carnet de bord aurelie royon

 

 

 

 

130 messagers de la Paix français à Hiroshima et Nagasaki, du 1er au 12 août

 

 

 

Carnet de bordCompte-rendu de Caroline

 

 

 

 

 

 

 

Je propose de faire un compte-rendu en 3 temps (comme au lycée: introduction, développement, conclusion!), je parlerai de “l’avant voyage”, le “pendant voyage” et le “après voyage”.

AVANT LE VOYAGE :

Tout d’abord il faut savoir qu’un voyage comme ça ne s’invente pas et demande beaucoup d’investissement avant.

J’ai commencé à entendre parler du voyage en mai 2004 lors des rencontres des comités du mouvement de la paix à la Charmille, à Bourges. A ce moment j’ai rencontré Annie Frison qui m’a parlé d’un voyage au Japon pour commémorer le soixantième anniversaire des bombardements sur Hiroshima et Nagasaki en 2005, ce n’était à l’époque qu’un projet mais qui est vite devenu réalité.

A partir de ce jour je me suis investie de plus en plus au sein du mouvement, j’ai par exemple participé au forum des associations en tenant le stand du mouvement; j’ai également continué à manifester contre les guerres….

Dès le mois de décembre 2004 Annie m’a parlé du conseil national du 22 et 23 janvier 2005 qui se tiendrait à Bobigny et dans lequel, entre autre, on parlerait du voyage au Japon, je me suis donc inscrite pour y aller.

A ce moment le projet n’était pas défini clairement, on ne savait pas exactement à quel prix s’élèverait le voyage…. Et ce fût très dur de construire un dossier solide pour des subventions n’ayant pas beaucoup d’informations.

Pendant mes vacances de février je me suis attelée à la tâche du montage de dossier de subvention, pas simple à faire du tout car ce n’était que des estimations sans confirmations (à l’époque on nous avait parlé de 2500€). J’ai donc fait un grand nombre de dossiers (Conseil régional, conseil général, mairie, banque….) que j’ai tout de suite distribués dès la rentrée.

Dans la mi-mars mon banquier m’a appelée pour me dire que mon dossier avait été refusé car dans les statuts de la banque ils ne donnaient pas d’argent pour des projets qui touchaient à la politique (en effet ce voyage était un peu engagé) mais en son titre à lui il m’a dit qu’il avait regardé mon dossier et qu’il l’avait trouvé vraiment très bien et qu’il allait m’aider (par exemple en me payant ma carte bancaire…).

Vers la fin mars Annie m’a appelée en me disant que je ne serais pas seule à partir mais que nous serions trois; intérieurement j’enrageais car dans tous mes dossiers j’avais bien dit que je serais la seule (ce qui devait être vrai) et comme ça j’aurais eu plus de chance d’avoir des subventions puisque les différentes institutions n’auraient pas eu de surprises en en voyant arriver d’autres. Là ça bloquait tous mes plans et ça continue toujours actuellement après le voyage (je reçois des coups de téléphone du conseil général régulièrement me disant qu’ils ne comprennent pas qu’ils ont plusieurs projets qui se ressemblent…).

Le comité a décidé de faire des dossiers communs pour nous 3 alors que j’en avais moi-même déposé toute seule à titre personnel, et mi-avril j’ai demandé un rendez-vous avec le conseil général pour mon dossier mais mon comité a donner le dossier pour 3 quelques jours après (en gros ce que j’ai fait ne servait à rien…).

Enfin il y a eu un gros cafouillage…

Je rappelle par la même occasion que nous étions 3 à partir et que toutes les 3 nous avions des examens (Nous étions deux à passer le bac et une la licence) et que nous avons monté les dossiers en plus de nos révisions et que ça nous a pris un grand nombre d’heures de travail (pour ma part) mais que ces heures nous auront été bénéfiques et nous auront appris à monter des dossiers…(C’est bien pour le prochain voyage, on est rôdé!).

Fin avril nous avons rencontré un homme de la DDJS (direction départementale de la jeunesse et des sports), qui nous a dit que nous pourrions avoir 800€ maximum en montant un dossier. Courant mai (en pleine période de révision) nous avons donc monté ce dossier mais lorsque je l’ai porté à la DDJS on m’en a redonné un autre à remplir! Avec Marielle on commençait à désespérer, nous n’avions pas que ça à faire, il fallait aussi penser aux examens! Finalement je me suis débrouillée pour trouver quelques heures de libres dans mon emploi du temps de révision bien chargé pour monter ce dossier.

Fin mai arrivait et nous avions 0€, nous nous sommes dit: ce n’est pas possible on ne va pas pouvoir partir. A ce moment nous avons pensé à une souscription qui a été lancée la deuxième semaine de juin par notre comité, en effet en plein examen nous avions autre chose à penser pendant 15 jours!

La fin des examens arrivait et fin juin j’ai reçu un courrier de la DDJS m’annonçant que nous avions eu 800€, on a tous été ravis, nos efforts ont fini par payer. Au même moment notre dossier passait en commission au conseil général et on nous a annoncé que nous aurions 25OO€ (je précise qu’à toutes les 3 il nous fallait 6000€ minimum).

Mais 2500+800 cela ne fait pas 6000! La souscription marchait plutôt bien puisque nous en étions aux alentours de 1200€, mais notre comité nous a dit que nous allions organiser une soirée où l’argent récolté irait pour nos voyages, ils voulaient organiser ça le 9 juillet, nous leur avons dit que c’était de la folie car les gens seraient en vacances il n’y aurait personne, de plus Marie et moi si nous avions notre bac nous ne serions pas là mais en train de choisir un appartement.

Le 4 juillet arriva et pour moi le bac était gagné, Marie avait le rattrapage. J’ai donc appelé mon comité en leur disant que je ne serais surement pas présente le 9 puisque partant faire mes études sur Toulouse je devais trouver un appartement.

Il s’est avéré que j’ai réussi à trouver mon appart très rapidement et que j’ai pu être présente le 9 par miracle (Marie n’avait pas eu son bac donc elle était également présente), mais comme je l’avais prédit il n’y avait vraiment pas grand monde à la soirée….

Le 15 juillet arrivait et nous étions à deux semaines de partir à l’autre bout du monde et nous n’avions qu’un chèque: celui de la DDJS. Le comité avait tout payé (pour Marie et Marielle mais moi mes parents avaient payé 1400€ et attendaient d’être remboursés) en faisant même des découverts.

Pour conclure sur l’avant-voyage le montage des dossiers demande vraiment beaucoup de travail, je ne ferai pas ça tous les 4 matins! Mais c’est une expérience à vivre et cela enrichit vraiment. J’ai appris qu’il ne fallait surtout pas se décourager et que de toute façon tout ce que nous avons appris avant le voyage nous servirait un jour ou l’autre (pour un montage de dossier, de CV….).

PENDANT LE VOYAGE:

Je pourrais simplement poser cette question: Qu’est-ce que ce voyage m’a apporté?

Je dirais que celui-ci m’a énormément enrichie pacifiquement, culturellement et humainement parlant.

Tout d’abord pacifiquement parlant avant ce voyage je me sentais prête à pousser les murs maintenant je pourrais déplacé des montagnes pour que la paix se fasse dans la monde.

J’ai réellement pris conscience de l’importance des bombes qu’elles soient nucléaires ou non et de leur importance dans le “malheur du monde”. J’ai vu les destructions qu’elles peuvent provoquer, c’est impressionnant.

Malgré mes photos les gens ne verront jamais ce que j’ai vu, la détresse des Hibakushas, ce “ne meurs pas papa” resteront gravés dans mon cœur à tout jamais. Tous ces témoignages de personnes dont le visage a été déformé par les brûlures, tout ces cris dans les vidéos. Je ne peux pas comprendre que l’on puisse dépenser tant de millions voir de milliards de dollars, d’euros, ou tout autre monnaie, par an pour faire des recherches sur l’armement atomique (en France par heure: 1,5 millions d’euros) alors que “la capacité en arme nucléaire en 2005 dans le monde permettrait de détruire 7 fois la terre”; pourquoi 7 fois? Une fois n’est-ce pas déjà de trop? Les hommes seraient-ils assez fous pour aller lancer des bombes atomiques sur Mars, Vénus ou Jupiter?

Les témoignages d’Hibakushas et les photos et les films m’ont drôlement fait réfléchir sur la vie. Finalement à nous seuls nous sommes très peu de choses et nous pouvons tous mourir demain si une telle bombe était à nouveau lâchée sur la terre mais avec des millions d’autres humains si nous nous rassemblons tous ensemble nous pourrons faire bouger les choses.

Actuellement le monde vit de l’individualisme (merci à mes cours d’éco) chacun s’occupe de ses petites affaires et pas des grands problèmes de société, c’est avec ce système que nous courrons à notre propre perte. Si les hommes se réunissaient et avaient de vrais projets ensemble comme l’abolition des armes, la baisse des fumées toxiques des usines par exemple, la planète aurait encore de beaux jours devant elle.

Les armes nucléaires sont une véritable catastrophe pour la planète. On parle des bombes de Hiroshima et Nagasaki qui ont fait sur le coup plus de 150000 morts et qui en font actuellement presque 4000 par an , mais on ne parle que des Hibakushas de la première génération, ceux qui ont “vu” le bombardement qui l’ont vécu mais il faut savoir que par la suite beaucoup d’enfants sont nés de ces Hibakushas, des enfants malformés, malades dès la naissance car l’effet de radiation dure des années dans le corps humain (quand on sait que le sol de Nagasaki est irradié pour 25 000 ans on peut s’imaginer les dégâts sur le corps humain!). Je ne sais pas combien d’enfants ont été touchés mais je pense que le chiffre de morts de la première, de la seconde et de la 3è génération d’Hibakushas doit bien atteindre le million. Imaginez la ville de Paris rayée de la carte à tout jamais et bien ce sont les mêmes dimensions d’Hibakushas qui sont morts qui meurent et qui mourront des effets de la bombe atomique.

On parle des Hibakushas de Hiroshima et Nagasaki mais il y en a eu d’autres qui ne sont pas reconnus se sont les Hibakushas des essais nucléaires (dans le Pacifique, la Sahara….) ces personnes là aussi ont été touchées par les radiations il ne faut pas se voiler la face mais on ne les a pas reconnus. D’ailleurs comment aurait-on pu? Les Hibakushas de Hiroshima et Nagasaki n’ont été reconnus que très tard, plus de 10 ans après la catastrophe et on leur a dit “ne sont Hibakushas que les gens qui se trouvaient à moins de 2 km de l’épicentre”; vous savez c’est comme le nuage de Tchernobyl qui s’est arrêté à la frontière Française car il avait oublié son passeport, au Japon on a dit aux Hibakushas “vous étiez situés à 1 km 990 vous êtes irradiés, vous étiez à 2km 010 vous n’êtes pas irradiés”.

C’est incroyable que l’on ait pu faire croire ce genre de chose, moi je suis outrée d’entendre ça!

Finalement après de nombreux procès les survivants ont réussi à être tous reconnus comme irradiés y compris ceux qui étaient à plus de 2 km.

Un autre problème se pose, ce sont les survivants d’autres pays, les gens qui étaient présents au moment du bombardement mais qui n’étaient pas de Hiroshima ou Nagasaki. Ces personnes ont été reconnues encore plus tard mais pour avoir le droit à des soins spécialisés elles doivent se rendre au Japon et certaines n’ont pas les moyens.

Je parle principalement des témoignages qui m’ont apporté beaucoup pacifiquement parlant mais la conférence m’a aussi énormément apporté humainement.

J’ai en effet repris “une grande bouffée d’espoir” que j’avais quasiment perdu avant de faire ce voyage, je me disais qu’il était évident qu’il faille la paix dans le monde mais que malheureusement trop peu de monde se sentait concerné par cette paix mondiale et bien j’ai vu à Hiroshima que je m’étais réellement trompée et ça m’a fait un bien fou de voir plus de 10000 personnes présentes à la conférence mondiale contre les bombes A et H et ce pas seulement le jour de l’ouverture mais tous les jours à Hiroshima ET Nagasaki; je mets le et en gros car les gens ont poursuivi la conférence. J’ai pris conscience que beaucoup plus de personnes que je ne le pensais espéraient elles aussi la paix dans le monde et l’abolition des armes nucléaires.

A la commémoration (en tout cas de ce qu’ont rapporté les journaux locaux Français de chez moi) plus de 50000 personnes étaient présentes à Hiroshima! C’est dire si l’espoir persiste et si les gens sont actifs!

Je ne sais que dire en plus car j’ai tout détaillé déjà dans mon journal de bord et mis mes impressions mais ce voyage m’a aussi apporté culturellement parlant car j’ignorais tout du Japon et j’ai découvert un pays à la pointe de la technologie mais avec un peuple qui ne se prend pas la grosse tête pour autant (pas comme nos “amis” ricains….), adorable prêt a aider à tout moment et ce malgré le barrage linguistique. En effet je m’attendais à ce que tout les japonais parlent anglais et bien là aussi je me suis trompée sur toute la ligne, très très peu parlent l’anglais contrairement aux idées reçues alors on se débrouillait comme on pouvait avec des gestes et des feuilles de papier. Mais malgré ça les japonais faisaient toujours des efforts pour nous comprendre (y compris dans les taxis…..).

Le japon est un pays avec de grands immeubles mais avec aussi beaucoup de verdure, beaucoup de petits passages très mignons très typiques….

Ce voyage m’a bouleversée sur tous les points et a complètement changé mes façons de penser. Je suis vraiment prête à bouger du monde autour de moi pour l’abolition des armes et pour la paix dans le monde et à agir vraiment activement et pas passivement en regardant des commémorations à la télé!

Après-voyage:

Je souhaite absolument témoigner pour que ceux qui n’ont pas pu voir et entendre ce que j’ai vu et entendu, l’horreur des bombes, comprennent ce qui s’est passé.

Dans un premier temps montrer les photos et expliquer à ma famille, mes amis et toutes les personnes que je connais ce que j’ai vécu.

A la rentrée je vais intervenir dans une école primaire car cette école a participé aux mains pour la paix et il faut que les enfants comprennent, ludiquement car c’est dur de faire passé ce que j’ai vu en disant les choses “crues” mais leur dire que tout ce que j’ai vécu et que les Hibakushas ont vécu il ne faut absolument pas que des personnes sur la terre revivent cela un jour.

Le 19 novembre nous allons intervenir à Bourges toutes les 3 avec Marie et Marielle dans le cadre d’une conférence “voyager autrement”.

Même si à l’heure actuelle nous n’avons pas beaucoup de réunions de programmées il faut parler de ça autour de nous c’est le plus gros travail à faire et que les gens nous ayant entendus réexpliquent à leur tour, il faut que le message que nous allons transmettre fasse le tour de la planète, et je compte bien qu’il le fasse. Cet hiver je pars au Canada, je vais tâcher là-bas aussi de témoigner, partout, où j’irai quand les gens me parleront de ce que j’ai fait pendant les vacances, partout, à travers les journaux, il faut que les gens sachent et n’oublient pas; il ne faut pas que les enfants qui vont voir le jour à partir d’aujourd’hui revoient l’horreur de Hiroshima et Nagasaki.

“IL N’Y A QU’UNE FACON DE REFAIRE LES ERREURS DU PASSE C’EST D’OUBLIER, AUSSI EN LES RACONTANT NE LES REFAISONS PAS”.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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