Intervention d’Annie FRISON au nom du Mouvement de la Paix (France) le 2 août 2005 au meeting international à Hiroshima.

 

 

 

 

130 messagers de la Paix français à Hiroshima et Nagasaki, du 1er au 12 août

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Intervention d’Annie FRISON au nom du Mouvement de la Paix (France) le 2 août 2005 au meeting international à Hiroshima.
Session 1 : “Menace nucléaire, loi de la force et abolition des armes nucléaires “


Permettez moi, en cette ouverture de la Conférence, de vous dire combien je suis heureuse d’être parmi vous cette année pour le 60ème anniversaire des bombardements atomiques à Hiroshima et Nagasaki.
Ce qui n’était qu’un projet les années précédentes est devenu une réalité puisque nous sommes 160 français au Japon dont 70 jeunes et au total 130 partis avec le Mouvement de la Paix coprésidé par Pierre Villard ici présent avec Sophie Lefeez et François Gagnaire qui coordonnent la délégation des jeunes.
Grâce à vous, chers amis pacifistes qui oeuvrez sans relâche depuis 50 ans pour l’abolition de l’arme nucléaire et qui nous avez beaucoup aidés pour l’accueil de notre délégation, nous allons faire découvrir votre pays, votre culture, les souffrances de la guerre et les conséquences inimaginables de l’utilisation de la bombe atomique à quelques uns de nos concitoyens. De nouvelles amitiés vont se créer et je pense à la joie que nous avons ressentie, mon mari et moi, en retrouvant dans les rues de New York et à Central Park des amis de Kobé, Osaka, Nagoya, Hiroshima, Nagasaki…participant à la grande manifestation du 1er mai pour la paix.
Merci infiniment.

Votre délégation à New York en mai pour la révision du Traité de Non Prolifération nucléaire (TNP) de plus d’un millier de personnes, votre implication dans tous les lieux de conférences et de réunions, la présence des maires d’Hiroshima et de Nagasaki et d’une centaine d’Hibakushas, les millions de pétitions remises au président de la Conférence, furent impressionnants.
Nous pensons que cette mobilisation de 1700 pacifistes de nombreux pays, de centaines d’ONG, la rencontre d’ambassadeurs d’Etats nucléaires et non nucléaires pour leur demander des comptes sur les actions de leurs pays (notre délégation en rencontra une vingtaine), eût un impact indéniable sur la Conférence de Révision. De même, la Conférence qui se tînt à Mexico fin avril 2005 réunissant l’ensemble des 105 pays membres des cinq grandes zones dénucléarisées est la première du genre. Elle s’est conclue par une déclaration et un document permettant de créer une dynamique propre de ces pays pour aller vers un meilleur équilibre entre les 3 piliers du TNP : désarmement, non prolifération, utilisation civile de l’énergie nucléaire.

Bien sûr le résultat de la Conférence de Révision ne nous satisfait pas mais ces différentes actions ont permis que le TNP ne soit pas remis en cause, et que son article 6 qui contraint les Etats nucléaires à oeuvrer de bonne fois au désarmement reste la règle. Quelques avancées se sont même concrétisées sur des moyens nouveaux de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, AIEA, ainsi que sur les conditions de retrait du TNP.

Les évènements dramatiques qui se déroulent dans le monde et la montée d’actes terroristes depuis le 11 septembre 2001, l’arrogance des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de ne pas abandonner un iota de leur puissance nucléaire, et même de renier leurs engagements par la recherche de nouvelles armes, d’armes miniaturisées, de nouveaux espaces de combat nous inquiètent de plus en plus.
Car si un pays estime que la dissuasion nucléaire est nécessaire à sa sécurité, dans ce cas TOUS les pays devraient avoir accès à l’arme nucléaire. Le monde serait-il alors plus sûr ? moins dangereux ? C’est tout le problème de la prolifération. La seule méthode sûre pour que jamais l’arme nucléaire ne soit utilisée, c’est de l’abolir. Cette course aux armements doit cesser ou nous périrons tous ensemble, a dit Kofi Annan en ouvrant la Conférence de révision.

C’est pourquoi lors de son Conseil National fin juin, notre mouvement a décidé la poursuite des actions engagées depuis deux ans et leur amplification grâce aux témoignages, aux photos et films de tous nos délégués :
= Rassemblements, conférences de presse le 6 août dans de nombreuses villes
= Diffusion plus importante de notre revue mensuelle « Planète Paix ». Ainsi le numéro 500 de mars 2005 ayant pour titre « Abolir l’arme nucléaire » fut envoyé dans 6500 établissements scolaires dans le cadre de la semaine de la Presse à l’école.
= Signature de pétitions
= Actions de vigilance sur les sites de production ou de stockage d’armes nucléaires sur le territoire français
= Conférences, débats, expositions dont celle donnée par le Musée de la paix d’Hiroshima
= Rencontre avec les élus dans chaque département pour leur demander de ne pas voter le budget militaire, en particulier les dépenses d’armement nucléaire relatives aux nouvelles armes, dépenses qui s’élèvent à 1,5 million d’euros (1,2 million de dollars) par heure.
= Rencontre avec la Ministre de la Défense.
Nous devons devenir des interlocuteurs incontournables pour notre gouvernement et rendre plus palpable à nos concitoyens le danger de l’arme nucléaire.

Je tiens enfin à souligner l’efficacité du travail de réseaux internationaux comme Abolition 2000. Avec nos partenaires français nous organiserons en 2006 les troisièmes journées du désarmement nucléaire.
Je pense aussi à la Marche Mondiale des Femmes qui est accueillie depuis le 8 mars 2005 dans 53 pays. Marseille dans le Sud de la France en fut le relais européen les 28 et 29 mai dernier et les travaux de l’atelier « Paix et conflits » sous la responsabilité du Comité de paix du département furent très intéressants. C’est la première fois que le désarmement nucléaire et l’abolition de toutes ces armes qui font des victimes principalement dans la population civile et qui continuent à en faire plusieurs décennies après la fin des hostilités, sont formulés aussi clairement par ce réseau féministe.

Je voudrais terminer en vous parlant de la démarche qui fut la nôtre dans l’immense débat qui anima notre pays sur le traité de Constitution Européenne soumis à un référendum.
Notre mouvement avait choisi de ne pas donner de consigne de vote tout en expliquant les aspects négatifs de ce projet sur les questions militaires :
= Référence à l’OTAN, organisation militaire sous l’égide des USA
= Référence à l’augmentation des dépenses militaires pour les pays européens
= Aucune référence au commerce des armes, à l’abolition des armes nucléaires et au respect du TNP, et à la création d’une zone européenne dénucléarisée
= Aucune référence à la Culture de la Paix, à la résolution pacifique des conflits et aux valeurs fondamentales de la Charte de l’ONU.
Comme vous le faites pour défendre et faire appliquer l’article 9 de votre Constitution, nous avons beaucoup discuté au sein du Mouvement de la Paix, au sein des collectifs contre la guerre crées depuis la guerre en Irak, au sein des partis politiques, des syndicats, des associations comme ATTAC.
Le « NON » français l’a emporté avec 56% des voix. Nous allons poursuivre le débat en montrant qu’un monde de paix, de justice et de démocratie est possible et que nous pouvons le construire ensemble, sans à priori, en acceptant la façon personnelle de chacun et chacune d’avoir décidé de son vote.

Ensemble, avec nos différences, nous pouvons changer le monde, abolir l’arme nucléaire pour que les générations futures ne soient plus confrontées à l’horreur nucléaire vécue depuis 60 ans par les hibakushas et leurs descendants.
No more Hiroshima, no more Nagasaki, no more Hibakusha.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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