l’émotion escomptée, en revanche, la cérémonie des lanternes l’a poussé au recueillement, il a trouvé ce moment magnifique et « des émotions se sont invitées sans autorisation ». Pour ma part c’est le moment où toute la pression et l’émotion contenues ces derniers jours est ressortie, je n’ai pu retenir des larmes en pensant que ces lanternes représentaient les morts de la rivière qui, 60 ans après des scènes épouvantables, étaient symbolisés par ces lanternes descendant calmement au fil de l’eau. C’était un magnifique moment.

Aurélie Royon


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Facebooktwittermail