Planète Paix n°504 – Mondialiser la Paix : Greenpeace : Il y a 20 ans, coulait le Rainbow Warrior…

 

 

 

 

Mondialiser la Paix

 

 

 

 

 

 

 

Greenpeace : Il y a 20 ans, coulait le Rainbow Warrior…

 

 

 

 

 

 

 

Le 10 juillet 1985, des agents des services secrets français posaient deux bombes sur la coque du Rainbow Warrior dans le port d’Auckland en Nouvelle-Zélande. Le navire coula et Fernando Pereira, membre de l’équipage et photographe de Greenpeace, mourra noyé, piégé dans sa cabine. Le navire devait participer à une flottille de la paix contre les essais nucléaires en Polynésie française. L’Etat français mit plusieurs semaines à reconnaître sa responsabilité.

Xavier Renou, chargé de la campagne pour le désarmement nucléaire à Greenpeace-France, revient sur l’urgence de remobiliser l’opinion publique.


Comment Greenpeace prépare ce 20 ème anniversaire du sabotage du Rainbow Warrior ?

Cet attentat a marqué la mémoire et l’identité de notre organisation : un militant tué, notre navire amiral coulé. Pour nous, le nucléaire n’est pas seulement une menace pour l’humanité, il est aussi fondamentalement un déni de démocratie. Cette affaire est devenue rapidement un scandale d’Etat. Notre souci a toujours été de replacer la question des essais au cœur de notre combat. Dans les semaines qui ont suivi l’attentat contre le Rainbow Warrior, nous avons mobilisé d’autres navires de par le monde pour poursuivre le combat à Moruroa. Pour le 20 ème anniversaire, nous souhaitons moins commémorer cet acte de terrorisme d’Etat que de montrer à l’opinion publique que la menace nucléaire continue et que le combat doit se poursuivre.

Greenpeace a décidé de relancer sa campagne pour le désarmement nucléaire. Comment cela se traduit-il ?

Les puissances nucléaires reviennent aujourd’hui sur les progrès en matière de désarmement nucléaire et se dotent de nouvelles armes. Le danger est réel de voir des armes nucléaires utilisées sur le champ de bataille. Nous avons donc décidé de réinvestir fortement le domaine du désarmement. En 2003, nous lancions les Cellules Citoyennes de Contrôle et d’Inspection des sites et matières nucléaires, qui s’opposèrent par exemple au transport de plutonium en France, une matière qui est utilisée dans les bombes. Cette année, pour dénoncer la violation du TNP par la France, nous avons organisé des inspections citoyennes sur les sites militaires nucléaires, et porté plainte contre l’Etat français pour crime contre la paix.

2005 est bien sûr l’anniversaire terrible de la destruction nucléaire d’Hiroshima et Nagasaki. Nous allons nous associer aux diverses cérémonies de commémoration et de protestation qui se tiendront en août en France et dans le monde et commémorer l’anniversaire de la destruction du Rainbow Warrior par divers événements. Nous avons participé au lancement de la campagne nationale pour le désarmement nucléaire coordonnée par le Mouvement de la Paix. Nous soutenons la plateforme et avons contribué à la diffusion des pétitions via nos groupes locaux. Aujourd’hui, nous souhaitons aller plus loin avec le Mouvement de la Paix : nous avons beaucoup à apprendre l’un de l’autre ! Et le mouvement pacifiste a besoin d’unité pour mobiliser le plus grand nombre.

Pour Greenpeace, quelle est l’urgence en matière de désarmement nucléaire ? Comment voyez-vous évoluer la situation des armes nucléaires dans le monde ?

La prolifération s’étend, les armes nucléaires se banalisent et le risque d’utilisation augmente. Cette perspective, qui fait de la destruction massive de populations civiles une stratégie acceptable, est criminelle. L’urgence est de dénoncer la violation par les grandes puissances nucléaires du TNP, c’est l’origine d’une véritable course à la bombe chez les puissances non nucléaires : c’est de nos armes nucléaires et de nos guerres préventives que ces Etats cherchent à se protéger en se dotant de bombes nucléaires.

Nous sommes aussi inquiets de voir que la prolifération est alimentée par le commerce de l’expertise, des technologies et des matières nucléaires dites « civiles » auquel se livrent les grandes puissances. Voir la France vendre des capacités nucléaires à la Libye ou à l’Iran après le Pakistan, alors qu’on sait qu’ils sont susceptibles de s’en servir pour développer leurs bombes est irresponsable et criminel. Cela doit cesser. Notre objectif à court et moyen terme est de contribuer à exposer la réalité nucléaire, en France et dans le monde, et à mobiliser l’opinion publique en faveur du désarmement.

Interview réalisée par Bruno Lefort

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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