Elections 2007 – Collectif Montpellier

 

Elections 2007

 



– télécharger les “30 urgences pour cultiver la Paix du quartier à la planète” publiées par le Mouvement de la Paix
(version couleur)
(version noir et blanc)

– télécharger les “30 urgences pour cultiver la Paix du quartier à la planète” publiées par le Mouvement de la Paix (version couleur) (version noir et blanc)

– télécharger “Infos-Paix – spécial présidentielle” avec l’ensemble des réponses des candidats

– consulter les réponses des candidats du premier tour de l’élection présidentielle :
François BayrouOlivier BesancenotJosé BovéMarie-Georges BuffetPhilippe De VilliersArlette LaguillerFrédéric NihousGérard SchivardiSégolène RoyalNicolas SarkozyDominique Voynet

– consulter des élements comparatifs des programmes publiés par Planète Paix n°521

– prendre connaissance des initiatives de nos partenaires :
* Enseignants pour la paix,
* Plateforme des ONG françaises pour la palestine,
* CRID (Centre de recherche et d’Informations pour le Délevoppement),
* ICD (initiatives citoyenneté défense),

* ARAC (association républicaine des anciens combattants),
* Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté,
* Collectif d’associations de Montpellier,
* Déclaration commune FNTE-CGT et Mouvement de la Paix,
* Association des Vétérans des Essais Nucléaires,
* Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire,
* Association Moruroa e tatu,
* Coordination française pour la décennie,

 

 

Adresse aux candidats à l’élection présidentielle
réalisée par un collectif d’associations de Montpellier

Les Amis de la Terre, Le Centre de Documentation et de Recherche sur la Paix et les Conflits (CDRPC), la Coordination de l’Action Non-Violente de l’Arche (CANVA), Greenpeace Montpellier, la Ligue Internationale des Droits de l’Homme, le Mouvement de la Paix, le Mouvement pour une Alternative Non-violente (MAN), le Mouvement pour le Désarmement, la Paix et la Liberté (MDPL), le Mouvement International de la Réconciliation (MIR), Les Paysans du Larzac.


Madame la candidate aux élections présidentielles
Monsieur le candidat aux élections présidentielles,

                               Vous avez décidé de vous présenter aux suffrages des électeurs pour prendre en charge les destinées de notre pays. Parmi tous les problèmes auxquels vous aurez à faire face, nous voudrions tout particulièrement attirer votre attention sur l’un d’eux soigneusement ignoré par la plupart des hommes  politiques et des médias, nous voulons vous parler de l’armement nucléaire. Etant donné le caractère particulièrement grave de ce problème, nous avons adressé à Jacques Chirac une lettre qui s’adresse aussi à vous et plus particulièrement à celle ou à celui qui sera élu au deuxième tour.

                               Si nous faisons cette démarche, c’est pour que le nouveau gouvernement mette dans les plus brefs délais un terme à la trahison par l’Etat français du TNP, le Traité de non prolifération qu’il a lui-même signé. Dans ce traité, l’article VI spécifie que tous les signataires se doivent de s’engager dans la voie du désarmement nucléaire. Or, en développant et en perfectionnant ses divers programmes, la France prend le chemin inverse, ce qui explique, pour une bonne part, la relance du processus  de dissémination par d’autres pays  comme la Corée du Nord ou l’Iran. Le comportement irresponsable des gouvernements (dont le nôtre) qui font partie du Conseil de sécurité ne peut qu’aggraver  la situation en stimulant la dissémination de ces armes.

                               Une fois élu(e), allez-vous faire vôtre l’idéologie nucléaire et tous les mensonges qu’elle recèle ? Ainsi à chaque retour de mission (qui dure 70 jours) on fait croire à la centaine de sous-mariniers des sous marins nucléaires lanceurs d’engins qu’ils ont bien défendu la France, alors qu’avec leur potentiel de destruction de 1000 Hiroshima, on leur a fait courir le risque de déclencher un cataclysme sans précédent contre notre planète et donc contre l’humanité et dont nous serions nous-mêmes en partie victimes. Alors que nos dirigeants nous font croire que les expérimentations du Pacifique ont été parfaitement propres et inoffensives, des études épidémiologiques menées par des chercheurs indépendants ont montré que les taux de mortalité dus aux cancers et de naissances avec malformations, étaient nettement plus élevés dans nos îles du Pacifique.

                               La France a un rôle prépondérant à jouer sur la scène internationale pour sortir l’humanité des perspectives suicidaires où la mène cet armement en prenant le leadership du processus de désarmement nucléaire. L’abolition de cet armement est la seule façon possible de mettre un terme à la dissémination  de cette arme on ne peut plus inique. Il nous semble particulièrement urgent une fois élu(e), que vous envisagiez quatre points essentiels :

  1. un moratoire sur les modernisations en cours(missile M51, missile aéroporté, laser Mégajoule, quatrième sous-marin nucléaire, sous-marins nucléaires d’attaque…)
  2. la mise en place d’une commission de parlementaires, d’experts et de représentants d’associations pour élaborer un plan de sortie ;
  3. l’ouverture d’un débat citoyen sur le rôle et l’utilité de la force de dissuasion suivi d’un référendum;

entamer des négociations, d’abord avec le Royaume-Uni puis ensuite avec les autres Etats membres, sans oublier le Parlement européen, pour la mise en place d’une zone dénucléarisée en Europe.  Un  démantèlement des installations puis un reclassement du personnel civil et militaire à des tâches plus utiles permettraient d’ouvrir d’autres perspectives pour la France comme pour le reste du monde.

                               Face au contresens économique colossal que constituent nos dépenses d’armement, et au sujet duquel tous nos grands économistes de droite comme de gauche gardent un silence assourdissant, il est urgent de sortir notre pays d’une économie de guerre  totalement injustifiée et dans laquelle les gouvernements précédents l’ont plongé depuis des décennies. Ainsi on va dépenser 7,9 milliards d’euros pour la construction de six sous-marins nucléaires d’attaque alors qu’on ne sait pas comment reboucher le trou de la sécurité sociale.  Si une fois élu(e), vous continuez à maintenir cette économie de guerre, toutes les mesures sociales que vous avez promises et que vous prendrez ne seront que des demi-mesures et seront pour une bonne part vouées à l’échec. Dans la lettre à Jacques Chirac, le général Eisenhower que nous avons cité,  est parfaitement clair sur les dépenses d’armement  conventionnel lorsqu’il parle du vol des plus pauvres. Merci mon général ! Avec l’armement nucléaire on a affaire à un véritable hold-up.

                               Madame, monsieur le candidat à l’élection présidentielle, avec tout le respect que nous vous devons, nous vous invitons très fermement à sortir, sous le contrôle de l’ONU, notre pays de la barbarie nucléaire afin de mettre en route  un processus de désarmement nucléaire général pour notre pays, pour l’Europe ainsi que pour le reste du monde. Une telle abolition ne peut que profiter au renforcement de la paix, des droits de l’homme, de la démocratie, de la justice, de la solidarité internationale, de la protection de l’environnement et de la non-violence.
                          

 

Organisations et mouvements signataires de cette lettre : Les Amis de la Terre, Le Centre de Documentation et de Recherche sur la Paix et les Conflits (CDRPC), la Coordination de l’Action Non-Violente de l’Arche (CANVA), Greenpeace Montpellier, la Ligue Internationale des Droits de l’Homme, le Mouvement de la Paix, le Mouvement pour une Alternative Non-violente (MAN), le Mouvement pour le Désarmement, la Paix et la Liberté (MDPL), le Mouvement International de la Réconciliation (MIR), Les Paysans du Larzac.

Elle est cosignée par : Simone de Bollardière militante de la non-violence, Jean-Jacques de Félice, avocat, Stéphane Hessel, ancien résistant , Albert Jacquard biologiste,  Dominique Lalanne, directeur de recherche au CNRS, Jean-Marire Muller écrivain, philosophe de la non-violence, Pierre Rabhi, écrivain, François Roux, avocat, Patrick Viveret, écrivain, philosophe, Michel Rocard, ancien premier  ministre…

 

                A Jacques Chirac, Président de la République,
                Monsieur le Président,

Au cours de votre visite à la base de sous-marins de l’Ile Longue, le 19 janvier 2006, vous avez affirmé que notre dissuasion nucléaire était  adaptée aux nouvelles menaces et annoncé qu’elle pouvait être utilisée contre les centres de pouvoirs d’une puissance majeure ou régionale qui voudrait s’en prendre à nos intérêts vitaux en ayant recours à des moyens terroristes ou qui envisagerait d’utiliser des armes de destruction massive. Nous tenons à vous dire, monsieur le Président, que ce discours, qui tend à banaliser l’usage éventuel de l’arme nucléaire, nous afflige et nous consterne profondément. Toute menace d’utilisation prend en otages de très nombreuses populations civiles et toute frappe, aussi limitée soit-elle, pourrait déclencher le cycle infernal des représailles.
Si, dans notre pays, le nucléaire militaire ne fait malheureusement l’objet d’aucun débat public et démocratique, il n’en constitue pas moins un enjeu d’une gravité extrême. Sans débat contradictoire, il est alors aisé d’affirmer que cet armement nous assure une sécurité absolue et de justifier la construction d’un nouveau sous-marin nucléaire Le Terrible, la mise en chantier d’un nouveau missile, le M51, ou encore le programme Mégajoule. Aujourd’hui, les cinq  membres permanents du Conseil de sécurité qui continuent ouvertement de perfectionner leur armement nucléaire, en contradiction avec l’article VI du TNP (Traité de Non Prolifération), qu’ils ont pourtant ratifié, le font dans le mépris le plus total des générations futures.  Ainsi, les traités signés n’étant plus respectés par les membres du Conseil de sécurité, d’autres pays veulent à leur tour s’extraire du cadre juridique de la non prolifération pour posséder cet armement. De quel droit alors peut-on empêcher  d’autres gouvernements de faire leurs les arguments de notre idéologie nucléaire concernant une prétendue sécurité absolue? C’est en voulant faire comme nous, que l’actuel gouvernement de l’Iran comme celui de la Corée du Nord tentent d’accéder au club nucléaire, qu’on pourrait très bien appeler aussi le club des « États voyous ». Au mois de janvier, les membres du Conseil du BAS (Bulletin of Atomic Scientists) parmi lesquels se trouvent 18 prix Nobel ont affirmé qu’il était de leur responsabilité d’alerter l’opinion publique mondiale sur les menaces d’apocalypse  que font peser l’armement nucléaire ainsi que le dérèglement climatique. Par delà l’aveuglement de tous ces gouvernements, il faut bien reconnaître que les détenteurs de l’armement nucléaire le plus puissant de la planète ont subi l’échec le plus retentissant lors de la tragédie terroriste du 11 septembre 2001. Aussi il nous est difficile de vous comprendre lorsque vous affirmez  que « Face à des menaces en constante évolution, la dissuasion nucléaire garantit nos intérêts vitaux ».

                                               Monsieur le Président, la France, (longtemps considérée comme  la patrie des droits de l’homme), ne se déshonore-t-elle pas en possédant une arme aussi effrayante? En comptant tous nos missiles, nous atteignons une puissance de destruction de 61.200 kilotonnes de TNT. C’est à plus de 4000 Hiroshima qu’on peut estimer notre puissance de destruction, ce qui correspond, sur le plan des victimes, à plusieurs centaines de millions de morts(1). « Les armes ont été de tout temps les instruments de la barbarie » (2). Or la barbarie nucléaire n’a rien à envier aux autres barbaries, puisqu’elle est de loin, la pire des barbaries.  Comment la France, monsieur le Président, peut-elle accepter un tel crime potentiel contre l’humanité, comment peut-elle accepter une telle aberration? Vous qui, à juste titre, avez voté, il y a 25 ans, l’abolition de la peine de mort, ne pensez-vous pas  qu’il est grand temps de passer à l’abolition de l’arme nucléaire ? Au début du mois de février, vous avez pris une excellente initiative en préconisant une agence de l’ONU consacrée à l’environnement. Comment alors pouvez-vous maintenir notre armement nucléaire étant donné tous les  cataclysmes qu’il peut déclencher ? Cet armement n’est-il pas une des plus fortes négations de la solidarité humaine?  Or nous vous savons très concerné par les problèmes de solidarité. C’est de solidarité active que les femmes et les hommes de notre pays ainsi que l’humanité tout entière ont besoin et non de bombes atomiques ou d’autres armes particulièrement meurtrières. Comme vous le savez, nul ne peut servir deux maîtres, surtout deux maîtres aussi radicalement opposés. C’est dans un contexte de solidarité que les conflits et surtout les germes de conflits peuvent trouver, par le biais d’une véritable diplomatie de la médiation et un soutien actif aux ONG(3) qui s’investissent pour la paix, une solution juste et satisfaisante.

                                               Le développement de certaines armes (obus à uranium appauvri, bombes à sous munitions, bombes à fragmentation…) relève, comme pour le nucléaire, d’une utilisation criminelle de la science et de la technologie. A cause de nos dépenses pour entretenir et perfectionner  tous nos armements, c’est un véritable boulet économique que nous traînons. Il constitue l’une des principales causes de notre déficit budgétaire et il nous interdit d’avoir une véritable politique sociale de solidarité. Nous ne pouvons passer sous silence le poids énorme de notre surarmement, qui,  par le trafic des armes et toutes les conséquences dramatiques qu’il engendre, nous a compromis et nous compromet avec les pires dictatures, comme celle de Saddam Hussein.

                                L’abolition de l’arme nucléaire permettrait de dégager d’importants moyens. Une partie de ces moyens pourrait permettre de renflouer les budgets de certains ministères, afin qu’ils puissent remplir correctement leurs missions (Education, Justice, Affaires sociales…). Une autre partie pourrait permettre de lancer une véritable politique de co-développement avec les pays du Sud pour leur permettre de s’extraire de la  misère dans laquelle nous les maintenons. Le coût social inadmissible des dépenses d’armement a été très bien souligné par le général Dwight Eisenhower lorsqu’il a dit : « Chaque canon qui est fabriqué, chaque nouveau navire de guerre  mis à flot, chaque fusée mise à feu, signifie au bout du compte un vol vis-à-vis de ceux qui ont faim et qu’on laisse sans nourriture, de ceux qui ont froid et qu’on laisse sans vêtement »(4).

                               Notre société, qui se mondialise sous l’égide des grands intérêts et qui se veut toujours plus compétitive, instaure un climat de guerre économique généralisée. Elle rejette sur les bas-côtés de l’autoroute des profits toujours plus grands, des femmes, des hommes et surtout des jeunes qui n’ont pas acquis tous les moyens nécessaires pour se défendre et se faire une place dans une société toujours plus impitoyable. Comme le montrent bien des situations, la grande pauvreté gagne des couches toujours plus larges de notre société.
 
                               Pour toutes ces raisons, nous tenons à vous dire, monsieur le Président qu’en prenant sous votre présidence, la décision courageuse de démanteler son armement nucléaire sous le contrôle de l’ONU, la  France aurait pu ouvrir la voie à un désarmement généralisé et à un arrêt à la dissémination de cet armement. Elle aurait pu alors se donner les moyens d’une véritable politique sociale vis-à-vis des Français les plus déshérités et  apporter au tiers-monde une aide autrement plus substantielle tout en établissant des relations économiques plus équitables. Cette aide aurait compensé à peine les pillages que nos grandes nations ont opérés dans leurs richesses depuis le début de la colonisation. Il aurait alors été possible de tarir pour une bonne part le flot de désespoir que constituent les immigrés légaux ou illégaux. Ce démantèlement de notre force de frappe aurait redonné un sens à la politique française en lui ouvrant au niveau international des perspectives totalement nouvelles pour promouvoir, en commençant par l’Europe, une politique de désarmement nucléaire généralisé, de solidarité, de paix, et donc d’espoir pour un monde qui en a tant besoin.

                                Si nous faisons cette démarche auprès de vous, c’est pour des raisons diverses, qui nous sont propres, et qui concernent l’éthique, la justice, la paix, la solidarité humaine, la démocratie, le respect de l’environnement ou, pour certains, nos croyances religieuses, valeurs qui sont toutes radicalement incompatibles avec l’armement nucléaire et son idéologie.
                              
Veuillez agréer, monsieur le Président, l’expression de nos sentiments respectueux .
                                                              


Organisations et mouvements signataires de cette lettre : Les Amis de la Terre, Le Centre de Documentation et de Recherche sur la Paix et les Conflits (CDRPC), la Coordination de l’Action Non-Violente de l’Arche (CANVA), Greenpeace Montpellier, la Ligue Internationale des Droits de l’Homme, le Mouvement de la Paix, le Mouvement pour une Alternative Non-violente (MAN), le Mouvement pour le Désarmement, la Paix et la Liberté (MDPL), le Mouvement International de la Réconciliation (MIR), Les Paysans du Larzac.

Elle est cosignée par : Simone de Bollardière militante de la non-violence, Jean-Jacques de Félice, avocat, Stéphane Hessel, ancien résistant , Albert Jacquard biologiste,  Dominique Lalanne, directeur de recherche au CNRS, Jean-Marire Muller écrivain, philosophe de la non-violence, Pierre Rabhi, écrivain, François Roux, avocat, Patrick Viveret, écrivain, philosophe, Michel Rocard, ancien premier  ministre…

PS. Cette lettre sera transmise pour information aux candidats aux élections présidentielles.

(1) Le TNT ou trinitrotoluène est l’un des explosifs chimiques les plus puissants. La puissance de la bombe d’Hiroshima, qui a fait près de 140 000 morts correspondait à 15 kilotonnes de TNT. Si on fait un calcul rapide en supposant qu’il y ait proportionnalité, les chiffres plus précis sont de 4080 Hiroshima et 571 millions de morts, soit près de dix fois la population de la France, ce que certains  osent qualifier de « stricte suffisance ».

(2) Général Charles de Gaulle, Le Fil de l’épée, éditions Plon 1983

(3) Intervention civile de paix, 114 rue de Vaugirard, 75006 Paris, Brigade internationale de paix, 21ter rue Voltaire, 75011 Paris, Association Française des communes, départements et régions pour la Paix (Hôtel de ville, 92 243 Malakoff cedex) du  réseau Mayors for Peace lancé par les maires d’Hiroshima et de Nagasaki en vue de l’abolition de l’armement nucléaire.

(4) International Herald Tribune du 7 juin 2004

 

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