Le 29 septembre, l’Algérie devait se prononcer par référendum sur un projet de “paix et réconciliation”. Pour Chérifa Khédar, présidente de l’Association Djazaïrouna (Association des victimes du terrorisme) « éviter les procès revient à éviter de reconnaître qui est le bourreau et qui est la victime”.
Le 24 juin 1996, un groupe de terroristes cagoulés est entré dans la maison de Chérifa, où se trouvaient sa mère, son frère et sa sur et sa petite nièce. Ils ont torturé à mort le frère de Chérifa et tiré sur tout le monde. Sa sur est morte des suites de ses blessures. Ce drame a conduit Chérifa à constituer l’Association Djazaïrouna avec d’autres victimes de cette guerre civile qui fait plus de 200 000 victimes depuis 1988.
“Lorsque le gouvernement a annoncé ce projet, nous avons demandé à participer à sa conception. Nous sommes bien évidemment d’accord pour aller vers la paix et la réconciliation, mais il faut d’abord dire la justice et commencer le travail sur la mémoire. Pour tourner cette page noire de notre histoire, il nous faut l’écrire ensemble”.
Mais la Charte pour la Paix et la Réconciliation nationale annonce une amnistie générale pour les terroristes. “Cette impunité vise à effacer de la mémoire des Algériens les crimes des terroristes islamistes. Si bien que les procès n’auront jamais lieu. Pourtant, nombre de victimes connaissent parfaitement l’identité des bourreaux, parfois au sein même de leur famille ou dans leur voisinage direct. Comment vivre avec ça, faire comme si rien ne s’était passé ?”
Djazaïrouna, considérant “qu’une paix durable ne peut être instaurée par la réhabilitation des criminels” demande la reconnaissance du statut et des droits de victimes.


