Interventions de Roland Nivet et Alain Rouy, co-secrétaires nationaux, le 31 octobre 2020
Cette visioconférence était organisée par le Bureau International de la Paix (IPB), Abolition 2000, l’association internationale des médecins, le réseau Inès, la Confédération Syndicale Internationale. Elle a réuni une quarantaine de militants et responsables d’organisations de paix des différents pays concernés, notamment Allemagne, Belgique, Italie, Pays-Bas, France, Royaume-Uni, USA.
Des propositions d’action pour septembre 2021 ont été soumises à tous et les contacts seront maintenus entre les différents participants pour développer l’information et intensifier la coopération entre forces de paix.
Pour le Mouvement de la Paix, Roland Nivet, Alain Rouy et Richard Sadok ont participé à la visioconférence animée par Arielle Denis (IPB).
Roland Nivet est intervenu en faisant rapidement un état de la situation en France.
En France, nous devons lutter contre un gouvernement qui s’est lancé dans des programmes de modernisation de ses armes nucléaires pour des sommes importantes en vue de remplacer l’ensemble de sa flotte de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, (missiles et bombes inclus)
Notre objectif est la ratification du TIAN par la France.
Parmi les actions récentes, le Mouvement de la Paix a organisé, seul ou avec le collectif « En marche pour la paix » (qui rassemble plus de 150 organisations dont la plupart des organisations syndicales et des organisations chrétiennes) environ 80 actions au plan national entre le 19 et le 26 septembre dans le cadre de la Journée Internationale de la Paix et de la Journée internationale pour l’élimination des armes nucléaires
Actuellement le Parlement français examine le projet de budget 2021. Nous nous sommes adressés à tous les parlementaires pour exiger l’arrêt immédiat des programmes de modernisation, le gel des programmes mais aussi le transfert des crédits qui y sont consacrés ( 7 milliards d’euros cette année) vers le budget de la santé et des hôpitaux pour faire face à la crise sanitaire mais également vers le budget de l’éducation.
Pour ce qui concerne l’opinion publique en France, elle est sur ce point en phase avec nos objectifs puisse que 76 % des Français sont favorables à ce que la France s’engage dans le processus de désarmement nucléaire et 68 % des Français sont favorables à ce que la France ratifie immédiatement le traité sur l’interdiction des armes nucléaires
Notre travail consiste en particulier à faire que les citoyens s’engagent plus massivement dans l’action concrète.
Pour ce qu’on ce qui concerne l’initiative « pour une Europe sans armes nucléaires » avec un objectif d’éliminer en premier lieu les armes nucléaires américaines stationnées sur le sol européen, nous y sommes favorables. Travailler ensemble sur des objectifs clairs au plan européen est intéressant et ne peut que nous aider dans notre travail plan national. Par contre, il sera peut-être nécessaire de travailler sur le calendrier mais également sur les modalités en particulier pour ce qui concerne l’espace européen concerné.
Dans le même temps nous pensons que l l’entrée en vigueur du Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires nécessite de renforcer l’unité d’action de tous les mouvements et réseaux qui au plan mondial travaillent pour le désarmement nucléaire, avec l’ambition de développer et mettre en place des manifestations comme celle qui a eu lieu contre la guerre en Irak qui avait permis d’avoir des manifestations dans le monde entier pendant 24 heures.
Pour revenir à l’Europe nous pensons qu’il faut aussi travailler sur les alternatives pour la sécurité en Europe et nous sommes favorables à la mise en place d’une conférence paneuropéenne pour la coopération et la sécurité collective en Europe incluant la Russie.
Enfin la question de la reconversion est importante c’est la raison pour laquelle nous avons commencé à travailler pour un séminaire sur la question de l’économie pour la paix avec les organisations syndicales
Par ailleurs nous avons commencé à travailler sur la possibilité d’une initiative citoyenne vis-à-vis de l’union européenne en faveur de l’élimination des armes nucléaires , point dévelopé plus tard par Alain Rouy
Alain Rouy est d’abord intervenu sur le mot d’ordre « pour une Europe sans armes nucléaires », ce qui implique les bombes atomiques américaines stationnées en Europe (le sujet de cette conférence), mais aussi les arsenaux nucléaires de la France, du Royaume-Uni et de la Russie. Il est important pour des raisons de crédibilité de ne pas oublier dans notre communication de parler des armes françaises, britanniques et russes, ce qui va de soi pour les pacifistes mais qui doit être rappelé vis-à-vis de l’opinion publique. Avec le même objectif de crédibilité, il y a nécessité ded davantage populariser des propositions alternatives pour un système de sécurité commune pour toute l’Europe, Russie comprise.
Pour faire avancer l’idée d’une Europe sans armes nucléaires, nous devons davantage nous appuyer sur les parlementaires européens favorables au désarmement nucléaire. Il est possible d’obtenir des prises de position, voire des résolutions du Parlement Européen sur le désarmement nucléaire. 3 Etats-membres de l’UE ont signé et ratifié le TIAN : l’Autriche, l’Irlande et Malte. Les pacifistes peuvent exercer du lobbying auprès des institutions européennes, en relation avec des parlementaires et des diplomates engagés sur les questions de désarmement. A nous de développer les contacts et de lancer des initiatives.
Il existe également une possibilité à explorer, celle d’une « initiative citoyenne européenne » telle qu’elle est prévue dans le Traité de Lisbonne. Il s’agit d’une procédure lourde (1 million de citoyens d’au moins un quart des pays de l’UE) permettant de proposer à la Commission Européenne de légiférer sur les questions relevant de sa compétence ; les questions de sécurité en font partie, on peut donc imaginer de demander à l’UE d’agir en faveur du désarmement nucléaire et de la ratification du TIAN. Au Mouvement de la Paix, l’un de nos membres, ancien général de l’armée de l’air, a commencé à travailler avec l’aide de juristes à la faisabilité d’une telle « initiative citoyenne ». Tout en sachant qu’il s’agit d’une action difficile à mener, nous pensons qu’elle peut être très mobilisatrice pour les forces de paix en Europe. Nous la soumettons donc à discussion.


