Session 1 : “Menace nucléaire, loi de la force et abolition des armes nucléaires “
Permettez moi, en cette ouverture de la Conférence, de vous
dire combien je suis heureuse d’être parmi vous cette
année pour le 60ème anniversaire des bombardements
atomiques à Hiroshima et Nagasaki.
Ce qui n’était qu’un projet les années
précédentes est devenu une réalité puisque
nous sommes 160 français au Japon dont 70 jeunes et au total
130 partis avec le Mouvement de la Paix coprésidé
par Pierre Villard ici présent avec Sophie Lefeez et François
Gagnaire qui coordonnent la délégation des jeunes.
Grâce à vous, chers amis pacifistes qui oeuvrez sans
relâche depuis 50 ans pour l’abolition de l’arme
nucléaire et qui nous avez beaucoup aidés pour l’accueil
de notre délégation, nous allons faire découvrir
votre pays, votre culture, les souffrances de la guerre et les conséquences
inimaginables de l’utilisation de la bombe atomique à
quelques uns de nos concitoyens. De nouvelles amitiés vont
se créer et je pense à la joie que nous avons ressentie,
mon mari et moi, en retrouvant dans les rues de New York et à
Central Park des amis de Kobé, Osaka, Nagoya, Hiroshima,
Nagasaki…participant à la grande manifestation du 1er
mai pour la paix.
Merci infiniment.
Votre délégation à New York en mai pour la
révision du Traité de Non Prolifération nucléaire
(TNP) de plus d’un millier de personnes, votre implication
dans tous les lieux de conférences et de réunions,
la présence des maires d’Hiroshima et de Nagasaki et
d’une centaine d’Hibakushas, les millions de pétitions
remises au président de la Conférence, furent impressionnants.
Nous pensons que cette mobilisation de 1700 pacifistes de nombreux
pays, de centaines d’ONG, la rencontre d’ambassadeurs
d’Etats nucléaires et non nucléaires pour leur
demander des comptes sur les actions de leurs pays (notre délégation
en rencontra une vingtaine), eût un impact indéniable
sur la Conférence de Révision. De même, la Conférence
qui se tînt à Mexico fin avril 2005 réunissant
l’ensemble des 105 pays membres des cinq grandes zones dénucléarisées
est la première du genre. Elle s’est conclue par une
déclaration et un document permettant de créer une
dynamique propre de ces pays pour aller vers un meilleur équilibre
entre les 3 piliers du TNP : désarmement, non prolifération,
utilisation civile de l’énergie nucléaire.
Bien sûr le résultat de la Conférence de Révision ne nous satisfait pas mais ces différentes actions ont permis que le TNP ne soit pas remis en cause, et que son article 6 qui contraint les Etats nucléaires à oeuvrer de bonne fois au désarmement reste la règle. Quelques avancées se sont même concrétisées sur des moyens nouveaux de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, AIEA, ainsi que sur les conditions de retrait du TNP.
Les évènements dramatiques qui se déroulent
dans le monde et la montée d’actes terroristes depuis
le 11 septembre 2001, l’arrogance des cinq membres permanents
du Conseil de Sécurité de ne pas abandonner un iota
de leur puissance nucléaire, et même de renier leurs
engagements par la recherche de nouvelles armes, d’armes miniaturisées,
de nouveaux espaces de combat nous inquiètent de plus en
plus.
Car si un pays estime que la dissuasion nucléaire est nécessaire
à sa sécurité, dans ce cas TOUS les pays devraient
avoir accès à l’arme nucléaire. Le monde
serait-il alors plus sûr ? moins dangereux ? C’est tout
le problème de la prolifération. La seule méthode
sûre pour que jamais l’arme nucléaire ne soit
utilisée, c’est de l’abolir. Cette course aux
armements doit cesser ou nous périrons tous ensemble, a dit
Kofi Annan en ouvrant la Conférence de révision.
C’est pourquoi lors de son Conseil National fin juin, notre
mouvement a décidé la poursuite des actions engagées
depuis deux ans et leur amplification grâce aux témoignages,
aux photos et films de tous nos délégués :
= Rassemblements, conférences de presse le 6 août dans
de nombreuses villes
= Diffusion plus importante de notre revue mensuelle « Planète
Paix ». Ainsi le numéro 500 de mars 2005 ayant pour
titre « Abolir l’arme nucléaire » fut envoyé
dans 6500 établissements scolaires dans le cadre de la semaine
de la Presse à l’école.
= Signature de pétitions
= Actions de vigilance sur les sites de production ou de stockage
d’armes nucléaires sur le territoire français
= Conférences, débats, expositions dont celle donnée
par le Musée de la paix d’Hiroshima
= Rencontre avec les élus dans chaque département
pour leur demander de ne pas voter le budget militaire, en particulier
les dépenses d’armement nucléaire relatives
aux nouvelles armes, dépenses qui s’élèvent
à 1,5 million d’euros (1,2 million de dollars) par
heure.
= Rencontre avec la Ministre de la Défense.
Nous devons devenir des interlocuteurs incontournables pour notre
gouvernement et rendre plus palpable à nos concitoyens le
danger de l’arme nucléaire.
Je tiens enfin à souligner l’efficacité du
travail de réseaux internationaux comme Abolition 2000. Avec
nos partenaires français nous organiserons en 2006 les troisièmes
journées du désarmement nucléaire.
Je pense aussi à la Marche Mondiale des Femmes qui est accueillie
depuis le 8 mars 2005 dans 53 pays. Marseille dans le Sud de la
France en fut le relais européen les 28 et 29 mai dernier
et les travaux de l’atelier « Paix et conflits »
sous la responsabilité du Comité de paix du département
furent très intéressants. C’est la première
fois que le désarmement nucléaire et l’abolition
de toutes ces armes qui font des victimes principalement dans la
population civile et qui continuent à en faire plusieurs
décennies après la fin des hostilités, sont
formulés aussi clairement par ce réseau féministe.
Je voudrais terminer en vous parlant de la démarche qui
fut la nôtre dans l’immense débat qui anima notre
pays sur le traité de Constitution Européenne soumis
à un référendum.
Notre mouvement avait choisi de ne pas donner de consigne de vote
tout en expliquant les aspects négatifs de ce projet sur
les questions militaires :
= Référence à l’OTAN, organisation militaire
sous l’égide des USA
= Référence à l’augmentation des dépenses
militaires pour les pays européens
= Aucune référence au commerce des armes, à
l’abolition des armes nucléaires et au respect du TNP,
et à la création d’une zone européenne
dénucléarisée
= Aucune référence à la Culture de la Paix,
à la résolution pacifique des conflits et aux valeurs
fondamentales de la Charte de l’ONU.
Comme vous le faites pour défendre et faire appliquer l’article
9 de votre Constitution, nous avons beaucoup discuté au sein
du Mouvement de la Paix, au sein des collectifs contre la guerre
crées depuis la guerre en Irak, au sein des partis politiques,
des syndicats, des associations comme ATTAC.
Le « NON » français l’a emporté
avec 56% des voix. Nous allons poursuivre le débat en montrant
qu’un monde de paix, de justice et de démocratie est
possible et que nous pouvons le construire ensemble, sans à
priori, en acceptant la façon personnelle de chacun et chacune
d’avoir décidé de son vote.
Ensemble, avec nos différences, nous pouvons changer le
monde, abolir l’arme nucléaire pour que les générations
futures ne soient plus confrontées à l’horreur
nucléaire vécue depuis 60 ans par les hibakushas et
leurs descendants.
No more Hiroshima, no more Nagasaki, no more Hibakusha.


