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Le Bureau national du Mouvement de la Paix réuni le 16 février 2008 s’interroge sur les intentions réelles du président de la République, Nicolas Sarkozy, lorsqu’il demande au ministre de l’Education nationale de « confier » à tous les élèves de CM2 « la mémoire d’un des 11 000 enfants français victimes de la Shoah. »
Si cette intervention présidentielle semble s’inscrire dans le « devoir de mémoire », la méthode proposée apparaît éminemment contestable pour des raisons essentielles :
Cette proposition est formulée de façon impromptue, sans aucune concertation préalable, ni avec les acteurs concernés (équipes pédagogiques, parents d’élèves, associations d’anciens déportés, de résistants et combattants et de leurs familles), ni avec la représentation nationale, ni avec les historiens et les psychologues de l’enfant.
Au plan pédagogique, elle tend à instrumentaliser les professeurs des écoles, alors qu’ils assument déjà leurs responsabilités pédagogiques pour le devoir et le travail de mémoire, en particulier concernant la Déportation et la Shoah. Elle risque d’entraîner une charge affective écrasante sur des enfants de 10 ans à l’égard d’un autre enfant tué, dont le souvenir lui aura été « attribué » par les adultes. Une culpabilité inappropriée peut en résulter allant à l’encontre des objectifs prétendus.
Le devoir et le travail de mémoire contiennent une exigence de justice à l’égard de toutes les populations qui ont subi les massacres nazis. Il s’agit de sensibiliser la conscience des enfants à la compréhension de l’histoire et de travailler au « plus jamais ça », avec une conception positive de la culture de paix, porteuse d’espoir. Pour être efficace, une telle démarche ne saurait être sélective et doit aborder l’histoire de toutes les populations spoliées et victimes des guerres, des conquêtes, des déplacements et des répressions, de la colonisation et de l’esclavage. La mémoire des enfants victimes mérite bien mieux qu’une opération pour le moins douteuse.
Le Mouvement de la Paix réitère sa demande au gouvernement d’introduire l’éducation à la culture de la paix et de la non-violence dans le système éducatif avec des moyens appropriés.
Déclaration du Mouvement de la Paix
Saint-Ouen, le 20 février 2008


