Comment ramener la paix en Europe ?


Interview publiée dans l’Humanité le 31 mars 2025

Il y a d’autres voies que la guerre face à l’accord que les présidents américain et russe négocient au détriment de l’Ukraine, et au mépris des peuples et du droit international

Un plan de paix doit être l’objectif principal, avec une conférence sur la sécurité commune et une rencontre mondiale sous l’égide de l’ONU.

Roland Nivet – Porte-parole national du Mouvement de la paix

L’agression de la Russie contre l’Ukraine a conduit à la mort de dizaines de milliers de personnes, à des destructions terribles et nous a rapprochés d’une possible utilisation des armes nucléaires. Cette guerre s’inscrit dans un moment de remise en question du droit international au bénéfice de la loi du plus fort. Cette évolution est encouragée par le complexe militaro-industriel et ses multinationales, qui possèdent les moyens médiatiques d’influence nécessaires.

Or l’UE et en France le président Macron proposent une militarisation sans précédent des États européens en allouant, comme l’exigent Trump et l’Otan, non plus 2 % mais 5 % du PIB aux dépenses militaires. À PIB constant le budget de la défense, en France, passerait alors à 140 milliards d’euros (contre moins de 50 en 2024 et moins de 33 en 2017). Pour construire une paix juste et durable en Europe, exigeons, dans le respect du droit international, une solution politique et diplomatique à cette guerre à travers un plan dont la paix doit être l’objectif principal avec comme un des moyens une économie pour la paix respectueuse de l‘article 26 de la Charte des Nations unies, qui affirme la nécessité «de favoriser l’établissement et le maintien de la paix et de la sécurité internationales en ne détournant vers les armements que le minimum des ressources humaines et économiques du monde».

Sans nier la nécessité de moyens militaires à inclure au plan de l’UE, aucune paix durable ne peut être construite, en Europe comme ailleurs, par la force et la puissance militaires en violation de l’ordre normatif international fondé sur la Charte des Nations unies et le multilatéralisme, qui impliquent le respect de la souveraineté des peuples et leur droit à l’autodétermination.

Cette paix doit s’appuyer sur la Déclaration universelle des droits de l’homme, les droits économiques et sociaux, les résolutions de l’ONU sur la culture de la paix et, enfin, sur la mise en œuvre des traités pour l’élimination des armes nucléaires (traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et traité sur l’interdiction des armes nucléaires). Résistons aux logiques de militarisation, qui veulent imposer des augmentations vertigineuses des dépenses militaires au détriment des moyens diplomatiques et des budgets sociaux.

Une sécurité humaine commune à tous les États de l’Europe géographique incluant la Russie nécessite de construire au plan européen et hors de l’Otan des mécanismes de coopération et de confiance s’appuyant sur les principes des accords d’Helsinki (signés dès 1975) en réactivant et en élargissant sur cette base l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Une conférence paneuropéenne sur la sécurité commune et une conférence mondiale pour la paix sous l’égide de l’ONU seraient de nature à consolider approche européenne et enjeux mondiaux. L’action des peuples sur le plan européen est nécessaire. C’est pourquoi le Mouvement de la paix appelle à faire de la Journée internationale du vivre ensemble en paix le 16 mai 2025 une journée de mobilisations européennes.

 

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