Revenir au calme par le respect, la dignité et le dialogue. Travailler au développement humain et non à la répression !

 

 

Revenir au calme par le respect, la dignité et le dialogue. Travailler au développement humain et non à la répression !

 

 

 

 

 

Lettre ouverte au Président de la République,

Les violences commises ces derniers temps un peu partout en France, non sans lien avec les provocations du Ministre de l’Intérieur, suscitent inquiétude et indignation. Mouvement de paix, mouvement pour une culture de la paix, nous partageons cette émotion et ne pouvons accepter cette violence. Elle se justifie d’autant moins qu’elle est souvent dirigée contre des personnes elles-mêmes en grande difficulté ou contre des équipements sociaux où des hommes et des femmes travaillent avec beaucoup d’énergie dans les secteurs de l’éducation, de la prévention, de l’emploi, du transport, éléments fondamentaux du développement et du lien social.

Ces événements montrent à l’évidence que la répression, seule solution proposée par le Ministre de l’Intérieur est en échec. Ils illustrent l’échec de notre société à accomplir les missions républicaines d’égalité, de liberté et de fraternité. Ils confirment que le mépris, l’arbitraire et l’injustice ne construisent une politique, mais dressent des impasses où s’engouffre la violence. Les mesures proposées par M. Villepin du couvre-feu à l’apprentissage à 14 ans ne répondent pas à l’ampleur des problèmes que vivent nos jeunes.

L’insécurité sociale croissante, au cœur d’une société qui survalorise l’argent, a produit ces situations d’apartheid social. Plus de 10 millions de pauvres, des quartiers où le chômage touche toutes les familles et plus de 30% des jeunes, des écoles surchargées, des logements déficients : le désespoir est fort, mais la solidarité s’y construit aussi comme un véritable antidote. Associations, élus, travailleurs sociaux, services publics, habitants et commerçants, y tissent chaque jour, d’autant mieux qu’ils y vivent, ce lien social sans lequel la violence règnerait en maître.

C’est cette construction qu’il faut renforcer en donnant de vrais moyens aux quartiers et à leurs habitants. C’est à un véritable projet de développement humain qu’il faut travailler, permettant l’accès pour tous à l’emploi et à la formation, à la culture, au logement, à la santé, l’accès à la citoyenneté et au droit de vote pour les résidents étrangers. Il faut chasser sans merci le démon du racisme et des discriminations.

Cultiver la paix dans nos villes et nos quartiers, c’est multiplier les lieux de dialogue, de convivialité et de citoyenneté avec l’ensemble des acteurs, nouer un véritable échange où domine enfin le respect, la dignité, la justice et le droit pour tous.

Les choix budgétaires pour 2006 qui sont débattus en ce moment vont hélas dans la direction opposée : réduire les services publics, étrangler les budgets des collectivités. Les associations d’éducation populaire assurant des responsabilités importantes dans le domaine de l’insertion, des loisirs, de la culture, connaissent une baisse de leurs subventions risquant de mettre en péril leurs missions. Dans le même temps, il est proposé d’augmenter de 3,4% le budget de la Défense, avec 47,8 milliards d’euros, dont la moitié pour construire de nouvelles armes, y compris nucléaires, tandis qu’on consacre seulement 7 milliards à la Ville et au Logement.

Comment accepter qu’à la demande de dialogue, il soit répondu « nouveau missile » ?

Construire la paix est bien plus difficile que faire la guerre, mais c’est le seul choix acceptable, humainement, socialement, économiquement. La paix n’est pas l’absence de conflits, ni à l’opposé l’incapacité de faire la guerre. Elle implique de renoncer volontairement à utiliser la force armée, parce que d’autres solutions sont plus efficaces et plus durables. L’imagination semble manquer aux (ir)responsables politiques qui jouent le jeu dangereux de l’anathème et de la division.

A quelques jours de son Congrès national, le Mouvement de la Paix, qui s’est engagé à « cultiver la paix du quartier à la planète » appelle le Président de la République à convoquer une Conférence nationale, avec tous les acteurs concernés, pour mettre en œuvre partout et pour tous les valeurs républicaines d’égalité, de liberté et de fraternité.

Saint-Ouen, le 8 novembre 2005

 

 

 

 

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