Irak : Arrêt des opérations militaires, Retrait des troupes, Reconstruction

Il semble que le calendrier électoral prévu par la Résolution de l’Onu sera respecté, alors que se multiplient les attentats meurtriers et les assassinats ciblés contre des personnalités du régime, mais aussi des forces démocratiques

 

Faut-il reporter ce scrutin ? Le dilemme est très délicat : d’un coté il faut renforcer la légitimité du gouvernement irakien pour lui donner les moyens politiques de son action (… et emmener le pays vers l’indépendance) pour cela les élections sont indispensables ; de l’autre, des élections mal préparées, au sein d’un processus de passation de pouvoir largement contesté, risque de donner naissance à un gouvernement encore plus affaibli, avec le danger de discréditer tout processus démocratique.

 

La responsabilité du gouvernement des Etats-Unis est très lourde.

 

La vie quotidienne des Irakiens reste toujours aussi précaire. Les Etats-Unis rejettent la responsabilité des difficultés de la reconstruction sur les problèmes de sécurité, certes, ils la compliquent sérieusement, mais les occupants n’ont rien entrepris de décisif pour permettre un retour à une vie normale.

 

D’autre part, le retard pris dans le processus de transition pour rendre le pouvoir aux autorités irakiennes est largement imputable aux forces d’occupation, ce qui fragilise encore plus l’autorité du gouvernement provisoire.

 

Dans ces conditions le mécontentement ne peut que grandir, renforçant encore l’hostilité à l’égard des occupants, accusés de chercher à prolonger indéfiniment l’occupation. L’opposition armée, ne peut que tirer profit de cet enlisement et continuer à bénéficier d’un soutien au moins passif d’une partie de la population.

 

Souveraineté immédiate !

 

Le retour à une vraie souveraineté, concrète, vérifiable semble la clé du déblocage d’une situation qui dégénère. Les divisions se creusent au sein de la population, qui est la première victime des opérations militaires des occupants et des attentats meurtriers des factions armées irakiennes. Il faut d’urgence passer résolument d’un processus militaire à un processus politique. Voici quelques pistes qui pourraient très vite changer la donne et ouvrir sur un processus politique :

-L’annonce de l’arrêt immédiat des opérations militaires US.

Une telle initiative doit être prise à quelques jours des élections, pour donner un signe concret et immédiatement visible du respect du processus électoral et de la souveraineté : les soldats consignés dans leurs casernes, l’arrêt du ballet aérien, la fin des patrouilles et des check-points, pour rendre la rue aux Irakiens..

– L’annonce d’une date de retrait des troupes :

Quel coup de tonnerre, à l’heure où la rue irakienne se persuade d’une occupation illimitée !

L’annonce d’une date de retrait des troupes assortie d’un calendrier donnerait enfin sa légitimité aux « processus de souveraineté ». Cela offrirait un véritable cadre d’action à l’année qui vient et au futur gouvernement : un délai pour désarmer, dégager un processus constitutionnel et démocratique et reconstruire.

En effet, il s’agirait alors d’envisager le moyen terme : la participation internationale à la reconstruction du pays, dans un cadre souverain avec l’Onu comme interlocuteur.

– Le renforcement de la société civile

 

Les amis des Etats-Unis ne représentent pas à eux seuls la diversité de la société civile, loin s’en faut, et l’opposition démocratique est aujourd’hui prise en tenaille entre les factions islamistes ou nationalistes et les suppôts des Etats-Unis. Or, la participation des Irakiens à la reconstruction et au processus démocratique est indispensable. Pour cela, ils doivent en être les acteurs. Des moyens financiers et politiques doivent être attribués à cette société civile en plein essor, c’est elle qui assoira la démocratie et construira l’Irak de demain.

 

La France pourrait, de concert avec l’Union Européenne, pousser vers ces objectifs. Devant l’Irak ensanglanté, meurtri, une attitude attentiste ne serait pas responsable, l’introduction d’une pression internationale en faveur d’un véritable processus de souveraineté est absolument urgente et nécessaire.

 

Saint-Ouen, le 24 janvier 2005

 

 

Télécharger le communiqué

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Facebooktwittermail

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.