En 1982, une commission internationale dirigée par le Premier ministre suédois Olof Palme, publiait le rapport intitulé “Sécurité commune : un programme de désarmement”. Ce rapport développait un concept nouveau, la sécurité commune. 40 ans plus tard, un nouveau rapport vise à réactualiser le rapport de la Commission Palme et à l’adapter aux conditions du monde d’aujourd’hui.
Il y a quarante ans, en pleine guerre froide, il était devenu évident qu’une guerre nucléaire ne peut pas être gagnée et que la compétition militaire et la dissuasion nucléaire ne peuvent apporter la sécurité à laquelle les peuples aspirent. C’est dans ce contexte que la Commission Palme émit une idée assez simple dans son évidence et pourtant occultée jusqu’alors par la culture de guerre et de la loi du plus fort, l’idée selon laquelle les nations et les populations ne peuvent se sentir en sécurité que lorsque leurs homologues se sentent eux-aussi en sécurité. A l’idée de compétition, il était proposé de substituer l’idée de coopération, appuyée sur une série de principes et de recommandations visant à établir les relations internationales sur de nouvelles bases.
L’apport essentiel de la Commission Palme, ce fut cette notion de sécurité commune qui a inspiré les travaux ayant conduit à l’adoption en novembre 1990 de la « Charte de Paris pour une nouvelle Europe » et à la transformation en 1995 de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) en Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
La sécurité commune au 21ème siècle
Le quarantième anniversaire du rapport Palme fournissait l’occasion de réinterroger le concept de sécurité commune. Est-il encore opérant pour le monde d’aujourd’hui où l’ordre international est confronté à d’énormes défis, qu’il s’agisse avant même la guerre de la Russie contre l’Ukraine, de l’incapacité à enrayer le changement climatique, de la réponse disparate et inégalitaire à la pandémie de COVID-19 ou des multiples conflits non résolus par la communauté internationale ?
Trois organisations internationales, le Centre international Olof-Palme le Bureau International de la Paix (BIP/IPB) et la Confédération Syndicale Internationale (CSI/ITUC) ont mis en place une « commission consultative de haut niveau » constituée de responsables politiques, de diplomates, d’experts, de militants de la paix, de syndicalistes issus de différents pays de la planète, puissances nucléaires, pays riches, pays émergents, pays pauvres ; elles ont aussi organisé sept webinaires portant sur des thèmes liés à la paix et la sécurité dans le monde. Tous ces travaux ont abouti à la rédaction du rapport intitulé « Sécurité Commune 2022 » qui a été rendu public fin avril 2022.
Que contient ce rapport SECURITE COMMUNE 2022 – Pour notre avenir partagé ?
Le document rappelle et reformule les six principes sur lesquels repose la notion de sécurité commune ; il lance ensuite un appel à l’action et formule une série de recommandations qui constituent des pas en avant dans le processus visant à éliminer la menace de l’anéantissement nucléaire et à inverser la logique nourrissant la guerre. Il s’agit de mesures pratiques, qui établissent en même temps la vision d’un monde meilleur et plus sûr. Elles visent à motiver l’opinion publique et à avoir un impact positif sur les responsables politiques et les décideurs. Le rapport contient enfin une analyse précise des risques pour la sécurité commune aujourd’hui et une série d’annexes indiquant des documents qui font référence sur les questions de sécurité.
Il s’agit d’un document essentiel, à lire et à populariser, il constitue une source inestimable pour les militants de la paix. Il est accessible sur le site du Mouvement de la Paix et du BIP.
Alain Rouy
Sur le site du Mouvement de la Paix : Rapport Sécurité Commune 2022
Sur le site du BIP : Common-Security-Report-2022-FR-Rapport-Securite-Commune-2022_.pdf (ipb.org)