Combat pour la Paix n°488 – France : Armes nucléaires : les nouveaux défis

 

 

 

 

France

 

 

 

 

 

 

 

Armes nucléaires : les nouveaux défis

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Interview de Jean-Marie Collin, journaliste indépendant et chercheur associé au CDRPC. Spécialisé sur les questions des forces nucléaires françaises et britanniques, des nouvelles armes nucléaires et sur les traités de désarmement nucléaire.

1- Quel est l’état des lieux actuel des forces nucléaires en Europe ?

 

La France et le Royaume-Uni sont les seuls membres de l’Union européenne à disposer et à développer un armement nucléaire. Respectivement quatrième (348 ogives nucléaires) et cinquième puissance nucléaire (185 ogives nucléaires), ces deux États aspirent à maintenir cet arsenal, à la fois comme arme d’ultime recours (bien que l’on assiste à une évolution des doctrines d’emploi des deux côtés de la Manche) et pour disposer d’une voix prépondérante sur la scène internationale. Paris (avec le laser Mégajoule) comme Londres (participation au programme américain National Ignition Facility) mettent en place un programme de simulation nucléaire qui, une fois opérationnel (20/11/2008), leur permettra de concevoir de nouvelles armes nucléaires. Les Etats-Unis entreposent également sur le sol européen 150 ogives tactiques, réparties entre six pays membres de l’Otan.

 

2- Vous avez étudié une proposition d’initiative franco-britannique de désarmement. Quelle est-elle ?

Cette proposition, s’appuie sur le rapport de la Commission Canberra qui définie les étapes nécessaires pour parvenir à un désarmement nucléaire général. Or, depuis le milieu des années 1990, la France et le Royaume-Uni ont développé une politique de désarmement commune au niveau international (notamment avec la signature de traités en commun). Si Paris et Londres prenaient l’engagement officiel d’abandonner l’armement nucléaire dans le cadre de la construction européenne — au travers d’un programme de diminution progressive de leurs arsenaux nucléaires — cela entraînerait une dynamique de désarmement international. En effet, une telle décision serait immédiatement soutenue tant par les membres de l’Union européenne (majoritairement hostile aux armes nucléaires) que par les 111 pays appartenant à une zone exempte d’armes nucléaires. La Russie ne pourrait que soutenir ce projet qui implique de fait le départ de l’arsenal nucléaire américain du sol européen.

 

3- Comment la société civile et les gouvernements peuvent-ils ensemble porter ce projet ?

Soyons clair, un projet aussi ambitieux ne pourra réussir que si la Société civile en est l’initiatrice et le moteur. Seule une importante mobilisation peut conduire les gouvernements à reprendre à leur compte la perspective d’une Europe sans armes nucléaires. Du coup, l’information joue un rôle clé, à condition de l’adapter en fonction de l’auditoire auquel on s’adresse (médias, dirigeants politiques, jeunes, etc.). Il est également important de montrer que l’économie de guerre peut se transformer en une économie de paix (ne serait-ce qu’avec le travail créé par le démantèlement des Infrastructures nucléaires militaires). Une première étape pourrait être le lancement d’une campagne d’interpellation en direction des dirigeants politiques franco-britanniques, en s’appuyant sur les réseaux en faveur du désarmement nucléaire déjà existants dans les deux pays, mais également parmi les autres membres de l’Union européenne. Les prochaines élections européennes comme le projet de constitution peuvent être également des lieux et des temps où poser la question d’une Europe sans armes nucléaires.

Livre de Jean-Marie Collin “Vers une Europe sans armes nucléaires”. En vente au Mouvement de la Paix au prix de 10 € + 1,90 de frais de port. Tél : 01-40-12-09-12

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Facebooktwittermail