Contributions Planète Paix : Etre plus audibles

Edith Boulanger (92)

Etre plus audibles

Des milliards de personnes dans le monde souhaitent la paix. Pourtant, alors que sont nombreux les bénévoles, les ONG, les lois, les institutions et certains politiques qui œuvrent pied à pied dans la construction de la paix à travers ses multiples facettesdans les 8 domaines de la culture de la paix, la visibilité des acteurs de paix n’est pas à la hauteur des enjeux.

L’individu isolé n’existant pas, y aurait-il un problème de communication entre tous ces acteurs de paix, de rejet par les médias, de non  identification de ce qui relève de la lutte pour la paix, sujet non porteur, voire tabou ?

Serait-il plus porteur,et pour quel publicsupposé,de mettre l’accent sur tout ce qui parle de violences personnelles et collectives, de stigmatisation des différences, d’instrumentalisation par des leaders religieux ou politiques d’évènements historiques plus ou moins lointains. « La peur est un ressort puissant que les responsables politiques et les médias peuvent exploiter pour assurer la cohésion psychologique d’un groupe, dresser des barrières et accentuer le clivage avec d’autres groupes (nationaux, religieux, ethniques..) » d’après Madeleine Caspani- Mosca1.

Pourquoi évoque-t-on si peu les avancées dues à l’homme, par exemple l’existence de lois universelles rédigées avec enthousiasme après la 2ème guerre mondiale, l’augmentation des connaissances des sciences humaines, des neurosciences, de la médecine, de l’Univers … Pourquoi interprète-t-on les évènements belliqueux à travers les personnalités des dirigeants et non à travers les lois existantes :comment ne pas évoquer les traités d’interdiction des essais des armes atomiques et du TNP à propos des tensions crées par les essais atomiques en Corée du Nord entre D. Trump et Kim Jong-Un ?

Ma priorité est que tous les mouvements pacifistes se fassent entendre bien au-delà du cercle trop restreint des militants. Cela nécessite bien sûr un renforcement de notre Mouvement et une ouverture accrue vers toutes les associations œuvrant pour la paix et une consolidation des collectifs déjà existants. Cela nécessite aussi de convaincre nos semblables que la construction de la paix est possible, accessible à tous les citoyens et enthousiasmante, car c’est le seul chemin possiblepour l’avenir de l’humanité.

N’est-il pas dit que le terrorisme senourrit de publicité et d’audience pour légitimer son actionet agrandir le nombre de ses adeptes. N’est-il pas dit que le terrorisme représente la plus grande menace et que l’état doit nous en protéger. Pourquoi ne pas informer des conséquences environnementales et humaines des armes nucléaires si une explosion venait à se produire ? Est-ce parce l’homme préfère évacuer l’impensable, qu’aucune solution n’est envisageable ? Pourquoi taire la bonne nouvelle qu’a représentée la signature du traité d’interdiction de ces armes à l’ONU le 7 juillet 2017 ? Faut-il attendre que le Prix Nobel de la Paix soit attribué le 6 octobre à ICAN pour qu’enfin le monde mentionne la lutte contre cette arme de destruction massive ?

Croire ou savoir ? Aux lendemains du prix Nobel de la Paix pour ICAN, faisons entendre notre voix et affirmons avec la légitimité d’une telle récompense que la croyance en la dissuasion nucléaire pour assurer notre sécurité, croyance totalement irrationnelle, est une illusion irresponsable.

Le rôle d’un mouvement de paix est de mettre tout en œuvre, du quartier à notre planète, pour informer, pour susciter des réflexions sur notre « sécurité humaine », tous ensemble.

1 L’arme nucléaire interroge le psychanalyste. Questions contemporaines sur la destructivité, le sujet et le groupe de Madeleine Caspani-Mosca. Éditions Mimésis-Psychanalyse (2017).

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