Réunion du matin :
Evelyne de l’Appel des cents pour la Paix se sent inefficace en raison de l’obstacle de la langue avec l’omniprésence de l’anglais. Elle souhaite que l’ambassadeur de France « ravi de notre initiative » puisse peser pour davantage de traductions en Français. Pierre rappelle la longue marche de l’élargissement aux ONG : victoire d’avoir une salle pour les ONG (avec un photocopieur) et une présence physique essentielle qui a surpris pas mal d’ambassadeurs. Sophie qui est présente tous les matins à la conférence d’Abolition 2000, fera passer la message. Pierre rappelle qu’on peut aller sur le site de l’ONU pour consulter l’intégralité des conférences. On peut aussi avoir la traduction au Bureau de presse.
Pierre nous fait un compte-rendu de la séance d’ouverture du TNP du 3 mai :
Beaucoup de maires sont rentrés, ils ne sont là que pour 2 jours et occupent la place à l’assemblée générale (séances plénières tous les jours à 10h00 et à 13h00). Toutefois, 25% de la salle reste vide. Une régulation semble devoir s’effectuer. Daniel nous confortera dans ce sens durant l’après-midi.
Le Brésil dirige la conférence, la non prolifération a pour présidence l’Indonésie, la Hongrie pour le désarmement et le devenir des produits nucléaires pour la Suède. La Roumanie est chargée du comité de rédaction.
Koffi Annan a ouvert la conférence « la guerre froide a disparu, mais la menace est toujours présente, une catastrophe est toujours possible. » Toutefois, il y a une progression du nombre d’Etats dénucléarisés. Rappelons que la France n’a adhéré qu’en 1992 et que ce sont les Etats Unis qui ont mis en place le TNP après la crise de Cuba. Le secrétaire général rappelle que l’échec du TNP serait lourd de conséquences. La seule voie possible est la destruction totale , les hommes doivent s’unir ou périr tous ensemble. M. El Baradei, en parallèle, rappelle que la démocratie est une démarche lente, frustrante, lourde mais que c’est la seule voie possible.
Une multitude de rendez-vous est proposée dans la journée :
9h30 : Rendez-vous avec l’ambassade du Mexique
10h00 : Conférence sur l’Uranium appauvri
10h20 : rencontres de quelques personnes avec des enseignants retraités apprenant le français et désireux d’en savoir plus sur le pacifisme (suite d’une rencontre de Pierre dans l’avion)
12h00 : rencontre avec les maires français pour la Paix sous la direction de M. Daniel Fontaine.
13h00 : rencontre avec notre homologue pacifiste japonais : Gensuikyo
13h15-14h45 : conférence sur le leg des armes nucléaires.
14h15 : rencontre des lycéens japonais avec les jeunes.
16h-18h00 : est-ce que la CIJ devrait juger le respect de l’article VI ? Possibilité de revenir devant la cours mondiale.
17h30 : rencontre avec l’ambassade du Pakistan
17h30 : rencontre avec l’ambassade du Brésil
Visite d’un représentant de l’ambassade du Mexique
Nous nous rendons près de l’ambassade du Mexique, près de l’ONU, Plaza 2, 28 ème street. Nous y rencontrons M. De Alba, permanent à Genève et il s’exprime en français couramment. Il nous dit qu’il a marché lui-même avec la délégation mexicaine dimanche dernier et qu’il a remarqué l’importance de notre banderole. Nous sommes très intéressés car son pays fait partie, avec les autres états d’Amérique latine, d’une des 4 zones dénucléarisées du monde. (Antarctique, Afrique, Pacifique Sud). Il dit fermement sa conviction, personne ne peut être en sécurité quand il y a des armes nucléaires, la dissuasion est un leurre. L’article 6 est très ambigu et il demande l’opinion de la cours internationale de justice. Il s’inquiète : il y a plus d’armes aujourd’hui qu’il y a trente ans au moment de la signature. Si on arrive à imposer l’obligation de la destruction, comment arriver à le réaliser ?
Pierre souligne l’importance de la réunion de Mexico, l’ambassadeur renchérit : c’est la première fois que les pays des 3 zones dénucléarisés se réunissent et se retrouvent en si grand nombre (plus de la moitié des pays du monde. Les petits n’ont pas pu venir faute moyens : aucune aide). C’est l’appui de l’Amérique latine qui a rendu possible cette réunion avec l’aide de la Suède et de la Nouvelle Zélande.
Des pays, dont la France, n’ont pas suffisamment estimé cette démarche (importance secondaire du représentant). Il estime que la plupart des membres font leur travail pour faire pression sur les extrêmes. La participation des ONG lui semble indispensable et il les considère comme des partenaires qui, avec la pression de l’opinion publique des Maires, des scientifiques vont faire changer la façon de négocier en matière de désarmement. La conférence de révision a une dynamique propre mais ne saurait être considérée comme parallèle à celle de l’ONU. Un traité sans les puissances nucléaires n’aurait pas de sens. A la fin de ces travaux, une déclaration approuvée a été transmise à l’ONU.
Des progrès à faire pour arriver à une vision plus équilibrée des piliers du désarmement. Respect est le mot clé. Que signifie respecter l’article 6 en nombre, en date, en prohibition de la recherche ?
Rencontre avec l’ambassade du Brésil
Tard, en fin d’après-midi, nous parvenons à rencontrer Santiago Moreo, directeur aux Affaires étrangères, secteur désarmement pour le Brésil, autre puissance de la zone dénucléarisée, ex puissance nucléaire qui est un exemple du processus de désarmement. Il nous dit que la Conférence ne s’est pas ouverte dans une bonne ambiance : on essaie de focaliser sur la non prolifération mais il estime qu’une stratégie durable de non prolifération doit s’assortir d’une réduction significative des armes nucléaires et marcher vers la prohibition totale des armes.
Le paradigme de la dissuasion sert à développer l’idée de la non prolifération. Or, il faut désarmer parce qu’il faut désarmer. Si on veut que le traité survive, il faut l’équilibre des 3 aspects de ce traité : non prolifération, désarmement et accès à l’usage des technologies pour le développement. Jusqu’où avancer pour avoir un document équilibré ? Avec le Brésil, beaucoup de pays pensent que c’est possible. Il souligne l’importance de la conférence de Mexico, l’introduction satisfaisante de Kofi Annan et de M. El Baradein à l’ouverture de la Conférence de révision.
Le Brésil demande aux trois pays hors traité d’adhérer et de les faire rentrer sans condition sinon, il faut changer le traité. Il estime que le TNP n’a pas si mal marché ainsi que l’AIEA. Les nouvelles puissances nucléaires n’ont pas adhéré au Traité et sont donc situées en marge de la communauté. Par ailleurs, les zones libres d’armes nucléaires sont parvenues à se développer et constituent un message très fort pour faire avancer l’agenda.
Il a une réflexion sur l’importance du mouvement d’opinion dans les années 80, pour lui, l’élimination des armes intermédiaires s’est faite sous la pression de la société civile. Après la fin de la guerre froide, il y a eu une certaine démobilisation de l’opinion.
Au retour de l’Hôtel, nous faisons connaissance de Liliane, la professeur de français rencontrée dans l’avion. Son enthousiasme nous rafraîchit, elle nous dit l’intérêt pour ses élèves retraités d’avoir rencontré les jeunes, éprouve du plaisir à nous gâter par des friandises et nous donne « des tuyaux » pour profiter de la ville de New York.
Fabien arrive. Visiblement, il est ravi lui aussi par l’accueil de ces américaines qui s’intéressent à Pagnol, à leur accent du sud mais aussi s’intéressent à la raison profonde de leur présence à New York et questionnent sur le pacifisme.
Fabien nous donne aussi ses impressions sur le rendez-vous à l’ambassade du Pakistan. Bon accueil. Dans le contenu, cette puissance nucléaire, hors TNP, se sent en état d’agression par rapport à l’Inde. Histoire déjà longue. Il n’exclut pas la possibilité de rentrer dans le TNP si un désarmement contrôlé des autres puissances nucléaires est effectué, notamment celui de la Chine.
Sophie nous dit ses impressions concernant la conférence sur l’uranium appauvri. Visiblement, le témoignage d’une américaine l’a beaucoup émue. Le fait est nié par la société, cette américaine malade a eu des difficultés à se faire soigner, la famille s’est éloignée d’elle. Une chape pesante pèse sur toute la société et les bouches ne peuvent s’ouvrir vraiment.


