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Si les informations publiées le 27.10 par le quotidien Libération s’avéraient exactes, le Président de la République prendrait une terrible responsabilité dans la relance de la course aux armements.
La modification de la doctrine nucléaire française qu’indique ce projet s’aligne sur les évolutions de la doctrine nucléaire américaine : il s’agit de pouvoir utiliser l’arme nucléaire contre des pays non nucléaires en première frappe et même en « prévention » ! Les recherches menées au Centre de simulation des essais nucléaires du Barp vont dans le même sens : mettre au point de nouvelles armes nucléaires y compris des armes de champ de bataille « mini-nukes » à portée restreinte.
Une telle évolution va dans le sens d’une banalisation scandaleuse de l’arme nucléaire qui ne peut qu’encourager la prolifération de toutes les armes de destruction massive.
Comment en effet convaincre de nouveaux états de ne pas se doter de programmes d’armement nucléaire ou autre quand les Cinq plus grandes puissances nucléaires du Traité de non prolifération ne tiennent pas parole ? Ce Traité les engage en effet à désarmer (Article VI) en contre partie de quoi les 185 pays signataires non nucléaires, s’engagent eux à ne pas chercher à obtenir cette arme. Quelles réactions vont avoir les « non nucléaires » si les Etats-Unis et maintenant la France envisagent de plus en plus ouvertement d’utiliser leurs armes nucléaires ? C’est très grave le TNP risque de voler en éclat, inaugurant une nouvelle ère de la course aux armements et nous voici à contre courant de l’histoire : le Tribunal international de La Haye a en effet déclaré illégale l’arme nucléaire en 1998.
Nous le disons clairement, ce sont les puissances nucléaires qui détiennent entre leurs mains la clef de la désescalade et d’une véritable non prolifération : la seule garantie contre les armes de destruction massive est leur abolition et les inspections ont démontré leur efficacité pour aboutir à une véritable transparence dans le désarmement.
Les opinions publiques qui se sont très fortement mobilisées contre la guerre en Irak l’étaient également pour refuser la guerre comme moyen préventif de désarmement. Ces opinions n’accepteront pas que les armes nucléaires deviennent de banales armes de champs de bataille. Ce serait la fin de l’Humanité.
En voulant singer George Bush, Jacques Chirac se trompe lourdement et trompe les Français : plus d’armes nucléaires c’est plus d’insécurité et d’injustice dans les relations internationales.
Au contraire, la France a tout à gagner à prendre des initiatives de désarmement en renonçant d’ores et déjà aux nouveaux programmes d’armement contenus dans la loi de programme militaire 2003-2008 et financé par les différents budgets militaires en constantes augmentations (+10%) soit 17 milliards d’euros.
En lançant un appel aux parlementaires pour la réduction du budget militaire dès 2004, le Mouvement de la Paix entend alerter les représentants des citoyens en leur demandant d’assumer leur responsabilité.
Ces sujets sont trop graves pour rester confinés dans le secret des couloirs présidentiels. Un large débat public doit avoir lieu sans tarder.
Les organisations françaises du réseau Abolition 2000 qui ont organisé ce week-end les 2èmes Journées du Désarmement Nucléaire à Vénissieux (Rhône ) sont déterminées à ce que ces choix soient faits dans la transparence et la démocratie. Elles s’engagent dans une grande campagne de débats, d’informations et d’actions que les informations publiées le 27.10 rendent encore plus urgentes.
Le Mouvement de la Paix demande au Président de la République d’annoncer dans les plus brefs délais de réelles initiatives de désarmement nucléaire et d’engager en France le grand débat public nécessaire sur les moyens de la sécurité aujourd’hui.
L’avenir de notre civilisation est en jeu.
Le 28 octobre 2003
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