À l’occasion du PREPCOM 2017 à Vienne, la délégation du Mouvement de la Paix a pu s’entretenir avec Mme Alice Guitton, représentante permanent de la France auprès de la Conférence du désarmement, et Cheffe de la délégation française. Dans le cadre des consultations de l’ONU concernant le désarmement nucléaire, les Prepcom sont des comités préparatoires qui, d’une part vérifient l’exécution des décisions prises lors des conférences d’examen (elles se réunissent tous les cinq ans), et d’autre part, préparent la suivante (la prochaine en mai 2020).Ce Prepcom 2017 arrive quelques jours après la première étape de rédaction d’un traité d’interdiction des armes nucléaires par l’ONU à New York.
Madame Guitton a rappelé dans son intervention liminaire la politique de la France en matière de désarmement nucléaire. Rien de nouveau au regard de son la position initiale exprimée par la délégation française.
Elle a réaffirmé que la position de la France était conforme au discours tenu par François Hollande à Istres en février 2015. D’autre part, la période électorale n’apportait aucune rupture dans la stratégie française du désarmement nucléaire qui demeure accrochée aux divers traités que la France se doit de respecter. Autrement dit, la France ne participera pas à la conférence sur le traité d’interdiction (Ban Treaty) en juin à New York.
Après avoir remarqué que la confiance est un outil indispensable pour envisager le processus du désarmement nucléaire Madame Guitton a souligné la situation très alarmante de la prolifération notamment en Corée du Nord et en Chine, évoquant même le nucléaire syrien. Justifiant par cela la position française très sceptique sur le traité d’interdiction qu’elle juge dangereux présentant un obstacle au bon fonctionnement pas à pas et consensuel du TNP.
Madame Guitton a, par ailleurs, souligné l’importance de l’équilibre entre les 3 piliers du TNP. Un équilibre que le principe abolitionniste du traité d’interdiction détruirait.
Nous avons bien sur contesté l’affirmation selon laquelle la France respectait l’article VI du TNP. Devant nos remarques sur les moyens de simulation et sur les projets de modernisation de nos armes Madame l’Ambassadeur a affirmé que nos moyens de simulation étaient entièrement dédiés à la sureté de nos armes et ne participaient donc d’une quelconque prolifération. A notre grand étonnement, la modernisation de nos vecteurs M51 et autre SNLE n’était pas non plus signe de prolifération verticale au regard du TNP.
A notre questionnement sur les actions de la diplomatie française envers les pays qui représentent à ses yeux uns risque de prolifération madame Guitton a remarqué qu’il n’y avait pas de dialogue ! Il lui fut répondu que l’exemple de l’Iran montrait que la coercition n’avait eu aucun résultat alors que les négociations elles avaient abouti. Depuis 2003, la diplomatie française n’a eu aucune initiative envers la RPDC (Corée du Nord). De même madame l’Ambassadeur reconnait ne pas avoir de contact bilatéral avec la Chine.
Difficile pour nous de ne pas aborder la question de la stratégie de dissuasion qui selon Madame Guitton impose pour être crédible tous les investissements de modernisation et d’adaptation de nos armes. Notre entrevue se déroulant juste après l’intervention des hibakushas en plénière du Prepcom il nous fut facile de rétorquer que pour nous, pacifistes, les désastres d’Hiroshima et Nagasaki nous suffisaient pour mesurer l’efficacité des armes nucléaires…
Interrogée sur l’opinion publique qui, majoritairement souhaitait voir la France participer au processus d’interdiction des armes nucléaires, madame Guitton répondit que bien évidemment il en état tenu compte !
Nous avons terminé l’entretien sur la question de la ZEAN au Moyen orient. Nous fûmes surpris d’apprendre que là, pour la paix au proche orient, les élections françaises ne lui permettaient pas de répondre. Ainsi, alors que la stratégie française au sein du TNP est imperméable aux péripéties électorale, la ZEAN au MO pourtant actée depuis 1995 au sein du TNP, serait à la différence de toutes les autres une question politique. A moins qu’il ne s’agisse du Moyen Orient. Oups !
Alors que madame Guitton est le nouvel ambassadeur auprès de la conférence du désarmement, la diplomatie française, immuablement semble plus préoccupée par l’explication de la stratégie nucléaire que par la question du désarmement.
Pour la délégation du Mouvement de la Paix : Nathalie Gauchet, Gérard Halie, Alain Rouy, Michel Dolot
La déclaration de la délégation française
Intervention de la représentante française


