Rwanda : un premier pas vers la vérité qui doit déboucher sur un changement profond des politiques africaines de la France

Le président de la République, en se rendant au Rwanda, a fait un premier pas dans la reconnaissance des responsabilités de la France dans le génocide des Tutsis en 1994.

Ce génocide – qui a entraîné la mort d’environ 1 million de Tutsis mais aussi d’Hutus engagés contre le régime génocidaire – appelle à une interrogation renouvelée. Comment un tel déni d’humanité est-il possible ?

Si une part importante des causes sont à trouver dans l’histoire du Rwanda, un certain nombre de phrases du discours du Président Macron esquissent la reconnaissance d’une responsabilité de la France.

Après avoir indiqué que « […] seul celui qui a traversé la nuit peut la raconter, et que « ceux qui peuvent raconter cette tragédie, ce sont ceux dont nous n’avons pas écouté la souffrance ni avant, ni pendant, ni même après et c’est peut-être là le pire » il souligne avec justesse qu’« […] un génocide vient de loin, il se prépare, il prend possession des esprits méthodiquement pour abolir l’humanité de l’autre.… Il prend sa source dans des stratégies de domination érigées en vérités scientifiques ». Il reconnait qu’« […] en s’engageant en 1990, la France n’a pas écouté ceux qui la mettaient en garde. Nous sommes restés de fait aux côtés d’un régime génocidaire ». Un premier pas dans le sens d’une exigence de vérité a été posé. Mais le temps de la révision des politiques internationales de la France qui ont pu conduire à de tels errements doit aussi venir. Ainsi, si le président de la République reconnaît que le génocide prend sa source dans des stratégies de domination, cette lucidité doit le conduire à remettre fondamentalement en cause la politique de la France en Afrique.

Cette politique est essentiellement néocoloniale et a en plus une dimension militaire, avec la présence de troupes françaises engagées auprès des pouvoirs africains pour la défense d’intérêts, qui ne sont ni ceux des peuples africains ni ceux du peuple français.

Cette situation doit cesser pour faire place à de nouvelles relations basées sur des coopérations mutuellement avantageuses pour les peuples et contribuer à la mise en œuvre des Objectifs de Développement Durable (ODD). Cela signifie à terme, le retrait des troupes françaises d’Afrique.

A Paris, le mercredi 9 juin 2021
Le Mouvement de la Paix

 

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