Après la délégation de 2002, ce sont six personnes du Mouvement de la Paix qui se sont rendus en Israël et en Palestine en février 2005. La délégation a rencontré pendant 8 jours les ong, associations et civils qui agissent pour la paix dans les deux sociétés. Les délégués reviennent ici sur les rencontres qui ont marqué leur séjour et nous livrent du même coup leurs impressions.
Rencontre avec Mordechai Vanunu
Un moment fort
Morechaï Vanunu vit protégé dans le sanctuaire inviolable de l’église anglicane cathédrale Saint Georges. Interdit de communication avec toutes personnes étrangères, il parle librement. Il rappelle que le laboratoire d’expérimentation nucléaire où il travaillait en Israël était équipé par la France, dans le plus grand secret. Il ne regrette rien des actes qu’il a posés dénoncer la mise au point de la bombe atomique israélienne. Si aujourd’hui, après 18 ans de prison, il n’a pas d’activité professionnelle, il est un homme libre : il refuse de mettre ses connaissances au service de la destruction de l’homme. Reliant les différentes questions, il affirme que la paix au Proche-Orient ne peut avoir lieu tant que Israël ne ratifiera pas le TNP et souligne que les pays arabes l’ont fait. Assigné à résidence, il nous demande d’agir pour lui permettre de venir à la conférence de l’ONU sur le désarmement en mai 2005, et à Hiroshima. Oui, lutter pour une paix juste et durable au Moyen-Orient passe aussi par l’élimination des armes de destruction massive.
Pierre Flament
14 février : rencontre avec MICHEL, commerçant dans la vielle ville de Jérusalem
Palestinien d’origine arménienne, il explique les difficultés d’exercice du droit de vote pour les Palestiniens lors des dernières élections. A Jérusalem Est, les élections étaient organisées par les autorités israéliennes. Les listes d’émargement du bureau de la porte de Jaffa ne correspondaient pas à la liste des électeurs. Michel a alerté sur cette anomalie et l’a faite constater par le Président Jimmy Carter présent à ce bureau comme observateur. Enfin, tous les gens présents ont été inscrits manuellement et ont pu enfin voter. Pour lui, l’espoir est toujours là et de toutes façons : « les deux peuples devront un jour vivre ensemble dans le respect, il faut de l’espoir et de la patience. »
Roland Nivet
La vie quotidienne
Je ne m’étais jamais rendue dans « ces deux pays ». Lors des différents entretiens que nous avons eu, la situation m’a parue bien plus complexe que je ne l’avais imaginé en France ! En Palestine, la première préoccupation de la population est la vie quotidienne : vivre travailler et circuler librement. Les points de contrôle à l’entrée des villes arabes comme Ramallah m’ont semblé humainement difficilement supportables. Depuis l’élection de Mahmoud Abbas, ils seraient moins contraignants. Mais la situation reste très fragile : le jour de notre départ de Ramallah, le Check-point était fermé pour, d’après les informations israéliennes, empêcher les colons extrémistes de pénétrer dans les villes arabes pour créer des désordres.
Clotilde Baudoult
Le Mur
A Bethléem, j’ai pu voir les conséquences qu’avait la construction du mur : les habitants sont prisonniers de leur propre ville. Dans cette ville, l’un des plus importants lieux saints du judaïsme : le tombeau de Rachel est devenu un bunker… Lors de notre entretien avec Yasser Abed RABBO nous lui avons demandé sa position à propos du « mur » : il est contre le mur sur le principe même. D’après lui, si Israël veut un mur de séparation qu’elle le fasse mais sur la ligne verte. Il m’a semblé que le principal problème n’était pas le mur en lui-même mais le lieu où il se trouve ; Israël, en tant qu’état indépendant, a le droit de construire un mur pour se protéger mais celui-ci ne doit pas empiéter sur le futur Etat palestinien.
Clotilde Baudoult
Rencontre avec DAN BITAN de SHALOM ARSHAV à JERUSALEM
Pour Dan Bitan de Shalom Arshav (La Paix Maintenant) la situation actuelle avec la stratégie de paix de Abou Mazen permet moins d excuses de la part d’Israël pour ne rien faire. En fait, pour lui, Israël est à un carrefour de son histoire.
Des idées comme « 2 peuples, 2 Etats », qui étaient des slogans d’extrême gauche, sont en train de devenir des principes quasiment acquis pour la société israélienne, même si en Israël on ne sait pas vraiment encore quel Etat est envisagé par Sharon pour la Palestine.
C’est dans ce contexte que se prépare le retrait de gaza, mais la grande question, c’est la Cisjordanie. La droite a peur de perdre la Cisjordanie et Jérusalem.
On ne connaît pas vraiment le projet et les arrières pensées de Sharon.
Pour Shalom Arshav, la priorité des priorités, c’est la fin de l’occupation et l’évacuation des colonies. C’est pourquoi la prochaine manifestation est prévue sur le terme « Evacuer les colonies, c’est choisir la vie ». Cette manifestation est reportée au 25 mars pour mieux la préparer.


