Planète Paix n°501 – Dossier : Israël-palestine : conforter le fragile espoir

 

 

 

 

Dossier

 

 

 

 

 

 

 

Israël-Palestine : conforter le fragile espoir

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Roland Claverie, responsable de la commission Proche-Orient du Mouvement de la Paix, a conduit avec Roland Nivet une délégation en Israël et en Palestine du 11 au 19 février 2005. Une vingtaine de rencontres ont permis d’évaluer les évolutions et d’apporter la solidarité du Mouvement de la paix aux acteurs de la paix.

Un espoir nouveau s’est levé grâce à la volonté de paix et de non-violence portées par Mahmoud ABBAS et soutenues par le peuple palestinien. Espoir aussi pour ces Israéliens aux yeux desquels M. Sharon n’a plus de prétexte pour refuser de négocier et soulagement, devant l’accalmie que permet le cessez-le-feu, fut-il provisoire.

Espoir encore dans une recomposition politique en Palestine, ouvrant des perspectives plus démocratiques, mais aussi fragilité : check-points, contrôles et difficultés de déplacement demeurent, dans une situation sociale gravement dégradée avec près de 70 % de chômeurs.

Des interrogations demeurent : « Que veut Sharon après l’évacuation de la bande de Gaza : diversion ou première étape ?…quels projets sur la Cisjordanie ? », « Jusqu’où iront les colons, opposés à l’initiative, dans le but d’empêcher l’étape suivante : la Cisjordanie, d’intérêt bien plus stratégique ? »

Sur l’armée (cf. les 10 0000 signatures refusant l’évacuation) et les risques pour la démocratie en Israël, avec de sérieuses menaces de l’extrême droite : une société « au bord de l’éclatement », avec un Parti Travailliste jouant sa crédibilité dans son soutien à Sharon.

Enfin, combien de temps M. Abbas conservera-il son autorité, sans que le quotidien n’évolue et que les Palestiniens ne voient le jour de la liberté de circulation, la libération des prisonniers, l’arrêt de la construction du mur, le gel des constructions de logements ?

Le mur : des regards pluriels !

En Palestine , ce mur, « d’annexion », « d’emprisonnement », est clairement condamné comme par Yasser Abed Rabbo, le négociateur palestinien de l’Initiative de Genève. Selon lui, la frontière de 1967, confirmée par l’Initiative, en est la négation.

En Israël, il est approuvé par la majorité de la société par peur des attentats, il est admis par Shalom Arshav, (la Paix Maintenant) mais seulement sur la « Ligne Verte », à l’exception de la section de Jérusalem qui elle, le rejette dans son principe, tout comme Gush Shalom ou Tayush,..

Des actions israélo-palestiniennes sont menées contre le mur et la démolition des maisons et des cultures par diverses ONG, y compris Shalom Arshav, les Rabbins pour les droits humains, ou le syndicat Histradut, en dépit de la diversité de leurs stratégies. Elles convergent sur des objectifs tels que le respect des droits des Palestiniens, le retrait des colonies et un Etat palestinien viable.

Genève : quel soutien des populations ?

Selon les sondages, et sans référence explicite à l’initiative de Genève, ses grands axes – frontières, réfugiés, statut de Jérusalem – emportent l’approbation majoritaire des deux côtés : 67 et 52 %.

Pour certains, l’Initiative a valeur de « signe », de témoignage du « possible », complémentaire des actions de terrain… Valeur « d’outil de travail », en vue d’un accord officiel, ultérieur, au contenu améliorable. Soutien critique pour d’autres, ou critique sans appel, dans ce contexte de grande lassitude des populations dont l’espoir de paix va de pair avec le doute : « affaire d’élite » – « absence de volonté d’y associer le peuple » – « limite de l’initiative venant de gens sans pouvoir décisionnel », et surtout, initiative ressentie comme “de nouveaux discours stériles face aux souffrances du quotidien”. L’urgence est à l’amélioration de la vie quotidienne pour rendre crédible l’espoir de paix, tant ont été suivis de souffrances et de déceptions, l’échec des négociations d’OSLO et TABA. « Pour autant », déclare Dan Bitan, responsable de Shalom Arshav à Jérusalem, «  le moment venu, Genève deviendra important. Demain, il portera des fruits : il faudra bien avancer sur des questions concrètes. »

Enfin, des appels forts pour une paix juste et urgente

Les attentes sont fortes à l’égard de l’opinion internationale et des instances européennes. Le réel espoir de paix suscité par M. Abbas et sa fermeté les appellent à s’engager résolument dans la « Feuille de Route ». Il faut hausser le ton pour que le peuple palestinien retrouve sa liberté de circuler, de travailler, de vivre dans la dignité, amplifier la pression sur la France, sur l’UE, pour le retrait des colonies, le démantèlement du Mur, la reconnaissance d’un Etat palestinien viable sur les frontières de 1967, avec une solution négociée du droit au retour des Réfugiés et Jérusalem double capitale…

Avec le collectif « 2 Peuples – 2 Etats *», poursuivons notre activité de soutien à l’Initiative de Genève sans faire l’impasse sur le contexte, intégrant les raisons des réserves des populations, appuyant le concept d’ « outil de travail », aujourd’hui perspective d’espoir d’une paix possible, et demain utile pour les négociations.

Roland Claverie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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