Hommage au combattant pacifiste Jacques Le Dauphin


À l’enterrement devant près de 100 personnes, Catherine Margaté, ancienne maire de Malakoff, Daniel Durand, ancien secrétaire national du Mouvement de la paix, son fils Serge, Annie, une camarade communiste de sa ville de Chatillon, ont rendu hommage à Jacques Le Dauphin. Nombreux étaient les amis de Jacques : d’anciens secrétaires nationaux (Lysiane Alezard, Daniel Cirera, Daniel Durand), des dirigeants actuels Michel Thouzeau, Yves-Jean Gallas), le président de l’IDRP, Bernard Hugo, ancien sénateur-maire de Trappes.

Jacques Le Dauphin est né en 1933.  Jeune signataire de l’Appel de Stokholm à 15 ans, il milite essentiellement au parti communiste dans lequel il accède à de nombreuses responsabilités à Paris et participe à la direction de l’École centrale du PCF. Élu au Conseil national du Mouvement de la paix au congrès d’Issy-les-Moulineaux en 1962, il devient en 1965, secrét aire départemental des Hauts-de-Seine du Mouvement de la paix et membre du bureau national. En 1974, il est élu maire de la ville de Châtillon, conseiller général et régional et accède à la responsabilité de secrétaire national de l’ANECR (Association nationale des Élus Communistes et Républicains). Battu aux élections municipales de 1983,  il est sollicité pour reprendre des responsabilités au Mouvement de la paix et est élu en novembre 1983 au Secrétariat national, dans lequel il siège jusqu’en 1994.

Il joua alors un rôle essentiel aux côtés de Daniel Cirera qui le rejoint au secrétariat national, pour reconstruire, revitaliser le Mouvement de la paix. Dans une période où le débat est vif dans le mouvement pacifiste, après la création de l’Appel des 100, parce que la situation en Europe est menaçante avec la guerre froide qui se durcit, avec la présence des euromissiles, des Pershing et des SS20, Jacques, au sein d’un secrétariat très pluraliste, avec Guy Pin et Renée Aillaud (qui sont avec nous auourd’hui par la pensée), avec le pasteur Claude Lignières et le père dominicain François Biot, grâce au rayonnement et à l’estime qu’il possède, après avoir été pendant plusieurs années secrétaire national de l’ANECR, Association nationale des élus communistes et républicains, travailla à organiser des actions de terrain concrètes contre le péril des armes nucléaires, et d’abord des euromissiles.

Il fut aussi un des animateurs du CNID (Comité National pour l’Indépendance et le Développement), avec Yves Grenet et Me Maurice Buttin. Celui-ci a organisé de nombreux séminaires et qui éditait avec de faibles moyens la revue “Indépendance et Développement”, consacrée à un Nouvel ordre économique international.

Jacques Le Dauphin fut une des chevilles ouvrières en 1989 de la première grande manifestation au plateau d’Albion contre les missiles nucléaires, puis l’année suivante, du rassemblement à Suippes contre les euromissiles.

Il organisa le déménagement du siège du Mouvement de la paix de la rue de Clichy à Paris au bd Victor-Hugo, à Saint-Ouen.

Attaché à la réflexion théorique, passion qui lui venait sans doute des dix années qu’il avait passées de 1964 à 1974, à diriger l’école centrale des cadres du PCF, il créa les « Cahiers » du Mouvement de la paix, joue un rôle actif dans la création de l’IDRP (Institut de Documentation et de Recherches sur la Paix) et dans le dépôt des archives du Conseil national du Mouvement de la paix aux Archives départementales de Bobigny (93).

Pendant les vingt dernières années de sa vie, il a fait des “Cahiers de l’IDRP”, un lieu recherché de réflexions internationales, en sollicitant des collaborations très diverses. Lui-même était devenu notamment un spécialiste incontesté de l’OTAN et de la sécurité en Europe. Il collaborait aussi très activement à la revue « Recherches internationales », animée par Michel Rogalski, dont il venait de coordonner le dernier dossier sur l’Europe.

Jacques Le Dauphin laisse le souvenir à ses amis et camarades d’un compagnon chaleureux, à la courtoisie remarquable. Militant d’une grande lucidité, liée à une modestie exemplaire, il fut un homme d’une grande fidélité à ses engagements de jeunesse. En même temps, il faisait preuve d’une capacité d’ouverture qui lui valait le respect d’un large cercle de correspondants et spécialistes des relations internationales.

Il est décédé le 2 mai 2017.


Article dans l’Humanité du 5 mai 2017

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