Compte
rendu du 2 mai : Politique nucléaire française : les fausses évidences
de la stratégie nucléaire
Par Jean-Marie Matagne, Président de l’Association
des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire (ACDN),
secondé par Pol d’Huyvetter (Abolition 2000)
Compte-rendu r éalisé par Daniel Claeysen
Faible auditoire (9 personnes dont 2 du Mvt de la Paix, 2 allemands, 2 canadiennes, 1 Etats-Unien).
Dans la brochure Combattre la prolifération, promouvoir le contrôle des armes et le désarmement, la contribution de la France , la France énumère les systèmes d’armes qu’elle a abandonnés ou les installations qu’elle a fermées et se présente comme un modèle de désarmement. Vrai ou faux ?
Toute l’intervention de J.M. Matagne repose sur l’analyse critique du discours présidentiel de J.Chirac devant l’institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale le 8 juin 2001 (discours présenté comme étant toujours d’actualité).
Les armes nucléaires, facteur de paix dans le monde ?
Premier extrait du discours de J. Chirac : « La dissuasion est d’abord un facteur important de la stabilité internationale ».
Historiquement la « dissuasion nucléaire » a eu des effets contradictoires. Les armes nucléaires, à première vue, semblent avoir évité une confrontation directe durant la guerre froide (USA/URSS). En fait, elles ont alimenté cette dernière et ont aggravé les tensions (course aux armements, guerres locales ou régionales : Indochine, Algérie, Vietnam, Afghanistan, Irak-Iran, Israël / Palestiniens,
) et elles ont provoqué de redoutables crises : guerres US en Corée, au Vietnam, Cuba 1962, Cachemire printemps 2002, Guerres du Golfe (1991 ; 2003) ; Iran ?
Les armes nucléaires sont appelées « armes de dissuasion » lorsqu’elles sont entre les mains des grandes puissances, et « armes de destruction massives » entre les mains des autres
En ne respectant pas l’article VI du TNP, les cinq puissances nucléaires justifient leur prolifération par le risque de dissémination entre les mains de terroristes. La France contribue ainsi à la prolifération nucléaire donc à la déstabilisation du monde.
Et en Europe ?
Deuxième extrait de J. Chirac : « C’est à elle que l’Europe doit d’avoir été préservée depuis plus de 50 ans des ravages qu’elle a connus au cours du XXème siècle »
Mais il y a eu des conflits en Europe : Grèce, Yougoslavie, Kosovo, Irlande du Nord,
La présence d’armes nucléaires a « gelé » pendant près d’un demi-siècle le partage de l’Europe en deux camps au détriment des Allemands : Berlin 1953, des Hongrois 1956, des Tchécoslovaques 1968. A contrario, les efforts de Gorbatchev (traité de Washington 1987) puis la fin de la guerre froide ont provoqué la chute du mur de Berlin.
Armes de dissuasion ?
Troisième extrait : « imposant la retenue, incitant à la raison, la menace nucléaire crédible commande la paix. »
A qui ? Ou la menace est crédible mais seulement entre les mains d’un forcené ou bien elle est entre les mains d’un homme (ou d’un gouvernement) raisonnable mais cesse d’être crédible (exemple : Giscard, Mitterand, Chirac : «
Cas présumé du président Chirac, chrétien et humaniste. »). Dans tous les cas la « dissuasion nucléaire » ne commande pas la paix mais la peur.
Armes de terrain ?
4 ème extrait : « Nos forces nucléaires ne sont dirigées contre aucun pays et nous avons toujours refusé que l’arme nucléaire puisse être considérée comme une arme de bataille employée dans une stratégie militaire. »
Les missiles français sont-ils programmées pour attaquer la lune ?
C’est faux : exemple les missiles Pluton sous Giscard, Hadès sous Mitterand.
De plus, la fabrication des « mini nukes » a été envisagée par Chirac depuis 1995 : Le Barp, le laser mégajoule (CF . Article du journal Libération du 27 octobre 2003 : « la petite bombe de Chirac », article contesté par le gouvernement mais les crédits de recherche pour le LMJ sont en augmentation.)
5 ème extrait : « ce que j’affirme devant vous, c’est que la France fidèle a son concept de non emploi » Ceci est en contradiction avec la « crédibilité de la dissuasion ».
6 ème extrait : «
(la France) a et conservera les moyens de maintenir la crédibilité de sa dissuasion face à toutes les nouvelles menaces
»
Comme l’a prouvé le 11/09/2001, française ou pas, la dissuasion nucléaire n’a aucune « crédibilité » face au terrorisme y compris nucléaire.
Les autres menaces ?
Exemple : de nouveaux états nucléaires.
Ou bien la France n’a pas et n’aura jamais « les moyens de maintenir la crédibilité de sa dissuasion nucléaire » face à toutes les nouvelles menaces (un mensonge) ou bien elle ne les a pas encore mais elle se prépare à les avoir (c’est la raison d’être du MLJ) renonçant à son « concept de non emploi » (deuxième mensonge).
Dans tous les cas, la France trahit sa parole en ne respectant pas l’article 6 du TNP.
Conclusion :
La France pour ou contre le désarmement ?
La France pour l’Europe mais quelle Europe ?
Le discours de Chirac et d’Alliot Marie n’est pas crédible, il est spécieux.
Dans sa résolution du 9 mars 2005, le parlement européen demande que l’Europe soit libérée de toutes armes nucléaires.
C’est le moment de montrer à quoi pourrait servir l’Europe si tant est qu’elle soit celle des peuples, ou celle de l’OTAN et d’une poignée de décideurs politiques, militaires, industriels et financiers.
Le 27 mai 2005, la conférence du TNP clôturera ses travaux et l’on saura si la France (Chirac) a soutenu ou bafoué la volonté exprimé par les députés européens.
Le 29 mai 2005, le peuple français en tiendra certainement compte.
Débat :
Les questions qu’on posait sur la liaison mini nukes et laser mégajoule ; les politiques et les militaires français entendent ils nos discours pacifistes ?
Réponse : « ils écoutent mais n’entendent pas ». Le journal Le monde n’est pas objectif sur ces thèmes. Libération est plus crédible.
Interventions de 2 membres du Mouvement de la Paix Claude Ruellan : « la paix est un sujet tabou dans les médias » et Daniel Claeysen : « sur les articles du projet de constitution ».
Intervention d’un médecin des Etats Unis pour la prévention nucléaire.
Intervention d’un professeur de Berkeley University sur l’article 6
Autre intervention aucune mention de l’argent des crédits dans les discours gouvernementaux français.


