Depuis quelques jours, l’Europe politique s’est élargie. Depuis l’Atlantique, elle se rapproche peu à peu de l’Oural. Ce sont maintenant 24 pays aux histoires et cultures différentes qui poursuivent un projet commun. Un projet de constitution européenne est en discussion. Doit-on se réjouir de ces évolutions ou les craindre ? Peut-on séparer la question de la nécessité ou non de construire l’Europe de celle des objectifs et de la méthode pour y parvenir ?
Alors que les conflits les plus sanglants du 20 ème siècle sont partis du sol européen, cela semble peu probable aujourd’hui. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus aucun risque mais que de chemins parcourus depuis 60 ans. En Europe, des femmes et des hommes ont pris à un moment donné la décision de construire des projets communs plutôt que de pousser les peuples à entretenir la haine et à s’entretuer. La perspective de la Paix retrouvée sur le vieux continent en a été un des moteurs incontestables.
Si l’élargissement de l’Union Européenne se conçoit dans une stratégie de contrepoids politique, économique, militaire et culturel face aux continents américains ou asiatiques, il s’inscrira dans une logique de guerres et de domination qui n’apaisera aucune des tensions du monde. Les peuples n’ont pas besoin de nouveaux blocs, fussent-ils géographiques.
Si l’Union Européenne s’inscrit dans une politique de sécurité humaine et de culture de Paix alliant progrès économique, justice sociale et développement durable, alors elle sera une pièce maîtresse d’un nouveau monde en construction.
Nous avons besoin d’une telle Europe capable d’uvrer à l’élimination des armes nucléaires et de solidariser les peuples autour d’un projet commun alliant développement et justice pour le mieux être de tous. Cela nécessite une construction qui respecte les peuples et leurs cultures sans leur imposer de modèle économique irréversible. Cela demande d’associer les peuples à cette construction par un référendum sur une éventuelle constitution.
Si les peuples d’Europe décidaient d’une constitution commune, le Mouvement de la Paix proposerait qu’elle inscrive dans son article premier « L’Europe rejette la guerre comme instrument de résolution des conflits internationaux et reconnaît le droit à la paix comme un droit fondamental. L’Europe promeut la création d’un ordre mondial pacifique et démocratique et soutient le renforcement et la démocratisation des Nations Unies et le développement de la coopération internationale. »
Cette proposition a déjà reçu le soutien de milliers de français, de personnalités et d’organisations. Elle sera au centre des initiatives prises à Caen le 9 mai et à Carentan le 23 mai par les comités normands du Mouvement de la Paix.
Pierre Villard |


