Compte-rendu de la délégation en Israël et palestine du 11 au 19 février 2005
Quels étaient nos objectifs?… évaluer l’évolution de la situation, exprimer notre soutien aux “forces de paix”, élargir l’éventail de nos partenaires Ainsi avons-nous pu réaliser, tant en Israël que dans les Territoires occupés, une vingtaine de rencontres d’ONG, de personnalités, d’élus ainsi que de nombreux contacts avec les populations.
Premiers constats : ESPOIR ET FRAGILITE
Nouvel ESPOIR, devant la volonté de paix et de non-violence portées par Mahmoud ABBAS, auquel le peuple palestinien a donné son accord : démonstration de la maturité politique de ce peuple.
Espoir chez les pacifistes israéliens, aux yeux desquels Sharon n’a plus de prétexte pour refuser de négocier la Paix. Soulagement, devant l’accalmie relative que permet le cessez-le-feu, fut-il provisoire.
Espoir dans une recomposition politique en Palestine, ouvrant des perspectives plus démocratiques
Mais aussi constat de FRAGILITE : les check-points, les contrôles et les difficultés de déplacement demeurent, le social gravement dégradée :de 65 à 70 % de chômeurs et 75% de la population au dessous du seuil de pauvreté.
De plus, bien des interrogations : « Que veut Sharon après l’évacuation de la bande de Gaza, diversion ou première étape ?…quels projets sur la Cisjordanie ? », sur les réactions des colons , opposés à l’initiative, dans le but d’empêcher l’étape suivante : la Cisjordanie, d’intêret bien plus stratégique.
Interrogations sur l ‘armée (cf. les 10 0000 signatures de la pétition refusant de servir “l’évacuation”) et risques pour la démocratie en Israël, avec de sérieuses menaces de l’extrême droite : une société « au bord de l’éclatement », avec un Parti Travailliste jouant sa crédibilité dans son soutien à Sharon, sans garanties de négociations globales.
Enfin, pour combien de temps M. Abbas conservera-il son autorité, sans, que rapidement, le vécu quotidien ne soit changé et que des actes significatifs voient le jour tels que la liberté de circulation, la libération des prisonniers, l’arrêt du MUR, le gel des constructions de logements?…
LE MUR : DES REGARDS PLURIELS
En Palestine, ce Mur, dénoncé comme “mur d’annexion”, d'”emprisonnement”, de mise en enclave de terres, est clairement condamné. Yasser Abed Rabbo, le négociateur de Genève est de ceux la. Selon lui, la frontière de 1967,confirmée par l’ « Accord »signé avant la construction du Mur, en est la négation.
En Israël , approuvé par la majorité de la société, par peur des attentats, il est admis par Shalom Arshav, mais seulement sur la « Ligne Verte », à l’exception de la section de Jérusalem qui elle, le rejette dans son principe, tout comme Gush Shalom, Tayush, PNGO et ses 80 associations..
Résistance et construction de Paix se conjuguent: des actions israélo-palestiniennes se mènent contre le MUR, la démolition des maisons et des cultures, l’aide à la récolte, avec des militants de diverses ONG, y compris de Sh.Ar., en dépit de la diversité de leurs stratégies. Quant à ces diversités celles de Gush Shalom, du PNGO, Tayouss, Sh.Ar., les «Rabbins pour les droits humains », le syndicat HISTRADUT, entre autres – elles n’apparaissent pas comme un obstacle aux convergences sur les objectifs tels que le respect des Droits des Palestiniens, le retrait des colonies et un Etat palestinien viable.
GENEVE : QUEL SOUTIEN DES POPULATIONS ?
Selon certains sondages, et sans référence explicite à Genève, les grands axes de l’ « Accord » – frontières, réfugiés, statut de Jérusalem ont emporté, nous dit on, l’approbation majoritaire des deux côtés : 67 % en Israël et 52% en Palestine.
Pour certains, l’initiative a valeur de « signe », de témoignage du ” possible”, complémentaire des actions menées par quantité d’ONG sur le terrain des droits, de la culture, de l’éducation, de l’opposition au MUR et à ses conséquences. Valeur « d’outil de travail » , en vue d’un accord officiel, ultérieur, au contenu susceptible d’amélioration.
Soutien critique pour d’autres, ou critique sans appel, dans ce contexte de grande lassitude des populations dont l’espoir de paix va de paire avec le doute : « affaire d’élite » – « absence de volonté d’y associer le peuple » – « limite de l’initiative menée par des gens sans pouvoir décisionnel », et surtout, initiative ressentie comme “de nouveaux discours stériles face aux souffrances du quotidien”.
Oui ! il y a vraiment urgence à l’amélioration concrète de leur vécu pour que les gens y croient, tant ont été suivis de souffrances et de déceptions les espoirs précédents mis en OSLO et TABA.
Pour autant, déclare Dan Bitan, responsable de S.A. Jérusalem, « le moment venu, Genève deviendra important. Demain, il portera des fruits : il faudra bien avancer sur des questions concrètes. »
ENFIN, DES APPELS FORTS POUR UNE PAIX JUSTE ET URGENTE
A nouveau, s’expriment des attentes fortes vis-à-vis de l’opinion internationale et des instances européennes. La nouvelle donne, le réel espoir de paix, de fermeté dont témoigne Mahmoud Abbas, appelle les pays du QUARTET à s’engager résolument dans l’application de la “feuille de route».
Dans l’immédiat, oui ! il y a urgence chez nous, à hausser le ton pour que le peuple palestinien retrouve sa liberté de circuler, de travailler, de vivre décemment sa dignité. En ce sens, amplifier, avec nos partenaires, les pressions sur notre gouvernement, sur l’U.E., pour le retrait des colonies, le démantèlement du Mur, la reconnaissance d’un Etat palestinien viable sur les frontières de 1967 avec une solution négociée du Droit au Retour des Réfugiés et Jérusalem double capitale, est plus que jamais d’actualité.
Dans le même temps, avec le collectif « 2 Peuples 2 Etats », poursuivons notre activité de soutien à la démarche de Genève, sans faire l’impasse sur le contexte, en intégrant les raisons des réserves des populations, appuyant le concept d’ « outil de travail », aujourd’hui perspective d’Espoir d’une Paix possible, et demain utile pour les négociations.
Pour la Délégation |
A consulter aussi :
– Les accords de Genève
– Carnet de bord de la délégation du Mouvement de la Paix du 11 au 19 février 2005
– Appel Deux peuples deux états : texte fondateur et appel à signatures


