Le Mouvement de la Paix et le Mouvement Paix et Développement en Algérie partenaires de la FNAC et du Ministère de l’Education Nationale pour le volet international de cette initiative
« La lecture et le livre au cur de la culture de la Paix »
Qu’est ce que le prix Goncourt des lycéens ?
Conçu et organisé par la FNAC et Le Ministère de la Jeunesse, de l’Education Nationale et de la Recherche, le Prix Goncourt des lycéens veut inciter les jeunes à la lecture et à la découverte de la littérature contemporaine.
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Son principe : durant deux mois, des lycéens participant à l’opération lisent et commentent une dizaine de romans. Après de nombreux débats, au sein de leur classe, dans les FNAC et lors de rencontres régionales, leurs représentants élus se réunissent à Rennes à la brasserie La Chope pour choisir leur prix Goncourt.
Depuis 1997, le Mouvement de la Paix a développé des relations privilégiées avec le mouvement associatif et culturel algérien et plus particulièrement le Mouvement algérien Paix et Développement. Les deux mouvements qui placent la culture et le livre au cur de leurs activités ont décidé d’assurer en partenariat la création en Algérie de centres locaux de documentation (CELODOC) qui seront autant de lieux de lecture, d’échanges et de rencontres autour de livres.
C’est dans cette dynamique que, tout naturellement, les deux Mouvements ont décidé de répondre favorablement à la proposition de la FNAC formulée auprès du comité de Rennes du Mouvement de la Paix d’associer de jeunes algériens à la 16ème édition du Goncourt 2003 des lycéens à travers la participation de 3 lycées d’Algérie ( Constantine, Tizi Ouzou, Alger).
Outre la promotion de la lecture, cette initiative visant à renforcer la Culture de la Paix par l’éducation a été un moment important pour favoriser l’amitié entre les peuples et la compréhension mutuelle. L’accueil des jeunes algériens dans des familles françaises mais aussi dans des lycées français ou des maisons de quartiers à l’initiative des comités du Mouvement de la Paix de Rennes et Lamballe, a été pour tous un moyen de favoriser la connaissance de l’autre.
A travers les émotions dont sont porteurs ces livres, les jeunes français et algériens ont pu mieux mesurer à quel point au-delà des diversités culturelles et des distances, nous partageons les mêmes valeurs qui fondent notre humanité commune.
Roland Nivet. |
Interview d’Edmonde CHARLES-ROUX, Présidente de l’Académie Goncourt. |
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Un énorme appétit de savoir, c’est peut-être ce qu’il y a de plus important. Une envie dévorante de connaissance mais aussi une énorme angoisse intérieure qui, moi, m’a complètement bouleversée. De plus, une très grande peur de l’intégrisme que m’a exprimée un jeune de 15 16 ans en me disant « l’intégrisme est à nos portes » .
J’ai alors ressenti un terrible malaise car je me suis sentie terriblement démunie par rapport aux demandes exprimées par les jeunes.
Avez-vous été surprise par les goûts littéraires de ces jeunes ?
Oui. Pourtant j’aurais dû m’attendre à ce qu’ils soient… des gosses avec une culture littéraire limitée car ils manquent de livres et sont dans l’impossibilité de les acheter, parce qu’ils sont beaucoup trop chers. Ils ont un grand appétit de savoir, de connaître, de lire, qui n’est pas complètement assouvi. Donc ils sont cantonnés, si je puis dire, dans le super classique du cursus littéraire français, sans beaucoup d’ouverture sur les oeuvres contemporaines. Par contre, ils ont une lecture des écrivains classiques (Flaubert, Zola, Stendhal) beaucoup plus approfondie que celle des lycéens français et qui m’a très positivement surprise. Cela m’a conduit à m’interroger sur la politique de la France en ce domaine. Est-elle assez ambitieuse ? Aide-t-on assez les systèmes basés sur le volontariat, le bénévolat ?
Que vous inspire le fait que deux mouvements, l’un français, l’autre algérien, qui se réclament du pacifisme, aient été partenaires de cette initiative, avec une volonté commune de développer une culture de paix ?
Ecoutez, l’idée est extrêmement heureuse ! S’il y a vraiment un élément pacifiant, c’est la culture. La culture qui n’est que d’opposition, que de “non”, n’est pas une culture… Donc, il est clair que la culture est une arme, une arme entre guillemets, qui conduit à la Paix. Nous n’avons pas d’autre espoir que la Paix. Je crois que la lutte contre l’ignorance à laquelle participent les écrivains est déterminante. En effet l’ignorance est un élément de violence et de guerre invraisemblable et qui encourage les peuples à rester là-dedans. Regardons ce qui se passe entre Israël et la Palestine : “ils ne sont plus habités que par un climat et par un esprit de vengeance. Comment va t’on s’en tirer ?”. Il faudrait remettre ces enfants, ces jeunes adultes, ces jeunes adolescents, dans une atmosphère de culture qui est forcément à l’inverse de ce qu’ils sont en train de vivre.
Au-delà de ces initiatives isolées, il faudrait une véritable campagne. Il faut reprendre le texte de Victor Hugo à la tribune de l’Assemblée en 1848, sur l’ignorance. C’est un texte d’un modernisme absolument effarant. Il montre que l’ignorance est bien pire que la misère. C’est quelque chose d’effrayant qui va de pair avec l’abrutissement, les excès.
A travers cette initiative, des jeunes issus de deux pays, des deux rives de la Méditerranée, ont travaillé ensemble et noués des amitiés. N’est ce pas un petit signe d’espoir supplémentaire quand on pense à l’initiative de Genève pour la Paix entre Israël et Palestine ?
Alors là, je ne peux pas juger, je n’étais pas à Genève. Il y a bien sûr une belle initiative de Paix. Mais est-elle valable ? Car nous sommes dans un contexte avec des gens qui sont installés dans la violence et n’ont recours qu’à elle. Ils n’envisagent même plus qu’on les dérange dans cet univers de sang, d’assassinats. C’est effrayant ! Moi, je suis très pessimiste sur la question. Si les belligérants ne veulent même pas écouter les gens qui essaient, que pouvons nous attendre ? |
Ça peut créer une dynamique !
Mais comment voulez-vous que ça la crée si les armes parlent ? Il faut commencer par poser les armes pour faire la Paix !
Il y a des gens de bonne volonté en train de discuter. Ils essaient d’apporter leurs conclusions aux belligérants, qui les refusent. Et pendant ce temps-là, des gens se tuent, se massacrent, s’installent dans un climat de vengeance.
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Il faut être combatif, mais il faut voir les choses en face, et ne pas se targuer de choses qui n’existent pas ! On est en pleine guerre, et la guerre israélo-palestinienne empoisonne le monde. De plus, je pense qu’il y a un tragique manque d’hommes ayant volonté et talent. Alors, qui arrêtera la guerre ?
S’ils arrivent à créer un courant dans leurs sociétés respectives, peut être qu’il y a un espoir.
Nous avons reçu un e-mail du professeur de Constantine, qui dit : « Mon passage chez vous m’a réconforté dans mes idées et dans mes convictions, à savoir que la Paix, l’amour du prochain, la tolérance, sont des valeurs qui sont non seulement nécessaires pour l’édification d’un monde de Paix et de progrès, mais aussi permettent aux hommes et aux femmes de vivre ensemble et heureux. Nous avons réalisé un travail formidable, que ce soit à Rennes, à Lamballe ou à Paris. Continuons ensemble à semer l’espoir, à tisser des rapports de solidarité, pour vaincre la peur, le racisme et l’intolérance. »
Très beau ! C’est très réconfortant ! En tout cas, on ne l’a pas fait pour rien. Empressons-nous de dire que tous les efforts faits, on ne les fait jamais pour rien. Je ne suis pas en train de dire : “Il n’y a aucune issue, ce n’est pas la peine de continuer…” ; mais plutôt, « je ne vois pas d’issue, mais il faut continuer ! ».
Noëlla CHABREYRON, Michelle BEYET et Roland NIVET pour le Mouvement de la Paix
Combat pour la Paix remercie la FNAC et plus particulièrement Anne Guiumelli, responsable communication de la FNAC Rennes, qui nous ont aidés à rendre possible cette interview. |


